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Plus que jamais, les cadeaux d’affaires se révèlent indispensables. Qu’il s’agisse de gratifier des collaborateurs ou favoriser des clients, l’objet doit répondre à trois exigences : qualité, personnalisation et valeur éthique.
La conjoncture incertaine ne fait rien à l’affaire : le monde des affaires ne saurait se passer de la mode des affaires. Le cadeau scelle la relation client. Quand les marchés sont tendus comme lorsque le business roule. Moralité : le secteur du cadeau d’affaires se porte à merveille ! Il est primordial de fidéliser sa clientèle, récompenser ses bons clients et en attirer de nouveaux. Remplacez « clients » par « partenaires » et « collaborateurs », et la formule s’applique pareillement. Surtout dans un contexte toujours plus concurrentiel. On appelle ça incentive, en bon français motivation. « Les cadeaux d’affaires et objets publicitaires tiennent donc toujours un rôle incontournable. Ils véhiculent chacun un message bien précis et envoient des signes forts au marché », confirme Arnaud Faucher, directeur du salon Affaire de Cadeaux. Le rendez-vous indispensable. Pour la dixième année consécutive, marques, jeunes entreprises, créateurs et distributeurs ont présenté leurs produits et solutions. On l’a compris, le temps du cadeau d’affaires offert à la veille des fêtes de Noël a vécu. Ils se généralisent au long de l’année. De la boîte de chocolats en passant par la bouteille de vin ou de champagne, la gamme s’est étendue aux produits high-tech, à la maroquinerie et aux séjours.
Attention au fisc
Gâter ses prospects ou ses salariés obéit à des règles d’encadrement que les éditions législatives Francis Lefebvre rappellent à bon escient : le cadeau client constitue une dépense déductible du résultat (donc de l’impôt sur les sociétés) s’il est consenti dans l’intérêt direct de l’entreprise et que sa valeur n’est pas excessive. À défaut, l’administration le réintégrera dans les dépenses. Si la somme de l’ensemble des cadeaux dépasse 3 000 euros par an – seuil plutôt bas –, l’entreprise doit remplir un relevé des frais généraux pour les sociétés ou, pour les entreprises individuelles, la liasse fiscale. Sans cette déclaration, les amendes prévues par l’article 1763 du CGI sont applicables – 5 % du montant des sommes ne figurant pas sur le relevé, amende réduite à 1 % lorsque ces frais sont déductibles. Bon à savoir, une société va récupérer la TVA lorsque le prix de revient ou d’achat du cadeau offert est de 69 euros TTC maximum par an et par bénéficiaire.
Prestige et qualité
Monde feutré… Les sociétés qui utilisent ce levier de fidélisation ne tiennent généralement pas à communiquer sur le sujet. Les exposants présents chez Affaires de Cadeaux se montrent heureusement plus loquaces : oui, les sociétés françaises plébiscitent plutôt les objets prestigieux et de qualité, à commencer par les vins et les spiritueux, les produits gastronomiques et les coffrets gourmands. Suivent les accessoires de bureau et les produits high-tech. Mais les séjours commencent à avoir le vent en poupe, comme l’explique Alexandre Escolle, directeur commercial-cadeaux & entreprises chez Relais & Châteaux.
« Notre pôle cadeaux d’affaires progresse chaque année pour atteindre un chiffre d’affaires d’environ 22 millions d’euros, dont 90 % sont réalisés en France. » Ce marché est international puisque les trois principales zones clientes sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. « Avec nos 590 hôtels, nous sommes présents dans 62 pays, mais les clients, Français ou étrangers, privilégient le plus souvent l’un de nos 150 Relais & Châteaux implantés en France. Les lieux les plus recherchés ? Chantilly, le Morbihan, la Bourgogne ou encore la Cote d’Azur. »
Le boom du séjour de luxe
Pour tirer son épingle du jeu sur le marché ultra-concurrentiel des coffrets cadeaux, Relais & Châteaux compte bien sûr sur la qualité des prestations offertes afin de proposer une expérience unique. L’association est ainsi le leader de la « box » sur le secteur du b-to-b devant Wonder Box et Smart Box, leaders en b-to-c. Quels sont les heureux élus qui passeront un séjour d’exception ? Alexandre Escolle distingue deux types d’invités à égalité : les collaborateurs et les clients à fidéliser. « Un séjour est souvent la récompense du travail annuel du salarié, de sa capacité à avoir relevé un challenge. À cet égard, les entreprises clientes agissent autant dans l’industrie que dans les services. » Relais & Châteaux s’appuie sur sa notoriété pour conquérir de nouveaux clients. « Il n’est pas rare qu’un dirigeant qui vient de séjourner chez nous à titre personnel nous choisisse ensuite pour ses cadeaux d’affaires », observe Alexandre Escolle. Le même levier a de quoi s’appliquer à toutes les chaînes de prestige… À l’image du reste du secteur de l’hôtellerie, l’association des hôtels R&C a diversifié son offre. Ses propositions commencent à 100 euros, mais dépassent les 4 000 euros pour du sur-mesure, sachant que le budget moyen est d’environ 450 euros. Relais & Châteaux a développé sur son site un module « cagnotte » pour les cadeaux communs.
Notre interlocuteur a bien compris l’engouement croissant pour une consommation plus citoyenne et responsable. « Nous mettons l’accent sur les partenariats éthiques et militants. » À l’image de leur collaboration avec la plate-forme Food for Change du mouvement Slow Food, la Journée de l’Océan, pour une pêche durable en favorisant l’utilisation de poissons méconnus, ou encore en soutenant l’initiative citoyenne du festival. Dernier acte fort de l’association R&C : proposer des coffrets cadeaux exclusivement issus de plastiques recyclés…
Personnaliser sur place
Cette recherche de l’expérience client, de la personnalisation et de la consommation responsable n’est pas propre aux cadeaux de luxe comme les séjours. Ces thèmes se retrouvent en réalité dans tout type de cadeaux, comme le constate Carol Dufour, responsable communication chez Oki, un géant japonais de l’impression basé à Rungis. « Nos clients souhaitent de plus en plus commander de petites séries mais régulièrement et à des coûts très intéressants. Notre technologie unique nous permet de nous adapter à cette volonté de personnalisation. » Le groupe sait ainsi dans un temps record et à moindre coût réaliser une petite série de t-shirts, de stylos ou de porte-clés pour un cadeau d’affaires particulier. « L’enjeu est d’importance, auparavant, il était impossible de personnaliser un objet pour une seule personne, et encore moins par exemple, trois objets différents, comme du textile, un carnet et un stylo. Grâce à notre technologie, c’est chose faite », souligne la responsable communication. Oki confirme enfin le souhait des entreprises de privilégier le développement durable. « Les sociétés évitent au maximum d’utiliser par exemple du coton chinois. Elles ont tendance à se tourner vers les petits producteurs de leur région afin d’offrir une vraie différentiation avec des produits très originaux. La demande pour des cadeaux personnalisés et fabriqués localement est véritablement explosive. »
Pierre-Jean Lepagnot