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Défendre « une Europe qui entreprend ». Jeudi 18 avril, les têtes de liste pour les élections européennes se sont rassemblées devant la fine fleur du patronat français. Décryptage.
Les sept principaux candidats au scrutin du 9 juin prochain étaient présents lors de ce débat-vérité. Certains pour tenter de séduire les patrons… D’autres pour montrer leur détermination à les faire plier.
Ils sont venus, ils sont tous là. Même Jordan Bardella, qui jusqu’alors séchait les débats. Face aux pontes du Medef, les têtes de liste aux élections européennes tenaient à développer leur vision de l’entreprise. Notons toutefois que le Parti communiste – représenté par Léon Deffontaines – n’était pas présent. Même chose pour Florian Philippot (Les Patriotes), François Asselineau (UPR) ou encore Juliette de Causans, de la liste Écologie au centre.
Chacun est dans son couloir
Alors que les réglementations européennes jouent un rôle de plus en plus considérable, pour tout dire central, ce débat a permis de mettre en perspective les positions de chacun. Patrick Martin, président du Medef, a ouvert la réunion avec quelques phrases incantatoires : « À l’heure où monte une petite musique eurosceptique […] nous avons besoin d’Europe […] Mais plus encore, nous avons besoin de mieux d’Europe ». On connaît la chanson.
Il est amusant de constater qu’il y avait là deux familles de candidats. Ceux qui désiraient « séduire » les patrons en proposant des « chocs de simplification » et des « baisses de charges » face au « tsunami des normes » : Jordan Bardella, Valérie Hayer, François-Xavier Bellamy et Marion Maréchal. Tandis que trois autres candidats semblaient décidés à jouer le bras-de-fer… Une opération « plus à gauche que moi, tu meurs » pilotée par Manon Aubry, Marie Toussaint et Raphaël Glucksmann. Au programme notamment, le fameux slogan « taxer les riches », érigé en recette miracle. Des deux côtés, à gauche comme à droite, rien de révolutionnaire et d’inattendu. Chacun est dans son rôle. Nous sommes bien en campagne électorale.
Aucune proposition nouvelle
Tandis que Jordan Bardella martèle sa méthode : « la croissance, la croissance, la croissance », nous sommes tentés de répondre que c’est « un peu court jeune homme ». Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann s’unissent pour réclamer un label « made in Europe ». Mais il existe déjà. L’écologiste Marie Toussaint s’est lancée dans un plaidoyer pro domo, assumant cette étonnante formule : « Il faut remettre l’économie dans son lit […] et réorienter les industries qui détruisent ». Malgré tout, la jeune verte tient à rassurer les décideurs : « On n’est pas là pour emmerder le monde ! ». Marion Maréchal n’y croit pas et fustige de son côté « l’Europe de la décroissance ». Hayer, Bardella et Bellamy s’accordent sur la nécessité de « mobiliser l’épargne qui dort » au travers d’un « fond souverain européen ».
Force est de constater qu’aucun des candidats n’est doté d’une vraie expérience du secteur privé. Sauf peut-être Marion Maréchal, qui fonda l’Issep, un institut lyonnais de sciences politiques. François-Xavier Bellamy était professeur (noble métier). Tous les autres sont des professionnels de la politique, naviguant entre partis, associations et ONG. Peut-être n’est-ce pas de très bon augure. Là encore à la différence de Marion Maréchal, qui ne siégeait pas ces cinq dernières années à Bruxelles, tous les candidats avaient un bilan à défendre… Mais ne semblaient guère désireux de s’y attarder.
Notons enfin que le Medef aurait presque pu présenter une liste de « l’Europe des entreprises », car le syndicat patronal a développé une ébauche de programme. Il y appelle par exemple à consacrer « 3 % du PIB européen à la recherche » et voudrait promouvoir le nucléaire face aux réticences de Berlin. Aussi, la volonté de créer un véritable « Buy european act » (sic). Plus étonnant, le Medef plaide pour un emprunt communautaire de 100 milliards d’euros afin de financier l’industrie européenne de l’armement. De la dette, encore et toujours ?