Dans le quotidien des cabinets de conseil : « Détendez-vous, vous ne sauvez pas des vies ! »

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Giulia Gaetano, Gennaro Scafora et Samuel Fournier sont étudiants du Programme Grande École d’Audencia. Dans le cadre du concours des meilleures copies de l’école de commerce nantaise.

Giulia Gaetano

5 520 284 personnes travaillent aujourd’hui dans l’industrie mondiale du conseil en gestion. Parmi elles, Camille, consultante stratégie junior dans un grand cabinet de conseil français, nous a parlé de son expérience. Pour réussir dans ce secteur reconnu comme très concurrentiel, des efforts importants et un dévouement inébranlable sont nécessaires. Cet environnement exigeant peut avoir des conséquences sur la santé mentale des consultants juniors qui abordent ce monde pour la première fois.

Adaptabilité. Résolution de problèmes. Travail d’équipe. Résilience. Empathie. Leadership. Persuasion. Esprit analytique. Communication efficace. Intelligence émotionnelle. Pensée critique. Ce sont certaines des compétences que l’on attend des consultants juniors, mais comment les apprendre ? Vous attendez-vous à ce que vos études universitaires vous préparent entièrement à ce monde ? Spoiler alert : elles ne le font pas. Rien ne vous prépare à travailler pour un grand cabinet de conseil. Camille pense que c’est un métier qui s’apprend sur le tas. On vous demandera d’effectuer des tâches que vous ne savez pas nécessairement comment exécuter et quoi qu’il en soit, vous devrez toujours vous en sortir et fournir d’excellents résultats. C’est ainsi que le conseil fonctionne : vous devez vous servir de votre logique pour résoudre des problèmes. Ce qui fonctionne aujourd’hui peut ne pas être suffisant demain, vous êtes constamment remis en question.

Le secteur du conseil sur la sellette : examiner les avantages et les inconvénients

Ce caractère exigeant et immersif du conseil entraîne une transformation profonde de son identité professionnelle et personnelle. Chaque jour apporte son lot de nouveaux problèmes à résoudre, et offre une occasion d’apprendre et s’améliorer. L’excitation de ne pas savoir ce qui va arriver pousse à trouver de nouvelles façons d’aborder les problèmes et les défis auxquels vous êtes confrontés avec ferveur et curiosité. Vous intégrez vos passions aux solutions que vous élaborez, brouillant les limites entre vous et votre travail, tout comme un artiste et son chef-d’œuvre.

Mais tout ce qui brille n’est pas or. Toutes les heures consacrées aux exigences incessantes de votre travail laissent peu de place pour le reste. Camille estime que son travail remplit 80 % de ses journées, reléguant le temps consacré aux activités personnelles aux week-ends uniquement. Puisque chaque jour, on s’attend à ce que vous donniez le meilleur de vous-même – pointus, ponctuels, réactifs et proactifs – il n’y a pas de place pour des soirées entres amis en semaine. La poursuite de la réussite professionnelle peut ainsi se transformer en lutte pour votre bien-être et vos relations personnelles.

Rechercher l’équilibre

Gennaro Scafora

Comme on l’a constaté, la notion d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle reste une préoccupation constante qui demeure trop souvent un mirage lointain, en particulier pour les consultants juniors. Camille reconnaît volontiers que sa position actuelle manque d’une certaine liberté. Néanmoins, elle l’accepte, en espérant qu’à mesure qu’elle gravira les échelons au sein de l’organisation, elle pourra plus facilement atteindre un semblant d’équilibre.

Dans cet environnement où les délais et les attentes ne semblent jamais se relâcher et où l’on a aucune expérience à laquelle se raccrocher, les consultants juniors doivent non seulement gérer les tâches à accomplir, mais également leurs propres incertitudes. Par conséquent, l’anxiété et la gestion du stress deviennent un enjeu clé. Sachant cela, les consultants juniors ont un besoin impératif de soutien, sur le plan professionnel, mais également personnel. Sans cette aide, l’immense potentiel et les talents que ces personnes apportent au secteur pourraient être menacés, entraînant ainsi une perte importante de savoir-faire.

Exploiter les synergies

De nombreux cabinets de conseil ont déjà mis en place des stratégies pour diminuer le stress, notamment des programmes de bien-être, des modes de travail flexibles et des services de conseils. Barbara Rijntjes-Besancon, directrice du Deloitte Coaching Center, souligne des initiatives comme les congés sabbatiques de six mois, les congés maladie pour des difficultés psychologiques et le soutien à la réintégration après des absences liées au stress.

Camille nous a donné un aperçu concret des développements actuels au sein de son organisation. Elle a décrit l’occasion qu’elle a de répondre à un formulaire de feedback hebdomadaire, qui lui permet de répondre à toutes les préoccupations liées à son bien-être qui ont pu survenir au cours de la semaine. Chaque lundi matin, après avoir passé en revue la réponse de chaque consultant, un coach dédié étudie en détail les problèmes remontés pour sensibiliser et identifier les solutions possibles.

Bien que le soutien de l’entreprise puisse jouer un rôle central dans la gestion du stress, il est également crucial de maintenir un bon état d’esprit. En tant que consultant junior, découvrir ce qui fonctionne le mieux pour vous peut être un long chemin.

Accepter les imperfections

Samuel Fournier

Lorsque vous devez effectuer des tâches difficiles, il est normal de faire des erreurs. Par conséquent, vous devrez finalement faire face à des commentaires négatifs. À ce stade, vous pourriez le prendre personnellement ou, comme l’a suggéré Camille, « prendre du recul » et reconnaître que tous les projets ne seront pas parfaits. En tant que consultants juniors, vous suivrez une courbe d’apprentissage et la critique est une occasion de s’améliorer continuellement. Ce n’est qu’en abandonnant le besoin de perfection que vous pouvez donner le meilleur de vous-même sans craindre de faire des erreurs.

De plus, le fait d’avoir le soutien d’un milieu de travail stimulant, où « les gens sont assez gentils pour s’assurer que leur anxiété ne vous submerge pas », peut contribuer à soulager sa propre anxiété. Par conséquent, Camille recommande de choisir un cabinet dans lequel vous vous sentez à l’aise pour préserver votre bien-être personnel.

Favoriser la réussite

En conclusion, bien que travailler en tant que consultant puisse être passionnant et gratifiant, cela peut également être stressant et chronophage. Une période de stress prolongée peut entraîner une situation négative qui empêche les consultants d’atteindre leur plein potentiel. Pour éviter ce scénario, il faut une synergie : d’un côté, les entreprises doivent apporter leur soutien et de l’autre, les consultants juniors doivent se rendre compte que, bien que leur travail soit important, ce n’est pas une question de vie ou de mort. Avoir cette distance dans des situations très stressantes peut réduire considérablement le stress et permettre de trouver un sentiment de réconfort… ou comme le résume Camille : « Détendez-vous, vous ne sauvez pas des vies. »


Pour aller plus loin : How you can manage your stress levels right now

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