Le fondateur contemple son Empire…Le fondateur contemple son Empire…
Le fondateur contemple son Empire…

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Le seigneur des anneaux

À 24 ans, Jean-Baptiste Fontes a déjà passé la bague au doigt de la Grosse Pomme, pour l’aventure Jean-Louis Casquette.

«Loue studio 9m2 dans le 7e arrondissement. Kitchenette, douche, télévision. Avec vue sur la Tour Eiffel. 400 € + charges, by Jean-Louis Appart. » L’annonce, passée sur Facebook, date de juin 2014. C’est que, après des études à l’École alsacienne et une formation d’ingénieur aux Arts et Métiers à Bordeaux achevée en 2010, complétée par un Master en ingénierie industrielle à l’Université de New York City, Jean-Baptiste Fontes a définitivement posé ses valises dans la Big Apple il y a un an. « Je finissais mon stage de fin d’études chez Shapeways, une start-up spécialisée en impression 3D. Cela m’a permis d’apprendre l’impression de tout sur n’importe quelle matière : le métal, le plastique… » Créatif, il propose à sa sœur Jessica, qui a lancé Node, une petite marque de bijoux, d’imprimer quelques-unes de ses créations… avant de se dire qu’il pourrait aussi réaliser quelque chose pour lui. « Un objet qui n’existait pas, avec l’idée de mélanger technique et création. » Une soirée, Louis, l’un de ses amis, une casquette entre dans les mains, et quelques blagues feront le reste : c’est parti pour Jean-Louis Casquette !

Transformer la blague en bague !

Une nuit de sommeil et la première modélisation a lieu dans la foulée. « Je pensais rentrer en France puis, finalement, le Master m’a permis d’obtenir un visa de travail facilement. J’ai laissé les entretiens d’embauche de côté en me disant que j’aurais tout le temps de faire ça plus tard… » Dès la sortie de la chaîne d’impression, ses collègues américains s’enthousiasment pour cette « caskate », et veulent la leur. « J’ai amélioré le modèle, je l’ai rendu plus solide et j’en ai vendu 150 dès le premiers mois. » Le site internet* sorti en septembre 2014 servira d’accélérateur. Si Louis, dans la finance à Londres, n’a pas poursuivi l’aventure, Jean-Baptiste se fait remarquer, apparaît dans le classement French Tech des 30 start-up les plus prometteuses… Bilan : 600 commandes à Noël pour un total 720 bijoux, des bagues entre 20 et 150 US$ avec un shipping fixe à 6,50$, et rapidement un pendentif avec la même « cap » en guise de pierre précieuse. « Tout d’un coup, ce n’était plus uniquement une blague, il fallait des idées », analyse le jeune homme, le poil hipster, qui ne voue aucun culte à la casquette, « juste un objet universel, qui offre beaucoup de voix possibles. Bon, c’est vrai, une casquette sur une bague, c’est assez inattendu et cela a pu choquer au début. Mais au moins, cela ne laisse pas indifférent. » Installé au sein d’un hub de start-up dans le quartier devenu à la mode de East Village depuis novembre dernier, le Parisien voit défiler les heures, les semaines et les mois, vite, très vite… « Ici, c’est facile, j’ai créé ma société en 15 jours. Et puis, mon modèle a rendu les choses plus simples : pas de stocks, pas de risque financier, une impression à la commande qui ne m’a demandé aucune trésorerie. À part la création du site et le dépôt de marque, je n’ai eu aucun frais. »

Les people jouent le jeu

En même temps on a beau être fun et de l’autre côté de l’Atlantique, on en n’est pas moins confronté aux doutes de l’entrepreneur qui se lance. « Être seul avec des tâches qui prennent un temps fou et qui ne sont clairement pas rentables, je connais. Dans la coloc’ de start-up, j’ai heureusement bénéficié de cette expérience de jeunes entrepreneurs confrontés aux mêmes étapes. J’ai appris à m’organiser, moi qui n’ai suivi aucun cours d’entrepreneuriat… Un premier stagiaire vient de finir de s’occuper du community management de la marque et de sécuriser l’objet, un autre arrivera en juin. » Il a aussi très vite compris que l’aventure se jouait au niveau marketing. Et, à défaut de gros moyens, il a fallu être malin. Son père chirurgien opère le judoka Teddy Riner à Paris ? Il n’est pas loin de la chambre et lui propose de porter un de ses anneaux… « Mon plus grande modèle, en taille 12… Il ne pouvait la porter qu’au petit doigt ! » Damien Perrinelle, un joueur de football de la franchise des NY Red Bulls, lui aussi entre Paris et New York, joue le jeu avec son bijou personnalisé orné du n°55, Caterina Murino, une James Bond Girl, et David Villa, une autre star du football se prêtent volontiers au jeu… La viralité des réseaux sociaux fait son œuvre. « Tout le monde est d’accord pour m’aider. De mon côté, j’ai créé un mouvement autour des numéros, joué avec la customisation… Je vais d’ailleurs mettre en ligne un logiciel 3D pour que les clients puissent personnaliser leur bijou en direct, la couleur, la taille, le matériau, avec ou sans logo. » Le cap des 1000 pièces a été atteint en mai et la marque est distribuée dans trois magasins de Soho. « Les Français adorent ça… Les New Yorkais aussi ! », s’amuse Jean-Baptiste.

Prise de conscience française

Loin de la France, tout cela ? « Paradoxalement, j’ai beaucoup vendu dans l’Hexagone au début : la famille, les amis, les articles dans les médias… Mais j’étais à New York. Que devais-je cibler ? Dans la ville qui ne dort jamais, le côté frenchy marche assez bien. Mais finalement, à un certain niveau, mieux vaut jouer la carte de l’entrepreneuriat en France, car il se passe quelque chose en ce moment. Le fait d’avoir été sélectionné par la French Tech à Noël comme n°1 en mode a aussi permis de développer ma notoriété. Peut-être d’ailleurs que j’arrive au bon moment : une idée, une technologie nouvelle et un contexte où les gens commencent à comprendre qu’il existe des talents et des idées tricolores, des ingénieurs de haut niveau grâce à d’excellentes formations… Mon site va rapidement être aussi en français et… en euros ! » Les boutons de manchette, la bague « tinny » plus féminine et les boucles d’oreille sont déjà venus compléter la gamme, alors que trois marques de vêtements ont déjà sollicité Jean-Baptiste Fontes pour réaliser leur bijou selon les mêmes techniques de création. Déjà pourtant, il faut réfléchir à la suite. Des vêtements ? Une suite logique, mais pour laquelle il faudra reposer les bases. « Cela enlève la partie 3D, signifie du stock et impose de changer de business model… » Le jeune entrepreneur, lui, est convaincu d’une chose : « Si, au départ, je misais sur un buzz, j’ai aujourd’hui envie d’aller au bout de l’idée, de vivre cette expérience pour savoir jusqu’où elle peut m’amener. Je suis impressionné et inspiré par des entrepreneurs comme Elon Musk, le patron de Tesla Motors et SpaceX, qui a aussi créé Paypal. Des idées différentes et surtout la conviction de les optimiser. Moi, dans 3-4 ans, j’espère que tout le monde aura ma casquette. » Il n’aura pas 30 ans….

*www.jeanlouiscasquette.com

Olivier Remy

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