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Sacrée année 2020, synonyme pour nos régions de bouleversements de leurs activités économiques et du recrutement de leurs entreprises. Les marchés de l’emploi des territoires sont malmenés depuis plus d’un an et le nombre d’offres collectées a chuté avant de repartir difficilement. Entre besoins en main-d’œuvre et météo du recrutement, tour de France et état des lieux de l’emploi régional.
Case « recrutements difficiles » en tension
En 2020, la région bordelaise s’est classée sur le podium en termes de projets de recrutement, avec 307 280 projets, dont 171 930 non saisonniers, derrière l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Une progression, puisqu’en 2019 la Nouvelle-Aquitaine était 4e, derrière la région Paca. En revanche, crise sanitaire oblige, le nombre d’offres d’emploi recensées par Pôle Emploi a chuté de 25 % l’an passé, de 332 840 en 2019 à 248 690 en 2020. Sur la même période, l’emploi salarié néoaquitain a baissé de 0,7 %, pour s’établir à quelque 2,126 millions de salarié·es. L’emploi intérimaire a, lui, perdu 8,1 % sur l’année, mais est sur la pente ascendante (+19 % entre le 2e et le 3e trimestre). De la même façon, le taux de chômage a chuté jusqu’à 6,8 % au 2e trimestre 2020, au plus fort du chômage partiel, pour s’établir à 8,3 % à la fin de l’année, en dessous de la moyenne nationale. L’évolution du nombre de demandeur·ses d’emploi est plus mesurée : +3,7 % en 2020. Si le top 10 des métiers les plus recherchés parmi ses projets de recrutements non saisonniers est « classique » (agent·es d’entretien, aides-soignant·es, aides à domicile, manutentionnaires…), la Nouvelle-Aquitaine présente un taux de recrutements difficiles de 57,3 %, le troisième plus important derrière les régions Pays de la Loire et Bretagne, près de 6 points au-dessus de la moyenne nationale.
Aboriculture, viticulture
En pleine crise sanitaire, l’emploi salarié s’est maintenu en 2020 en Auvergne-Rhône-Alpes, seconde région française en termes d’emploi et de part du PIB. L’emploi salarié total a atteint un peu plus de 3 millions de salarié·es à la fin de l’année, juste en dessous du niveau de fin 2019. Le nombre de demandeur·ses d’emploi est, lui, passé de 631 000 au 4e trimestre 2019 à 669 000 au 4e trimestre 2020, soit un taux de chômage à 7,9 % (contre 7,3 % fin 2019), en deçà de la moyenne nationale. Sur l’ensemble de l’année 2020, Pôle emploi recense 367 070 projets de recrutement en Auvergne-Rhône-Alpes, dont 237 300 projets non saisonniers. Contrairement à la région parisienne, le nombre d’offres d’emploi collectées a baissé entre le 3e trimestre 2020 (91 880) et le 4e trimestre 2020 (76 670). La profession la plus recherchée est, comme en 2019, très largement celle de viticulteur·rices et arboriculteur·rices (28 740), très sollicitée lors des périodes saisonnières, bien que l’agriculture ne représente « que » 2 % de l’emploi régional, contre 2,3 % au national. Hors saisonniers, ce sont les agent·es d’entretien de locaux, les aides à domicile et les aides-soignant·es qui sont les plus recherché·es. Au global, la part de recrutements « difficiles », s’est élevée à 55,3 % dans la région, et à 58,8 % pour les emplois industriels.
Case « recrutements difficiles » sous la moyenne
La région toulousaine a vu plusieurs de ses principaux bassins d’emplois, dont la ville rose, lourdement affectés par l’arrêt brutal de la filière aéronautique, qui aura participé à faire grimper le taux de chômage en Occitanie à 10,5 % au 3e trimestre 2020, contre 9,5 % au national. Dans l’industrie, très importante dans la région, le nombre de personnes en recherche d’emploi a bondi de 20 %. Et le nombre de demandeur·ses d’emploi total a augmenté de 4,6 % par rapport à 2019, pour s’établir à près de 600 000, pour 2 millions d’emplois salariés. Le nombre de projets de recrutement a, lui, progressé en 2020 : 270 360, contre 255 920 en 2019, dont 153 010 non saisonniers. Parmi les métiers les plus demandeurs, on retrouve les habituels aides à domiciles, agent·es d’entretien et employé·es polyvalent·es de la restauration, suivi de près par les aides-soignant·es, les employé·es de libre-service et les ingénieurs et cadres d’étude en R&D et informatique. Selon le BMO (Besoin en main-d’œuvre) régional, la part de recrutements difficiles s’est élevée à 48,3 % en 2020, en dessous de la moyenne nationale de 51,2 %. Une part qui grimpe tout de même à 54,7 % pour les métiers liés au matériel de transport et aux équipements et machines électriques, électroniques et informatiques.
