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« Donnez à un enfant une feuille de papier et des crayons de couleur et demandez lui de dessiner une voiture : il la dessinera certainement en rouge ». Cette célèbre citation d’Enzo Ferrari, créateur de la marque, résume l’impact de ces voitures dans le monde automobile. Si l’écurie est presque mythique, y compris en Formule 1, elle traverse pourtant une passe difficile, visible aussi bien sur les circuits que dans le business.
Seize titres de championnat constructeur, un record encore inégalé, alors que McLaren vient de remporter un 10e titre. Mais l’écurie italienne a beau être la plus titrée, elle n’a plus remporté ce championnat depuis 2008, même chose pour le dernier titre de champion du monde, remporté la dernière fois par Kimi Räikkönen en 2007. Alors si Ferrari est souvent considérée comme une religion en Italie, elle qui représenterait « la passion, la performance et l’innovation », rappelle Alfonso Fuggetta, directeur de la transformation numérique chez Ferrari, la triste réalité de sa situation actuelle pose question.
Un triste record signé par le constructeur automobile de luxe
Le 9 octobre, Ferrari a enregistré une chute de 15 % à la Bourse de Milan. Une baisse notable : non seulement la plus importante depuis l’ouverture du titre au commerce en 2015, mais en plus, un repli plus important que la chute connue lors de la pandémie covid-19 – où le titre avait perdu 10 %. Une chute brutale, mais qui aurait pu être anticipée. Et pour cause, si les investisseurs ont sanctionné Ferrari, c’est avant tout pour lui reprocher ses objectifs 2030 jugés trop prudents. En chiffres : 9 milliards d’euros de CA en 2030, à peine plus que les 7,1 milliards attendus en 2025. Mais le chiffre d’affaires légèrement en hausse par rapport aux prévisions laissait pourtant espérer de meilleurs horizons. Et si Ferrari est vivement critiquée, elle l’est également en ce qui concerne sa posture générale, jugée trop conservatrice.
Mais là n’est pas l’unique reproche, après l’annonce d’une voiture électrique, nommée Elettrica, un pas de recul a été fait, avec un plan modifié. L’annonce officielle du constructeur précise : « En 2030, la gamme de produits sera de 40 % ICE, 40 % hybride et 20 % électrique ». 20 % de moins que prévu. Et l’annonce à peine passée, le lancement étant jugé décevant – production limitée, lancement repoussé, etc. Les investisseurs ont sanctionné le célèbre constructeur en Bourse.
Un impact concret à craindre pour les pilotes ?
Ferrari adopte une stratégie tout aussi prudente sur les circuits, avec une écurie pourtant phare, qui fait peine à voir depuis le début de cette saison en Formule 1. Si le duo de pilotes talentueux – le monégasque Charles Leclerc et le britannique Lewis Hamilton, qui effectue sa première année chez les rouges – promettait une belle saison, il en résulte des courses hachées. La chute en bourse est-elle la conséquence de ces résultats décevants, ou la cause d’un déclin encore plus poussé de l’écurie ? Mais si cette chute en Bourse concerne principalement les perspectives commerciales, l’impact pour l’écurie de Formule 1 peut devenir concret – et handicapant – sur le long terme.
Peuvent être impactés : le prestige de la marque, son attractivité et ses investissements. Ferrari, pilier de ce sport automobile, n’a d’autres choix que d’être à la hauteur. Et si l’écurie va mal, elle ne recrute pas aussi bien – et risque de perdre de bons ingénieurs par exemple. Même chose pour les investissements, qui pourraient être impactés, que ce soit dans la recherche ou dans le développement des voitures. Qui plus est, les pilotes subissent une pression supplémentaire puisque l’image de marque dépend aussi d’eux, et si leurs résultats pouvaient compenser l’image d’un constructeur en chute, c’est loin d’être le cas. Les défaites répétées des pilotes risquent d’affaiblir la confiance des investisseurs et de leurs sponsors.
« J’aimerais pouvoir dire que je suis positif pour le reste de la saison »
L’année passée, Ferrari terminait la saison à la seconde place du championnat constructeur, derrière McLaren, et avec seulement 14 points de différence. Depuis, l’écurie subit. Lewis Hamilton doit encore prendre le temps de s’adapter à la voiture, et Ferrari enchaîne les performances douteuses : depuis la disqualification des deux pilotes lors du Grand Prix (GP) de Chine, jusqu’à Singapour début octobre après un accrochage dans la voie des stands – pour lequel Ferrari est sanctionné d’une amende de 10 000 euros – jusqu’à un résultat moyen – 6e et 8e places en fin de course – et une pénalité d’après course pour Hamilton pour avoir coupé plusieurs virages à cause d’un problème de freins…
« Nous n’avons pas tiré le meilleur de la voiture », admet Fred Vasseur, le directeur de l’équipe. Une constatation qui s’avère être vraie pour la quasi-totalité des courses de la saison. « J’aimerais pouvoir dire que je suis positif pour le reste de la saison, je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit dans la voiture qui me prouve que nous allons faire un pas en avant », déclare Charles Leclerc après Singapour. Si le ton de ces déclarations est plutôt défaitiste, l’explication est peut-être très simple : tout n’est qu’une question de priorité. Ferrari aurait privilégié la suspension arrière et la mise à niveau des aérodynamiques majeures, sans s’attarder sur les problèmes de l’aile avant. Si Ferrari a loupé le coche de 2025, l’écurie voit plus loin, et se prépare maintenant pour la saison prochaine.
































