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39 % des salariés en start-up déclarent avoir déjà été victime d’une discrimination en tentant d’intégrer ce type d’entreprise.
Tech Inclusion Day, Inclusiv Day ou encore Trophées H’up. Voilà des années que les événements dédiés à la diversité dans le milieu professionnel se multiplient – preuve que la société et notamment les entreprises, prennent à bras-le-corps la nécessité d’une meilleure inclusion. C’est indéniable, les start-up progressent sur le sujet. Mais il reste tant à faire.
53 % des salariés en start-up pensent que ces jeunes pousses ont un recrutement ouvert à la diversité, révèle l’étude « Diversité et inclusion dans les start-up, peut mieux faire ? », réalisée par l’association Diversidays et rendue publique lors du Tech Inclusion Day qui s’est tenu le 18 septembre. Ce même chiffre plafonne à 35 % pour les PME et 39 % pour les grandes entreprises. Alors oui, les start-up s’en sortent mieux que les autres types d’entreprises. Malgré tout, des inégalités d’accès persistent.
Les discriminations n’ont hélas pas disparu
39 % des salariés en start-up déclarent avoir déjà été victime d’une discrimination en tentant d’intégrer ce type d’entreprise, toujours selon Diversidays. Le taux apparaît tout de même moins élevé chez les cadres (15 %). « Les stéréotypes et discriminations jalonnent le quotidien de notre société […] Et ils ont tendance à se cumuler : une femme de couleur qui porte le voile et qui n’a pas suivi une grande école aura sans doute plus de difficultés à trouver un emploi, parce que les recruteurs ont des biais, des a priori sur les femmes, sur les femmes qui portent le voile, sur celles qui n’ont pas de fait de grande école », nous confie Anthony Babkine, délégué général et cofondateur de Diversidays.
Même son de cloche du côté de Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech qui rappelle dans le n°103* d’ÉcoRéseau Business que l’ouverture constitue à l’avenir l’un des principaux défis pour les start-up : « Au cours des dix dernières années, l’entrepreneur qui a réussi dans la French Tech, si je caricature : c’est un homme, le plus souvent en région parisienne, passé par HEC ou Polytechnique, qui a monté une boîte en fintech. Je grossis le trait volontairement, mais vous voyez l’idée […] Je le rappelle, moins de 10 % des start-up sont cofondées par des équipes 100 % féminines, et 88 % des fonds levés s’orientent vers des jeunes pousses 100 % masculines », défend celle qui accompagne les start-up au quotidien. Encore aujourd’hui, un sentiment d’entre-soi semble caractériser l’univers des jeunes pousses. Quand on interroge les salariés de start-up, 24 % considèrent que l’origine sociale peut être un frein contre 18 % pour un échantillon représentatif, chiffre l’étude Diversidays.
La société se pose des questions sur la diversité
Intérioriser des stéréotypes, voire s’autocensurer, là est le plus grand danger. Une étude menée par Google et Diversidays souligne un intérêt croissant autour de recherches spécifiques comme les questions liées aux singularités et à l’identité. Le thème de la normalité a bondi de 75 % en 5 ans dans les recherches Google, avec des interrogations comme : « Suis-je normal ? ». Les questions sur le sujet « LGBT » augmentent également : « Que veut dire LGBT/LGBT plus ? », ou « Est-ce que je suis LGBT ? ». Ces deux enseignements laissent à penser que, bien que les internautes affirment de façon croissante leur identité, ils restent à la recherche de standards auxquels se comparer afin de se rassurer. « Une personne LGBT sur deux se cache en entreprise », regrette Anthony Babkine, de peur d’être « discriminée ».
Surtout, l’étude de Google et Diversidays met en exergue l’influence des événements sur les interrogations des utilisateurs : « On constate en effet des pics de recherche lorsqu’un événement lié aux discriminations survient dans l’actualité (drame, bad buzz, journées internationales, etc.), ce qui laisse penser qu’à la suite d’un tel événement, les internautes s’interrogent ou s’indignent : sur la raison pour laquelle un acte est considéré comme étant discriminant, sur le sens et les dynamiques qui sous-tendent ces incidents, sur les actions qui existent contre les discriminations ».
Des initiatives louables
Comment faire évoluer la parité dans les start-up par exemple ? « Nous avons notre programme Tremplin, qui permet chaque année d’accompagner 400 entrepreneurs qui ne sont pas forcément issus du milieu de la tech, via par exemple une bourse qui servira à financer les premières dépenses. En parallèle, des ateliers de travail existent et sont mis en place justement pour aboutir à des engagements concrets et communs, avec un credo : que peut-on faire pour changer les choses ? […] Nous avons également lancé en 2022 un pacte parité pour faire progresser significativement et durablement l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’écosystème start-up français », illustre Clara Chappaz pour ÉcoRéseau Business.
Anthony Babkine de son côté se réjouit de la Fresque de la Diversité. Une initiative née de l’Essec et Belugames où 6 à 10 personnes se réunissent pendant 3 heures pour échanger, se questionner, et prendre conscience des enjeux de discriminations et d’inclusion au sein des organisations. Enfin, sur le handicap, comment ne pas citer le DuoDay (prochaine édition le 23 novembre) ? Une journée pour partager son quotidien avec une personne en situation de handicap, l’accueillir dans son entreprise, son association, son organisation et lui donner la possibilité d’observer ou de participer activement aux tâches des collaborateurs… Et souvent, l’on se rend bien compte qu’un handicap, même s’il faut s’adapter, ne condamne pas à ne pas travailler en entreprise.
*Le n°103 d’ÉcoRéseau Business sera disponible dans les kiosques dès le 20 octobre