Tenir parole …

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Il y a deux millions d’années, le cerveau des hominidés a connu une expansion fulgurante, touchant notamment les zones cérébrales dédiées au langage. Certains chercheurs estiment que l’émergence de systèmes de communication rudimentaires, qualifiés de protolangage, remonte à Homo habilis, tandis que d’autres attribuent la véritable communication symbolique à Homo erectus, il y a environ 1,8 million d’années.

Ce parcours fascinant illustre à quel point la parole est indissociable de notre évolution.

Les paléoanthropologues nous éclairent sur un autre aspect essentiel : nos ancêtres, à une époque où les gestes prédominaient pour communiquer, n’étaient pas encore capables de maîtriser leurs vocalisations. Ce n’est qu’avec le temps, au fur et à mesure qu’ils ont appris à contrôler ces vocalisations, que le langage articulé a vu le jour.

La gestuelle a été enrichie par la vocalisation, et cette dernière a connu sa forme la plus sophistiquée de langage en étant ainsi accompagnée par une sophistication des gestes. Ainsi, geste et parole sont devenus intimement liés, s’inspirant l’un de l’autre pour former le langage.

Un fait notable soutient cette théorie : le langage gestuel et vocal repose sur des réseaux neuronaux analogues. C’est cette relation entre geste et parole qui m’invite à une réflexion sur la responsabilité des dirigeants aujourd’hui, sur la fonction de la parole comme promesse d’un geste, d’une action attendue.

Si le geste a précédé la parole à l’aube de l’humanité, « tenir parole » implique, à l’inverse, de concrétiser les promesses énoncées par un geste tangible.

Tenir parole, c’est donc une démarche qui transforme le langage en actualité, qui crédite le « dire » du pouvoir de « faire ». Chaque déclaration d’un leader doit être perçue comme un engagement à agir, à concrétiser l’idée en action.

La « langue de bois », souvent perçue par les jeunes comme du « bullshit », traite d’intentions vagues et de théories sans lien avec l’action. Vide et désenchantée par les promesses non tenues, cette parole n’a plus de substance.

En revanche, la « parole d’or » résonne avec autorité. Elle se nourrit de verbes d’action, d’invitations à transformer les mots en gestes concrets : conduire, construire, concrétiser, modifier, organiser, etc.

De cette façon, la parole des dirigeants convoque une attente supérieure : que leurs auteurs « tiennent » réellement parole, et donc que leur geste en soit la concrétisation.

Dans une époque où la confiance est fragile, il est impératif, pour les dirigeants, de sincèrement passer du verbe à l’acte, de la parole au geste. « Tenir parole », ce n’est rien d’autre que cela.

Telle est la véritable essence de la responsabilité et du leadership.

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