Et si on se parlait ?

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L’économie française va mieux. L’ensemble des indicateurs sont au vert, la majorité des entreprises semble respirer moins difficilement (c’est-à-dire qu’elles ont trois semaines de visibilité plutôt que quinze jours), et, preuve plus grande encore de l’optimisme ambiant, les discussions devant la machine à café, haut lieu de vivre ensemble de notre société, tournent plus autour du développement que des plans de licenciement. Bien sûr, j’occulte l’annonce d’un grand groupe, rabâchée par les ondes de France Info pendant que j’écris ces lignes, qui laissera des milliers de salariés sur le carreau mais semble ravir les boursicoteurs. Bref. Parlons des entreprises qui embauchent encore en France, les petites. Car, faut-il le rappeler, 80% des emplois créés ces vingt dernières années dans notre pays l’ont été par des PME.

Ces PME sont dirigées par des hommes et des femmes qui se sont lancées sur la conviction d’avoir une idée suffisamment forte pour pouvoir en vivre un jour. Et même, soyons fous (osons, les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais nous enseigne Oscar Wilde), en faire vivre d’autres personnes. Une idée tellement puissante qu’un matin, sous la douche ou en se rasant, chaque centimètre de leur corps s’est mis à trembler, mu par le besoin irrépressible que l’idée – toujours elle – voie le jour.

Oui, ces courageux ont franchi le pas portés par une grande confiance en leur créativité et en leur savoir-faire. A aucun moment parce qu’ils se prétendaient spécialistes du droit social, du droit fiscal, des réformes législatives. Disons-le carrément : les entrepreneurs sont généralement nuls en ce qui concerne leur environnement, notamment législatif.

On pourrait s’en contreficher, me direz-vous. Sauf que, rappelez-vous, ce sont eux qui ont les clés du pays. Ou en tout cas celle de la relance de l’emploi. J’ai la profonde conviction qu’avant de pondre de nouvelles mesures censées nous encourager à créer de l’emploi, il serait d’abord bon de s’assurer que chaque dirigeant d’entreprise a connaissance de celles qui sont déjà à sa disposition. Je viens par exemple, alors que je dirige (sans doute maladroitement, mais avec des résultats très honorables) ma PME depuis huit ans, d’apprendre qu’il existe un truc appelé AFPR (on est très forts pour les acronymes en France) qui me permet de tester et former un futur salarié pendant deux mois et demi avant de l’embaucher, sans avoir à le rémunérer puisqu’il reste inscrit à Pôle Emploi, et tout en étant moi-même (mon entreprise, pardonnez ce raccourci malheureux), indemnisé par Pôle Emploi au titre de ladite formation. J’ai sondé une vingtaine de chefs d’entreprise. Une seul connaissait. Elle est expert-comptable.

Plus que jamais, maintenant que le contexte économique est légèrement plus favorable que ces dernières années, il est impératif d’aller à la rencontre de ces hommes et ces femmes qui sont les forces vives de notre pays et de leur parler. Leur rendre visite, là où ils sont, dans leurs entreprises, et les conseiller. Les aider, leur apprendre, leur montrer, ce à quoi ils ont droit ou ce qu’ils ne respectent pas, la plupart du temps sans le savoir.

Car à ce jour, trop souvent, les seules personnes qui se rendent dans nos boites pour en décortiquer le fonctionnement sont des contrôleurs. Qui nous envoient la note quelques semaines après leur passage. Cela ne fait aucun doute : la relance de l’emploi passe par une plus grande proximité avec les entrepreneurs.

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