BSPK : défier l’impérialisme numérique

Défier l'impérialisme numérique
Ophélie Coehlo, chercheuse indépendante, spécialiste de la géopolitique du numérique, aux côtés d'Henri Prevost, CEO de BSPK. (Crédits : BSPK).

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Ophélie Coelho sera l’invitée des 41e « Rencontres stratégiques du manager » qui se dérouleront ce 18 avril à Luxembourg, organisées par le cabinet de conseil BSPK.

« La notion de technopouvoir imposée par le numérique et cette frénésie du tout digital nous dépossède tous et de facto doit être mise en priorité à l’agenda stratégique des chefs d’entreprises ! Il en va de leur liberté fondamentale. La vie sociale est devenue au fil du temps une « Open Source ». Mais avons-nous encore la liberté de choisir qui sont nos maîtres en termes numériques ? Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme d’une situation de dépendance. » – Henri Prevost, CEO de BSPK. 

La souveraineté numérique. Tout le monde sait que c’est très important, que l’Europe devrait lutter davantage pour rattraper son colossal retard en la matière, que le sujet de la protection des données est vital pour une entreprise… Tout le monde le sait, mais comme le sujet paraît obscur et nébuleux, beaucoup de décideurs sont tentés de jouer les autruches. Notamment dans les PME, trop peu protégées.

Un constat alarmant pour notre Europe

Henri Prévost, CEO du cabinet de conseil luxembourgeois BSPK, est décidé comme à son habitude à provoquer l’électrochoc nécessaire et c’est tout l’objectif de cette rencontre. En cela, il applique à la perfection la devise de BSPK : « Ne pas subir ! Et être capable de prendre l’opinion à contre-pied ! ». Très loin de la langue de bois façon McKinsey, Henri Prevost est plutôt du genre à dire franchement les choses. Cela ne fait pas toujours plaisir, mais cela fait toujours du bien ! Une garantie pour les clients de BSPK.

Ainsi, Henri Prevost ose parler de cet « impérialisme technologique hors des frontières » qui menace l’Europe et nos libertés, allant jusqu’à évoquer la menace d’un « esclavagisme moderne ». « Nous risquons de devenir des pions en bradant nos données et en les laissant siphonner par les entreprises de la Big Tech » … Une domination qui s’exerce désormais par tous les moyens : « Data centers, applications, satellites, véhicules connectés… et câbles sous-marins, etc. ». Nul besoin de rappeler les récents déboires d’Atos, géant français des données aujourd’hui en perdition, tant et si bien que l’on évoque désormais sa possible « nationalisation ». Preuve que nous sommes loin du renversement tant annoncé par nos politiques de tous bords, qui aujourd’hui agitent leurs petits bras, appelant par exemple à la création d’un « Google européen », vingt-cinq ans après la bataille !

Ophélie Coelho dévoile le dessous des cartes

La situation, comme nous le constatons, n’est pas tout à fait rose. Henri Prevost a donc souhaité inviter Ophélie Coelho, auteure de Géopolitique du Numérique – L’impérialisme à pas de géants (éditions de l’Atelier). Cette chercheuse est membre du Conseil scientifique de l’Institut Rousseau et de l’Observatoire de l’éthique publique. Elle étudie les phénomènes de dépendance, qu’ils soient d’ordre technique, technologique ou industriel, cela avec un prisme géopolitique et en prenant en compte les « externalités négatives sur l’environnement ». Son ouvrage, novateur, offre donc une synthèse didactique de ses travaux. La thématique de la dépendance est au cœur de ses recherches, puisqu’elle identifie dans cet ouvrage les grands enjeux et risques de cette mainmise toujours plus grande des GAFAM et de la Big Tech.

Cette jeune chercheuse s’évertue également à donner des pistes pour améliorer la cybersécurité des entreprises. Ophélie Coelho critique par exemple l’argument du « champion européen du numérique » souvent donné par les hommes politiques, comme un pendant à Airbus. Un discours certes mélioratif et ambitieux, mais qui n’a jamais débouché sur aucune « finalité viable », comme le rappelle la chercheuse. Auprès de nos confrères de Techniques de l’ingénieur, Ophélie Coelho ajoute : « En réalité, en Europe et en France, il y a des start-up et des PME qui ont atteint un bon niveau de maturité, mais qui ne savent pas vendre leurs solutions ».

Éditions de l’Atelier

Une conférence des solutions

Ophélie Coelho se veut positive, rappelant que l’Europe n’est pas encore tout à fait perdue, puisque nous avons des entreprises spécialisées très dynamiques, mais en trop petit nombre. Elle rappelle également que certains acteurs, comme l’entreprise française Orange, parviennent à s’imposer, en l’occurrence dans le match des « câbles sous-marins ».

« Le numérique est une couche épaisse mais a priori invisible et insidieuse de puissance et de rivalités, entre États, mais aussi entre États et multinationales. Loin d’être un outil exclusif de dématérialisation, si on l’observe sous l’angle géopolitique, c’est bien sa grande matérialité qui interpelle, son développement territorial et les oppositions puissamment politiques qu’il entérine et renforce. Le numérique est l’outil d’affrontement des différents blocs du monde contemporain, il faut sensibiliser les PME et PMI pour ne pas qu’elles en soient les victimes malgré elles. », ajoute Henri Prevost.

BSPK résume tout l’intérêt de cette conférence : « Nous vous proposons un voyage à la fois historique et géographique, pour une levée de rideau sur un nouveau théâtre d’opérations loin de l’utopie d’un Internet sans frontières dans un monde marqué par une redistribution de plus en plus prégnante des pouvoirs entre autorités publiques et acteurs privés… » Voilà qui donne envie !

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