Un « prix Nobel d’économie » très humain

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Richard Thaler a été récompensé par ce prix pour des travaux qui démontrent l’efficacité de l’irrationalité. De quoi mettre au piquet les tenants du transhumanisme.

« Je promets de dépenser mon prix de manière la plus irrationnelle possible » déclaré Richard Thaler en recevant son chèque de 9 millions de couronnes suédoises (944 000 euros) et son prix de la Banque de Suède de sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, dit, très improprement, « Prix Nobel d’économie ». Richard Thaler a consacré sa vie à l’irrationalité et à en montrer les effets positifs sur l’économie, en général, et les entreprises, en particulier. Il a travaillé sur les biais cognitifs, ces traits psychologiques, issus de notre enfance ou de notre environnement professionnel, qui nous poussent à prendre des décisions d’une manière qui peut sembler illogique. Il a travaillé également sur les « nudge » ces coups de pouce infimes qui remplacent l’autorité. Ces « nudges » partent du principe que si l’homme n’est pas rationnel, en quoi des instances extérieures seraient-elles plus rationnelles ?

Richard Thaler prend la suite d’une cohorte d’économistes. Herbert Simon, récipiendaire du prix en 1978, a montré que, comme il est impossible de prendre en compte toute l’information disponible pour décider, la rationalité totale était une foutaise. Daniel Kahneman, récompensé en 2002, prouve que les informations sur des faits objectifs sont ignorées au profit d’opinions même douteuses. Appliquant sa théorie, il créé une société de bourse qui a gagné beaucoup d’argent. Thaler a également utilisé ses recherches dans une entreprise et fait gagner beaucoup d’argent aux employés. La preuve est là : l’homme se développe économiquement en cultivant son irrationalité, son côté humain, trop humain. Thaler, formé à l’école ultra-libérale de Chicago, apporte, il faut le reconnaître, un grand vent d’humanisme prospectif alors que beaucoup donnent les robots gagnants, écrasant tout ce qui n’est pas super-intelligent et, en somme, déniant tout avenir à l’Humain.

Ces recherches sur l’économie comportementale, dans lesquelles s’inscrit Thaler, montrent que la rationalité est, au mieux, un fantasme, au pire, une idiotie, et ceux qui veulent nous l’imposer de force à base de transhumanisme – dont la réalité scientifique est plus que fragile comme le montre l’un des meilleurs spécialistes de l’intelligence artificielle, Jean-Gabriel Ganascia – n’ont pas d’avenir.

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