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Sarko, Ségo, Hollande, Jospin… Ils reviennent !
Face aux épreuves que connaît le pays, d’anciennes grandes figures de la vie politique tentent de se frayer un chemin vers les Français. Pour écrire une nouvelle histoire ?
Ségolène Royal : la méthode du boulet de canon
Finalement, c’est encore elle qui est la plus honnête. Ségolène Royal affiche clairement son ambition. Oui, elle veut revenir en politique. En politique active. Conduire une liste – très hypothétique – d’union des gauches aux européennes. « Je vais prendre une initiative pour déclencher cette dynamique d’union », lance-t-elle aux universités d’été de LFI. Avant, une fois sortie de la salle, de surprendre son monde : « Je suis disponible pour conduire cette liste ». Celle qui n’a jamais froid aux yeux écume désormais les médias, invite à déjeuner les hiérarques de la gauche dans son repère favori de la piscine Molitor, alpague les Français, comme récemment encore à la braderie de Lille. Et si c’était elle ? Comme en 2007 ? Possible rebelote ?
Ce retour au premier plan, elle en meurt d’envie, comme ces chanteuses oubliées qui reviennent avec un nouvel album, prêtes à en découdre pour retisser le lien avec le public. Ségolène Royal fait de la politique comme d’autres jouent au poker : elle tente des coups et s’élance sans armure ni plan de bataille. On ne peut pas lui enlever un certain sens du panache. Proche des Insoumis, elle n’hésite pas, pourtant, à faire preuve de fermeté sur les questions migratoires ; réclamant par exemple l’exécution des OQTF. Cette année, elle interviendra dans l’émission de M. Cyril Hanouna, sur C8. Ce sera une séquence à part, « Ségolène explique ». Moyen peut-être de s’adresser directement à un certain électorat populaire. Certains l’imaginent déjà en candidate canardée d’un « Mouvement Cinq Étoiles » à la française, réunissant la gauche et la droite « antisystèmes », façon Gilets Jaunes.
Sarkozy, plus pressé que jamais
Pendant ce temps, son ancien adversaire de 2007 écume lui aussi la France des studios. Depuis qu’il est rentré de ses vacances au Cap Nègre, Nicolas Sarkozy partage son emploi du temps entre séances de dédicaces et interviews confidences. Son dernier livre, Le Temps des Combats (Fayard) se vend comme du pain blanc. Pas moins de 24 000 exemplaires en une semaine ! De quoi faire le bonheur d’Isabelle Saporta, sa remarquable éditrice.
Invité de la nouvelle tranche méridienne de Pascal Praud sur Europe 1 (11h-13h), Nicolas Sarkozy semblait fermer la porte à toute idée de retour. Revenir au pouvoir ? Il jure que l’idée ne lui traverse jamais l’esprit. Bien entendu, personne n’y croit. On n’abdique jamais vraiment ses ambitions élyséennes. « NS » est plus que jamais le grand-manitou d’une droite où les seconds couteaux dansent à l’avant-scène. Il distille ses conseils à Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez et surtout Gérald Darmanin, qui semble être son chouchou pour la course à venir… On verra. Quoi qu’il arrive, ses propos iconoclastes sur la Russie ont l’avantage d’ulcérer les travées du Café de Flore. Excellente chose.
Hollande au chevet des grévistes
Moins visible (sans doute parce qu’il intéresse moins) François Hollande joue aussi sa partition… Et se reconvertit en intervenant médiatique premium. Invité sur les antennes, il décrypte les enjeux géopolitiques, relate comme l’Arlésienne son expérience d’ancien président, écume les salons et les centres de conférences, distribuant ses bons mots à qui mieux mieux. Il tente aussi de faire la courte échelle à Bernard Cazeneuve, son ancien Premier ministre désireux de relever l’idéal social-démocrate.
Récemment, de manière incongrue, Hollande apportait son soutien aux ouvriers grévistes de la papèterie de Condat-sur-Vézère (Dordogne). Les cégétistes du coin ont eu la bonne idée de solliciter les services de l’ancien président socialiste. Sur un coup de tête, ils contactent son secrétariat. Réponse positive dans la journée. Quelques jours plus tard, voilà le Corrézien qui débarque dans l’usine en grève, pour appuyer la lutte. « On a rencontré beaucoup de gens qui en savaient beaucoup moins que lui », estime drôlement un ouvrier interrogé par Sud-Ouest. Ce retour aux valeurs de gauche serait-il un moyen de ne pas insulter l’avenir ?
N’oublions pas, pour finir, de glisser un mot sur l’étonnant retour de Lionel Jospin (86 ans). L’ancien Premier ministre, peu connu pour son sens inné du charisme, s’est récemment prononcé, pêle-mêle, sur la neutralité de l’Ukraine et l’interdiction de « l’abaya ». Drôle de micmac. Sur France Inter, Jospin déclare : « J’ai regardé ce que c’est l’abaya… Un vêtement traditionnel bédouin que les femmes portent pour se protéger dans le désert. Vous pensez que ça a un rapport direct avec le climat en France et la façon de vivre ? ». Comme disait Arlette Chabot, « À vous de juger ».
Les perles de la politique

Anne Hidalgo : l’antidémocrate ? · Elle n’a pourtant que ce mot à la bouche : « démocratie ». Malgré tout, invitée le 6 septembre d’Adrien Gindre sur LCI, la maire de Paris s’est montrée menaçante. Elle a clairement sorti les crocs. « Je n’hésiterai pas à attaquer ceux qui disent que Paris est en faillite. On ne peut pas tout laisser passer ». Traîner en justice les voix dissonantes ? Drôle de vision de la liberté d’expression. L’avocat d’Anne Hidalgo va avoir du pain sur la planche. Quant à la taxe foncière, en augmentation de 52 % sur un an, Adrien Gindre lui demande si elle envisage de renoncer à cette hausse « si les Parisiens lui en font la demande ». Réponse de l’édile capitale ? « Ben les Parisiens ne vont pas dire cela… ». Ah bon ?