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Depuis 1982, les rencontres de Jackson Hole sont le rendez-vous estival des grands argentiers de la planète. Se retrouvent, dans cette petite ville du Wyoming, les banquiers centraux les plus importants, quelques responsables des plus grands groupes bancaires et quelques universitaires. Au total, ce sont 150 invités triés sur le volet pour évoquer, dans un cadre informel, les principaux enjeux et les actualités des politiques monétaires. En 2005, par exemple, un professeur de l’université de Chicago, Raghuram Rajan, avait averti la prestigieuse assemblée de l’imminence d’un krach financier.
Pourtant très prisé, ce rendez-vous semble en perte de vitesse. L’an dernier déjà, ni Janet Yellen (Fed) ni Mario Draghi (BCE) n’avaient souhaité s’exprimer sur leur politique monétaire, se contentant tous deux de souligner le risque d’un assouplissement du cadre réglementaire. Il s’agissait sans doute d’alarmer la communauté internationale face aux risques que comportaient les annonces libérales et protectionnistes du président Trump.
Le 24 août dernier, on a pu constater combien cette réunion avait pris du plomb dans l’aile… D’abord, quelques-uns des grands banquiers centraux, et non des moindres, n’ont pas jugé pertinent ni utile de faire le déplacement : Mario Draghi et Haruhiko Kuroda (banque du Japon) ont brillé par leur absence. Les sujets à évoquer étaient pourtant nombreux : de la crise turque aux menaces que représente l’impasse des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, de nombreux éclairages étaient attendus. Au final, seul Jerome Powell (nouveau président de la Fed) a fait une allocution remarquée : il a annoncé, en dépit du désaveu qu’il avait subi quelques jours plus tôt – le président américain ayant déclaré qu’il n’était « pas emballé » par la politique menée par la Fed –, la normalisation progressive de la politique monétaire et la remontée graduelle des taux directeurs – discours qui a d’ailleurs rassuré les marchés financiers.
Pourquoi cette désaffection soudaine ? Sans doute hélas parce que l’indépendance des banques centrales est de plus en plus mise à mal. Il est cependant décisif que les banques centrales puissent jouer leur rôle et collaborer efficacement entre elles. Peut-être le désintérêt croissant pour les rencontres du « trou de Jackson » devrait-il servir de prétexte à repenser le rôle de la BRI ?