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Parlons sport, pensons business. Le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a été donné à Abidjan le 13 janvier dernier. Une édition organisée par la Côte d’Ivoire donc, et qui soulève de nombreuses questions budgétaires dans le pays.
Le stade Alassane Ouattara, les axes routiers aux abords d’Abidjan, les hôtels et lieux de résidence des joueurs… Depuis deux ans, la Côte d’Ivoire prépare tous azimuts la CAN 2024. Budget total de l’opération ? 1,5 milliard de dollars environ… De quoi se demander si l’événement sera vraiment profitable à terme.
Le tourisme comme enjeu principal
Les organisateurs attendent plus d’un million de spectateurs sur l’ensemble de la compétition, soit un sacré coup de boost pour l’attraction locale ! L’office national du tourisme ivoirien espère d’ailleurs que les visiteurs attendus prendront du temps loin des stades pour « découvrir les charmes et les attractions du pays ».
Le programme « sublime Côte d’Ivoire » initié en 2019 touche donc son apogée grâce à cette CAN avec, en filigrane, deux objectifs. Un : entrer dans le top cinq des destinations africaines. Deux : devenir leader régional dans le tourisme d’affaires. Bineta Diagne, envoyée spéciale pour RFI, rapporte d’ailleurs que tous les hôtels des villes où se jouera un match s’attendent à être complets sur la période. Une première réussite à pérenniser.
PPP et investissements étrangers
Mais pour accueillir tout ce monde, la Côte d’Ivoire a parfois usé de partenariats public-privé (les PPP) pour être prête avant la compétition. « L’acquisition d’infrastructures par la méthode traditionnelle montre tout de suite ses limites. Si l’État doit s’endetter pour réaliser tout ce qu’il y a à réaliser, il ne pourra pas le faire. Le privé a aussi des atouts », justifie Moussa Kouyaté, le président du Comité national des PPP.
Les nouveaux axes routiers comme la voie de contournement « Y4 » ou le quatrième pont d’Abidjan font d’ailleurs partie de ces chantiers public/privé. La Banque africaine de développement, l’agence japonaise pour la coopération internationale et le Fonds pour l’environnement mondial en sont les principaux investisseurs. Lors du mois de compétition, ces nouvelles routes auront pour rôle de désengorger les accès aux villes principales.
Concernant les stades « ultra-modernes » qui accueilleront les rencontres de la CAN, trois sont bâtis sous pavillon chinois. Le stade Alassane Ouattara, qui cristallise toutes les attentions, jouit d’ailleurs d’un don de la Chine à hauteur de 130 millions d’euros… Mais derrière cette générosité se cache un objectif clair pour l’empire du Milieu : se faciliter l’obtention de grands contrats en terres ivoiriennes et s’assurer d’avoir un accès privilégié à leurs ressources extractives.
Et après la CAN ?
Alors oui, le gouvernement ivoirien a mis le prix (environ 1,5 milliard de dollars pour le développement des complexes hôteliers, des stades et des routes). Oui, il a aussi abandonné une partie de sa souveraineté aux profits d’acteurs privés. Mais tout cela demeure à la faveur d’une CAN qui devrait faire du pays la vitrine de l’Afrique dans le monde.
Et à la vue des sommes avancées, cette édition n’a pas d’autre choix que d’être un succès. Les Ivoiriens feront tout pour ne pas connaître le même sort que les Camerounais, organisateurs de la CAN 2022. Avec sensiblement le même budget, le pays de Paul Biya n’avait pas réussi à pérenniser les emplois et l’intérêt touristique. Le taux d’évolution du PIB camerounais n’avait pas décollé et le taux de pauvreté ne s’était pas non plus amélioré… En bref, un échec.
Tout cela pose alors la question de la véritable profitabilité d’une telle compétition en terres ivoiriennes. L’avenir des stades semble d’ailleurs électriser une partie de la population locale. Auront-ils un futur rentable après la CAN ? Oui selon le gouvernement qui a officialisé l’arène Alassane Ouattara comme étant le nouvel antre des Éléphants. Oui aussi pour Ladji Karamoko Ouattara, chercheur en relations internationales à l’Inalco, qui estime que ces stades seront les places fortes de la culture musicale grâce aux concerts qui s’y joueront. Mais est-ce bien suffisant ?
Les prolongations…
BYD met un pied de plus en Europe • Le constructeur de voitures électriques chinoises BYD vient de devenir sponsor officiel de l’Euro 2024. Leurs concessions deviendront ainsi des points de rencontre où les clients actuels et prospects pourront profiter des matchs durant toute la compétition. La marque chinoise rejoint ainsi Adidas, Atos et Lidl, mais aussi d’autres entreprises non-européennes comme Coca-Cola et Qatar Airways à la liste des sponsors officiels de l’événement. « Nous sommes ravis d’accueillir BYD, le plus grand constructeur de voitures électriques au monde, en tant que partenaire de l’UEFA Euro 2024 », ponctue Guy-Laurent Epstein, directeur marketing de l’UEFA.
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