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« Investir ou trader sans méthode, c’est comme conduire sans voiture. On a absolument aucune chance », illustre Antoine Andreani, trader chez XTB.
90 % des traders individuels perdent de l’argent… La durée moyenne d’un compte de trading en Forex est de 45 jours. Pour éviter de contribuer à ces statistiques malheureuses, voici cinq conseils pour faire ses premiers pas financiers sereinement.
Les conseils, proférés par Antoine Andreani, s’inspirent de William Edwards Deming. Ce grand statisticien du XXe siècle synthétisait en cinq commandements la méthode pour réussir sur les marchés financiers : créer une méthode, avoir la discipline pour la tenir, gagner en expérience, être fort dans les pertes, être fort dans les gains.
1 – Savez-vous quel trader vous êtes ?
Avant même de se lancer, il faut s’interroger. Est-ce que ma personnalité est adéquate au trading ou à l’investissement ? Aurais-je le temps de m’occuper de mes placements ? Antoine Andreani illustre : « Un portefeuille, c’est comme un jardin, il faut l’entretenir pour faire fleurir ces investissements ».
Se pose aussi la question de votre profil. Êtes-vous un investisseur long terme, un swing trader ou même un day trader ? Cela définira le temps que vous passerez pour gérer vos actifs. Et le plus important : est-ce que votre situation financière vous permet de ne pas vous laisser guider par vos émotions ? Pourriez-vous dormir calmement la nuit si vous investissez dans des actifs volatiles ? Après cette mise en condition presque cathartique, vous serez fin prêt pour parler stratégie.
2 – Créer une méthode simple
« Les plus grands traders font des choses très simples », appuie notre expert. Alors ne vous compliquez pas la vie. Utilisez deux ou trois stratégies maximum et un oscillateur (points d’entrée et de sortie) pour créer votre méthode. Pas plus !
À ce stade, si vous êtes débutant, vous risquez de vous éparpiller dans l’acquisition de savoir. Les vagues d’Eliott par exemple, très plébiscitées par les « néotraders » peuvent s’avérer finalement bien trop techniques. « Il faut deux ans pour en connaître tous les rouages », estime Antoine Andreani.
D’ailleurs, lui utilise depuis huit ans les trois mêmes stratégies. Le retracement de Fibonacci, géométrie en soutien. Le tout donne une méthode très simple qui évite de se perdre dans des méandres théoriques très (ou trop) pointus.
3 – Connaître son marché, savoir dans quoi investir
« On a souvent tendance à croire que l’on doit connaître le marché de manière fondamentale pour investir. C’est partiellement vrai. En réalité, il est très technique. Cela prend plusieurs années pour vraiment l’apprivoiser », rappelle Antoine Andréani.
Ici, vous rentrez dans la phase 3 de la doctrine de W. Edwards Duming : gagner en expérience. Vous ferez des erreurs, vous ne verrez pas venir tous les coups à l’avance, mais l’on apprend quand on tombe.
Il vous faudra au minimum trois trimestres pour comprendre le marché sur lequel vous évoluez. Alors, Antoine Andreani conseille de débuter par des indices risqués « peu volatiles et avec beaucoup de volume ». Ses préconisations ? Les valeurs très connues et ultra-performantes comme Apple pour le S&P 500 ou celles de LVMH pour le CAC 40. En plus d’être excellentes pour investir à long terme, elles sont plus facilement compréhensibles que les fonds d’investissement (pour en savoir plus sur les fonds d’investissement).
4 – Gérer ses risques
« Sans gestion du risque, tout va de travers ! C’est comme cela qu’on peut perdre toute son épargne », rappelle notre trader de XTB. Le plus important demeure de savoir sur quel marché on entre, pourquoi on y entre et où l’on sortira. Quel que soit le scénario envisagé, si vous aviez prévu de sortir à un seuil précis vous devrez vous y tenir. « Si la situation est favorable, très bien. On pousse jusqu’à notre target (mot anglais pour objectif, ndlr) pour vendre. Si c’est défavorable, on se prendra un stop loss et il faudra l’accepter ».
Cette notion de stop loss (le seuil défini à l’avance en dessous duquel votre position se clôture) est ultra-importante. Antoine Andreani insiste sur le fait d’en utiliser un en permanence, sans quoi on prend le risque de faire chuter notre investissement jusqu’à 0 euro.
Pour bien gérer son risque, on s’appuie sur un trio de sécurité « réduire, éliminer et protection des bénéfices ». Avec le stop loss on le réduit, on évite de tomber à zéro. Ensuite, si le marché joue en notre faveur, on rehausse son stop loss et élimine le risque, on garde sa mise. Et enfin, dans le cas d’un marché haussier en escalator, on rehausse le stop loss à chaque palier, les bénéfices sont protégés.
À savoir aussi : le risk reward ratio, soit le lien entre le risque pris et le gain ciblé doit absolument rester au-dessus de 3. C’est une règle que l’on doit s’imposer. Et surtout : ne pas spéculer sur les avances de résultats la veille ! Sinon, l’on prend le risque d’un gap baissier sans avoir pu activer de stop loss.
5 – Connaitre les stratégies et instruments de base puis rester pragmatique
Pour réussir à bien se former, mieux vaut savoir quoi apprendre. Oubliez les vagues d’Eliott pour l’instant. Concentrez-vous sur des choses plus simples comme la notion de price action par exemple. Vous devrez aussi apprendre à reconnaître les résistances horizontales et les lignes de tendance. Maîtriser la géométrie, les canaux et le retracement de Fibonacci… Antoine Andreani conseille aussi d’utiliser des oscillateurs simples comme le RSI, dont lui-même se sert.
Dès lors que vous connaîtrez sur le bout des doigts ces grands principes, que vous aurez monté une méthode rigoureuse à laquelle vous vous tiendrez envers et contre tout, vous serez enfin prêt à investir. Mais rappelez-vous de ne jamais laisser vos émotions vous guider.
« No fomo, no greed, no ego » (pas de peur de rater quelque chose, pas d’avidité et pas d’égo), rappelle Antoine Andreani. Une maxime qui doit devenir le maître-mot de votre activité boursière !