R&D et informatique
Le poumon économique du pays est bien le premier bassin d’emploi en France : près de 5,9 millions de salarié·es, plus d’1 million de demandeur·ses d’emploi, plus d’1,2 million d’entreprises. Comme sur le reste du territoire, 2020 pèse lourd, le taux de chômage francilien est passé de 6,3 % au 2e trimestre 2020 à 8,3 % au 4e. Le nombre de demandeur·ses d’emploi est, lui, resté relativement stable sur l’année (variation trimestrielle d’à peine 0,1 %). Sans surprise, le nombre d’offres d’emploi collectées et satisfaites par Pôle Emploi a fortement chuté au 2e trimestre (52 750, contre 140 810 sur la même période en 2019), avant de remonter au 4e (83 840, contre 133 690 au T4 de 2019). Selon l’enquête de Besoins en main-d’œuvre (BMO) de Pôle emploi, le top10 des métiers les plus recherchés en 2020 en Île-de-France a été dominé par les ingénieurs et cadres d’étude en R&D et informatique (27 770 offres), les artistes et intermittent·tes du spectacle (23 180) et les agent·es d’entretien (22 880). Viennent ensuite les aides de cuisine et employé·es polyvalent·es de la restauration, les agent·es de sécurité, les serveur·ses, les employé·es de libre-service, les vendeur·ses, les aides à domicile et les professionnel·les de l’animation socioculturelle.
Agents, aides et attachés
La région Grand Est, l’une des premières et des plus touchées par la pandémie de la covid compte au total 1,9 million d’emplois salariés, public et privé confondus, pour 56 700 intérimaires (+ 24 % entre le 2e et le 3e trimestre 2020) et 463 000 demandeur·ses d’emploi. Outre le tertiaire marchand (808 000 emplois) et non marchand (667 000), la région compte 305 000 emplois industriels. Au 4e trimestre 2020, le taux de chômage s’est élevé à 8,7 %, en deçà de la moyenne nationale (9 %), contre 6,9 % au 2e trimestre et 8,4 % au 1er trimestre. Les offres d’emploi collectées et satisfaites par Pôle emploi ont, elles, rechuté sur la fin de l’année (42 170 au 4e trimestre 2020 contre 50 950 au 3e trimestre). L’enquête des besoins en main-d’œuvre révèle que la région Grand Est a rassemblé 200 340 projets de recrutement en 2020, dont 126 240 non saisonniers et 52,9 % de recrutements difficiles. Au palmarès des 10 métiers les plus recherchés (hors saisonniers) : agent·es d’entretien des locaux, aides à domicile, aides-soignant·es, employé·es polyvalent·es de la restauration, manutentionnaires et ouvrier·ères non qualifié·es de l’emballage, serveur·ses, attaché·es commerciaux·les, secrétaires bureautiques et conducteur·rices routier·ères.
L’hôtellerie-restauration-tourisme malgré la crise
La Paca se hisse au rang des principales régions françaises en termes de recrutements et d’offres diffusées. En 2020, elle se classe 4e en nombre de projets de recrutements (281 580) et de projets de recrutements non saisonniers (162 830), après avoir été 3e en 2019. Surtout, la région du sud-est se distingue particulièrement en présentant le plus faible taux de recrutements dits difficiles parmi les 13 régions métropolitaines, avec 47 %, bien en deçà de la moyenne nationale (51,2 %). Toutefois, si les entreprises de Paca ont donc rencontré moins de difficultés pour recruter que leurs consœurs, le taux de chômage régional, déjà important fin 2019 (9,5 %), s’est hissé à 10,2 % à la fin 2020, plus d’un point au-delà du taux national, portant le nombre de demandeur·ses d’emploi à 499 000. L’emploi salarié total a, lui, perdu sensiblement plus qu’à l’échelon national par rapport à 2019 (-1,1 %), et s’établit à 1,8 million de salarié·es. Sur l’année écoulée, les secteurs les plus actifs sur le recrutement dans la région sont : commerce, vente et grande distribution (41 430 offres collectées), service à la personne et à la collectivité (39 700 offres) et, malgré la crise, l’hôtellerie-restauration-tourisme (27 370 offres).
ADAM BELGHITI ALAOUI
Au Sommaire du dossier
1. S’y retrouver dans le labyrinthe du chômage
2. Recrutements et emploi, des secteurs qui en veulent
3. Loi Avenir professionnel : des (trans)formations pas toujours abouties