Réduire les inégalités liées au genre, un enjeu pour le secteur du numérique

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Frédéric Meunier

Frédéric Meunier est directeur général de l’Efrei, une grande école d’ingénieurs du numérique.

TRIBUNE. Dans le secteur du numérique, les questions liées au genre sont un sujet depuis plus de vingt ans. Historiquement, la part des femmes travaillant dans le secteur informatique atteignait 35 % dans les années 1980. On remarque ensuite une baisse de la proportion de femmes jusqu’au début des années 2000, puis ce pourcentage remonte pour atteindre 23 % en 2024. Aujourd’hui, le numérique est un secteur porteur (6 % de croissance prévus par Numeum en 2024), et qui recrute massivement sur de nombreux postes (intelligence artificielle, cybersécurité, etc.). Il y aurait ainsi, selon l’Institut Montaigne, un besoin de former 845 000 personnes d’ici à 2030 pour répondre à la demande des entreprises.

Or, le numérique façonne notre futur, et il est donc essentiel que tous et toutes participent à sa création. D’abord, car en termes purement pratiques, les filles comme les garçons ont toutes les compétences et qualités pour travailler dans le numérique. Ensuite, car la mixité favorise l’innovation et la productivité, qualités indispensables dans un secteur où les nouvelles technologies sont en constante évolution. De plus, cela permet d’éviter des biais de conception – citons par exemple le Pôle Emploi autrichien, qui à la suite de l’intégration de l’IA, a arrêté d’orienter les profils féminins vers le secteur informatique.

Des échanges avec nos étudiantes et des lycéennes nous ont permis d’identifier plusieurs leviers. En premier lieu, le rôle des parents et de l’entourage qui peuvent, volontairement ou non, transmettre dès l’enfance aux jeunes filles des clichés (matières scientifiques « réservées aux hommes », milieu informatique qui serait « geek »). Davantage de « role models » à suivre dans leur entourage leur permettrait plus facilement d’envisager une carrière dans le numérique.

Un autre levier concerne l’orientation scolaire et les spécialités. Dès le 2e semestre de seconde, les lycéens doivent sélectionner leurs spécialités – un choix qui influera fortement sur leurs futures études. Il est par exemple essentiel de garder l’option mathématiques si l’on souhaite rejoindre une école d’ingénieurs. Les conseils prodigués par les professeurs revêtent alors une grande importance, un constat confirmé par une étude récente de Gender Scan, qui affirme qu’« une étudiante sur trois en STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques, ndlr) ou en numérique ont été découragées de faire ce choix d’études par leurs proches ou leurs enseignants ».

Il y a donc un double enjeu, de montrer aux jeunes filles qu’elles ont autant leur place que les garçons dans les matières scientifiques et numériques, mais aussi de leur permettre un choix d’orientation réfléchi. A l’Efrei, nous sommes partis de ce constat pour créer l’évènement Program’Her. Nous accueillons sur nos campus, pendant plusieurs jours, des dizaines de lycéennes, dès la seconde, qui découvrent les métiers du numérique avec des entreprises partenaires (data, cybersécurité, programmation, etc.), échangent avec des professionnelles en activité, des étudiantes et alumni de l’école, des associations comme Becomtech…

Restant optimiste, je crois qu’il est tout à fait possible pour le numérique de se rapprocher de la parité, voire de l’atteindre d’ici 15 à 20 ans. Cela implique de continuer la mobilisation déjà engagée des acteurs éducatifs, des entreprises, des associations, d’intensifier les efforts pour sensibiliser au numérique dés le plus jeune âge, et finalement, de parvenir à générer une prise de conscience générale sur ces sujets. Objectif final : que les jeunes filles ne laissent pas aux seuls garçons le soin de façonner le monde de demain !

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