Fulgurances mondiales

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« Le talent provient de l’originalité, qui est une manière spéciale de penser, de comprendre et de juger » (Guy de Maupassant). Si le talent n’est pas toujours gage de réussite, la réussite est, elle, souvent gage de talent. Voici une sélection tout ce qu’il y a de subjectif de certaines des plus belles ascensions de ces dernières années.

États-Unis : The Time’s Kid of the Year : Gitanjali Rao, née en 2005

Après avoir élu Greta Thunberg personnalité de l’année 2019, le Time magazine a décidé d’aller au bout des choses et nommera désormais chaque année l’enfant de l’année. Pour 2020, c’est la prodige américano-indienne Gitanjali Rao, née en 2005, qui rafle la mise. À 15 ans, Gitanjali déroule déjà une belle carrière à son actif. Elle a inventé un appareil de détection de la contamination au plomb dans l’eau du robinet, elle a aussi développé une application de lutte contre le harcèlement en ligne. En plus de quoi, elle a écrit deux livres et a déjà distillé ses « sessions d’innovation » à plus de 30 000 étudiants aux aguets.
Aux dernières nouvelles : la petite génie bosse déjà sur ses prochaines idées. Un dispositif de mesure de la dépendance aux opioïdes, mais aussi un détecteur de parasites présents dans l’eau, indispensable aux populations du tiers-monde. Qui sait, Gita’ Rao deviendra peut-être l’Elon Musk de l’entreprenariat solidaire ?

Colombie : La licorne des Andes : Rappi, créé en 2015

Le talent, c’est parfois savoir miser sur une valeur sûre. Ce qu’ont fait trois entrepreneurs en 2015 lorsqu’ils créent une start-up de livraison. L’entreprise dépasse rapidement ce que l’on connaît en France pour devenir ce que les Asiatiques appellent une superapplication – plusieurs applications en une seule. Au-delà de la nourriture, l’appli propose la livraison de courses, de cosmétiques ou encore de médicaments, elle assure aussi les transferts d’argent ou propose la mise à disposition de coursiers « hommes à tout faire ». « Il y a quatre ans, on était huit, aujourd’hui on est plus de 3 500 », enfle Simon Borrero, cofondateur de Rappi.
Aux dernières nouvelles : en juin 2020, Rappi a annoncé se lancer sur les secteurs du jeu vidéo, du streaming et de la musique. La start-up colombienne se positionne clairement comme un futur géant qui n’hésitera pas à aller titiller ses concurrents les plus flamboyants.

Egypte : La licorne cairote : Fawry, créée en 2009

À l’image d’autres start-up, la licorne égyptienne spécialisée dans les systèmes de paiement électroniques a profité de la crise covid et de l’accélération massive de la numérisation des activités pour réussir un bond spectaculaire à la Bourse cairote. En août 2020, tout juste un an après son introduction en Bourse, sa valorisation atteint ainsi le milliard de dollars. Elle avoisine aujourd’hui le milliard et demi.
Aux dernières nouvelles : malgré ses très bons résultats, la société ne prévoit pour le moment pas de s’étendre hors des frontières égyptiennes. Ashraf Sabry, son actuel P-DG et un ancien de chez IBM, a récemment déclaré à nos confrères de Jeune Afrique : « La société a devant elle un marché de 100 millions de personnes, pour lesquelles 90 % des échanges commerciaux se font encore en cash. Il y a donc encore une belle marge de progression en Égypte. » Pharaonesque.

Royaume-Uni : Le « moine » le plus suivi sur terre, Jay Shetty, né en 1987

Formé en Inde au sein du mouvement Hare Krishna – considéré depuis 1995 comme une secte en France – ce moine businessman est devenu le roi du développement personnel sur la Toile. Il commence sa carrière médiatique au Huffington Post où il se fait connaître par des interviews de personnalités sur des sujets « profonds ». Ses vidéos cumulent rapidement des dizaines de millions de vues. En 2017, il fait déjà partie de la version européenne du classement des « 30 under 30 » du magazine Forbes. Records d’audience pour ses podcasts, son livre, et à peu près tout ce qu’il fait. Le moine qui roule en Bugatti est écouté chez Google, HSBC ou encore Barclays, et est autant chouchouté par les médias que par son public.
Aux dernières nouvelles : la covid est passée par là, l’épidémie d’angoisse avec elle. Rien de mieux pour gonfler encore l’influence mondiale de ce gourou 2.0 qui distille ses bons conseils pour rester zen et reprendre sa vie en main.

