Ce que sont les signaux faibles

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Reconnus comme des données anticipatrices de premier ordre, ils font plonger dans les circonvolutions plus intimes du cerveau.

« Les managers semblent chérir l’information informelle et plus particulièrement les potins, rumeurs et autres spéculations. Pourquoi ? La réponse est l’opportunité : un bavardage aujourd’hui peut être réalité demain », écrit le grand théoricien du management Henry Mintzberg1. Ces potins sont désormais appelés signaux faibles, c’est plus chic. Mais ce sont les mêmes données fragmentaires, ambigües, incertaines, peu répétitives, noyées dans le flot informationnel, difficiles à saisir. Ils sont au cœur de la veille anticipative car ils peuvent contenir les prémisses de ruptures majeures. Ces données sont acquises par des procédures très personnelles au cours de rencontres, de discussions de tables ou de clubs. Les paroles comptent mais parfois moins qu’une intonation, une mimique, un « feeling » ressenti fugitivement. Dans ce contexte ambigu, les signaux faibles, déjà imprécis, seront acquis à travers des mécanismes cognitifs tout aussi équivoques. Après la culture, l’expérience professionnelle, premiers détecteurs, des mécanismes plus intuitifs et moins rationnels entrent en scène. L’immense neuroscientiste Antonio Damasio décrit le sentiment soudain de faire face à une vérité par le mot de « malaise ». Le signal faible est acquis lorsque des marqueurs somatiques se déclenchent et lancent du fond du ventre un « Eureka ! ». L’acquisition des signaux faibles dépend des capacités personnelles à accepter ses intuitions, de sa tolérance à l’ambiguïté, de sa capacité à accepter les événements non familiers, à accepter la divergence. Un signal faible peut alors être négligé, ignoré, déformé quand il ne correspond pas au schéma mental de celui qui cherche. Ou lorsque l’individu, face à un signal trop divergent, se révèle trop… « faible » pour s’extraire de la logique dominante de son organisation. C’est ainsi qu’un des plus puissants patrons français a, en son temps, exigé que ses subordonnés fassent un « travail sur eux » pour mieux traiter ces signaux faibles. Le signal faible, un bruit, n’est pas en lui-même une information. Il doit donc faire l’objet d’un traitement interprétatif, humain. Il sera vérifié, confronté avec des informations formalisées. C’est ainsi qu’il acquiert une fonction anticipatrice de premier plan.

(1) Le management. Éd. d’Organisation, 2004

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