Quel rebond demain pour les artisans et commerçants « du coin » ?

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Anne Baron, directrice générale de l’association Les Rebondisseurs Français.
Anne Baron, directrice générale de l’association Les Rebondisseurs Français.

Les artisans qui font la vie de nos petites communes. Une chronique signée Anne Baron, directrice générale de l’association Les Rebondisseurs Français.

Ôde à l’artisan à la retraite bien méritée

Après des décennies à faire vivre un quartier, il est temps de dire adieu au boulanger. Comme la pâte, aujourd’hui mon cœur de petite fille est brisé. Cet artisan a su façonner une âme de village à un quartier. Lorsqu’un nouveau a émergé à proximité, il a su, comme tout bon entrepreneur, saisir cette opportunité pour ouvrir une seconde boulangerie. Chef d’entreprise, il a mené à la (tendre) baguette sa famille à qui il a transmis l’amour du bon pain, mais aussi à ses salariés qu’il a formés et qui ont accueilli les clients avec le sourire pendant tant d’années.

Pas de transmission, merci l’inflation ou question de génération ?

Alors que l’heure de la retraite a sonné et que le boulanger était cuit, sa femme et ses enfants avaient repris le flambeau pour que les fourneaux continuent à tourner et à faire battre le cœur de deux quartiers. Mais aujourd’hui, celui qui m’a fait mettre la main à la pâte pour la première fois lors d’un atelier découverte en classe de primaire voit le fruit de ces décennies de travail acharné partir en fumée. Son épouse peut enfin partir à la retraite également, mais, à cause de la hausse des coûts de matières premières et de l’énergie notamment, leurs enfants rendent leur tablier. Alors que la « jeune génération » était déjà impliquée depuis des décennies, le passage de relais ne s’est pas fait. La faute à l’inflation ou à la pénibilité de ce métier qui réclame des journées, semaines, années bien chargées et qui a aujourd’hui du mal à emballer ?

Savoir faire des choix difficiles pour mieux rebondir

Pour ces deux beaux commerces croissants qui faisaient vivre ces quartiers, la note de la crise est trop salée. Celui que j’ai connu sur les bancs de l’école et qui avait à cœur de pérenniser l’entreprise familiale est dans le pétrin. Face à la crise, des décisions difficiles ont été prises. C’est une tranche de vie de ces quartiers qui s’en va… Quand il devient impossible de faire son beurre ou de gagner sa croûte, quand il devient impossible de garder une part du gâteau et que l’entrepreneur se retrouve à sec, quand il se retrouve dans la panade, il faut savoir trancher. Nul doute qu’il va rebondir, mais quelle tristesse pour moi l’enfant du pays de voir qu’après plus de 40 ans à faire vivre des quartiers, créer des liens, les commerces voient leurs rideaux tomber.

Vers un rebond de l’artisanat et des commerces ?

Ce fléau n’est pas nouveau. Des commerces ont fui les villages il y a bien longtemps, faute de clients suffisants pour gagner leur pain. Aujourd’hui ce sont ceux des quartiers qui plient boutique… Et demain ? Faudra-t-il uniquement acheter du pain dans le supermarché au loin ? Rebondir oui, jusqu’où ? Je veux croire que l’artisanat et tous ces beaux métiers commerçants qui donnent de la vie aux villes n’ont pas dit leur dernier mot, et qui sait, à de nouveaux lendemains rebondissants pour les villages aussi qui gagnent de nouveaux habitants avec l’exode citadin pour un bout de jardin…

Alors avis aux entrepreneurs en quête de sens : deux boulangeries cherchent à renaître (et bien d’autres commerces en France). Un repreneur qui n’a pas peur de mettre la main à la pâte rentrera-t-il dans le moule pour faire perdurer la tradition avec, pourquoi pas, une pincée d’innovation ?

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