France : Le start-up studio dénicheur de health-tech : iBionext, créé en 2015

Le Lyonnais Bernard Gilly est de ceux·celles qui croient aux rêves. Son start-up studio – agrémenté de son propre conseil scientifique – est à l’affût des meilleures idées d’innovation technologique qu’il transforme en business viables. C’est ainsi que neuf entreprises de biotech ont été créées en six ans, elles sont réunies au sein du Passage des innovations, situé à Paris. iBionext, c’est plus de 360 millions d’euros levés, deux sociétés cotées en Bourse et un modèle innovant entre le fonds d’investissement et l’incubateur. Entre autres pépites, on y trouve Pixium qui veut rendre la vue aux aveugles, ou encore Tissium qui propose de remplacer la suture chirurgicale par une glue pour la réparation des tissus.
Aux dernières nouvelles : GrAI Matter Labs, qui propose une solution de puces avec IA embarquée, a levé 14 millions d’euros en novembre 2020. Un deuxième fonds devrait également voir le jour afin de pousser encore plus loin les ambitions d’iBionext.

Autriche : Le roi des supermarchés : Signa Holding, créé en 2000

René Benko, 43 ans, est un ambitieux. Plus jeune, il préférait retaper des greniers en appartements de luxe plutôt que d’assister à ses cours à l’Innsbruck Business Academy. À 19 ans, il rachète son premier immeuble. Quatre ans plus tard, il monte Signa Holding en se positionnant sur le rachat et l’amélioration de centres commerciaux. En 2011, il acquiert la chaîne Kaufhof. L’année suivante, il absorbe les 17 magasins de son concurrent Karstadt. En 2018, il se diversifie en rachetant la chaîne de meubles Kika/Leiner. Forbes le place alors à la 365e position des hommes les plus riches du monde. En 2020, sa fortune est estimée à quelque 3,5 milliards d’euros.
Aux dernières nouvelles : en 2020, il rachète la chaîne suisse Globus et ses 48 magasins, aux côtés du thaïlandais Central Group. Coût de l’opération estimé : près d’un milliard d’euros. On n’a pas fini d’entendre parler de René Benko.

Chine : L’œil du mal : Sensetime, créé en 2014

La start-up d’IA la plus valorisée au monde – 4,5 milliards de dollars – a de quoi faire peur. Son credo : donner la vue aux machines. De la très inquiétante reconnaissance faciale jusqu’à la reconnaissance d’images ou d’objets, Sensetime est devenue en quelques années l’une des plus ambitieuses entreprises au monde. Elle a en outre accès aux données de l’ensemble de la population chinoise. Également premier fournisseur d’algorithmes en Chine, Sensetime trempe dans à peu près tout ce qui touche à l’IA pour donner plus d’indépendance aux machines. La mégastart-up planche également sur des systèmes facilitateurs de deepfake – vidéo d’images de synthèse créatrice d’un avatar ultraréaliste pouvant tromper l’œil humain.
Aux dernières nouvelles : en 2020, Sensetime figure sur une liste noire à Washington. En cause, l’entreprise aurait participé à la création d’un algorithme de reconnaissance faciale particulière des minorités ouïghours.

Australie : La licorne d’Oz : Canva, créé en 2012

Avec la normalisation des usages numériques et des réseaux sociaux, les besoins des entreprises et des particuliers en matière de design graphique ont explosé ces dernières années. Avec son système de « design à la portée de tous », Canva offre à n’importe qui de créer son propre logo ou encore la carte de son restaurant en quelques clics, le tout en version freemium – gratuitement. Si les graphistes n’apprécient pas, le grand public, lui, adore, donc les investisseurs aussi. Fort de plus d’1,5 million d’abonnés payants et de 30 millions d’utilisateurs gratuits, Canva se porte à merveille.
Aux dernières nouvelles : en juin 2020, la start-up a levé 60 millions de dollars, faisant passer sa valorisation à 6 milliards. Elle devient ainsi l’entreprise technologique privée la plus imposante d’Australie.

Jean-Baptiste Chiara

Au Sommaire du dossier 

1. Les licornes tricolores valorisées à plus de 850 millions d’euros se multiplient !

2. Une France qui brille…

3. Recruter des talents, la France réinvente

4. Régions & territoires : les incroyables pépites des régions

5. Mapping de l’innovation : fulgurances mondiales

 

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