L’œil politique – Et si Ségolène revenait ?

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L’ancienne ministre de l’Écologie continue de nous surprendre lors de ses interventions médiatiques. Conspuée par certains, Ségolène Royal semble ne renoncer à rien. Est-ce un retour qu’elle prépare ?

Dans un univers politique toujours plus terne, Ségolène Royal incarne une certaine idée de la liberté d’esprit.

Revoilà l’affranchie. Dimanche 10 mars sur BFM TV, Ségolène Royal surgit dans l’écran. L’étonnante figure de la politique ose comme souvent aller à contre-courant. Non, l’euthanasie, elle ne soutient pas. « Au lieu d’une loi sur l’aide à mourir, on aurait tellement besoin d’une loi sur l’aide à vivre ! » lance-t-elle courageusement, rappelant les souffrances que subissent nos aînés dans les Ephad. Enfin une pensée positive qui rompt avec l’atmosphère morbide des temps présents !

Après s’être courageusement interposée lors de la folle période sanitaire, appelant alors au maintien des libertés publiques, Ségolène Royal s’inscrit de nouveau en faux vis-à-vis des décisions d’Emmanuel Macron. Déjà, elle fustigeait les bellicistes, appelant à un règlement du conflit en Ukraine par la voie diplomatique. « Nous avons le devoir d’aider les dirigeants ukrainiens à entrer dans une médiation. Le peuple ukrainien martyr crie son attente pour l’arrêt des souffrances. Les va-t’en guerre, dans leurs canapés, et qui empêchent une médiation depuis deux ans doivent l’entendre ». Mais peut-être est-elle également une « espionne de Poutine » ?

Son grand tort ? Avoir souvent raison trop tôt

Que de moqueries, souvent misogynes, a-t-on pu entendre à son sujet ! Pourtant, on a tort de considérer l’ancienne candidate du PS comme une espèce d’illuminée. Certes, elle a la foi, cela se voit et fait vraiment du bien dans ce monde politique où les retourneurs de vestes occupent les premiers rôles. Ségolène Royal a toujours su percevoir dans l’opinion les tendances profondes.

Déjà dans les années 1990, elle se battait contre le harcèlement scolaire et pourchassait les prédateurs sexuels, écoutant déjà la voix des enfants victimes, à une époque où ces combats semblaient originaux voire méprisables… Même chose pour l’écologie, dont elle fut une pionnière, ainsi que l’ensemble des sujets liés au droit des femmes.

De gauche, certes, Ségolène Royal n’en est pas moins une fille de militaire et une catholique pratiquante. L’autorité n’est pas un gros mot pour cette mère de quatre enfants. Ainsi, elle n’hésita pas à appeler dès 2007 à la création d’un encadrement militaire pour les jeunes délinquants. Si on l’avait écoutée, qui sait, peut-être aurait-on évité les émeutes terribles…

Une « emmerdeuse » qui fait du bien

Ségolène Royal n’est plus vraiment en politique. Sa proposition de conduire une liste aux européennes fut rejetée par les chefs de parti, notamment par Jean-Luc Mélenchon. Ségolène fait peur car trop libre, impossible de la tenir en laisse, elle n’en fait qu’à sa tête et tant mieux : les Français en redemandent. Si d’aventure elle décidait d’inventer son propre parti, il est probable qu’elle ferait de l’ombre à beaucoup, glanant des partisans à droite comme à gauche…

Qu’on soit d’accord ou non avec ses propositions iconoclastes, Ségolène Royal est assurément une empêcheuse de faire de la politique en rond. Si elle fut souvent traitée « d’emmerdeuse » par ses petits camarades du PS, elle devrait en faire une fierté. Car les Français ont plus que jamais envie « d’emmerder » les politiques de tous bords et de les forcer à davantage d’originalité et de liberté. Ségolène Royal pourrait bien être le petit caillou dans la chaussure d’un système qui semble à bout de souffle…


Les perles de la politique

Royal
(Crédits : Capture d’écran BFMTV)

Ségolène Royal : petit atlas du sexisme en politique · C’était en 2007. Autre temps, autres mœurs. La victoire de Ségolène Royal aux primaires socialistes dérange. La candidate est malmenée par les hiérarques du PS. Souvenirs, souvenirs : « elle n’est qu’une meneuse de revue », « elle se dégonflera comme une baudruche », « je vais mettre une balle dans mon fusil de chasse » ou encore « la présidentielle n’est pas un concours de beauté » (dixit Mélenchon). En 2014, Ségolène Royal osait leur répondre, traitant toute cette camarilla de « machos sûrs de leur bon droit ». Difficile de lui donner tort.

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