Financement: quand opter pour le crédit-bail mobilier ?

Certaines entreprises devraient songer au crédit-bail mobilier...
Certaines entreprises devraient songer au crédit-bail mobilier...

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Une solution pleine de ressources ?

Le crédit-bail séduit les entreprises à la recherche de nouvelles sources de financement.

Le crédit-bail mobilier suscite l’intérêt croissant des entreprises. Au premier trimestre 2018, le rythme de croissance de l’activité des établissements spécialisés dans le financement locatif de l’équipement des entreprises et des professionnels (location avec ou sans option d’achat) s’est en effet accentué. Avec 6,9 milliards d’euros, les nouveaux investissements progressent de 9,3 % après +7,4 % le trimestre précédent. A fin mars 2018, la production cumulée des douze derniers mois atteint 28,3 milliards d’euros, soit un volume d’activité supérieur au niveau d’avant-crise de l’été 2008 (25,4 milliards d’euros), décrypte l’Association française des sociétés financières (ASF).

Un rempart face au risque technologique

« Le crédit-bail prend de l’ampleur en France pour deux raisons. La première est sociologique dans la mesure où elle concerne tous les acteurs de la société, les entreprises comme les ménages. Nous accordons de moins en moins d’importance à la propriété physique des biens matériels pour privilégier l’usage », explique Arnaud Collomb, directeur commercial réseaux France de Crédit Agricole Leasing et Factoring (CAL&F). Les chefs d’entreprise français se seraient-ils brusquement convertis au socialisme libertaire de Pierre-Joseph Proudhon et sa célèbre formule « la propriété, c’est le vol » ? Loin s’en faut ! En réalité détaille Arnaud Collomb, « les entrepreneurs ont pris acte de l’accélération des ruptures technologiques liées à la révolution numérique et qui tendent à rendre en quelques années à peine un produit, comme une machine-outil par exemple, obsolète. Il est donc de plus en plus important pour les chefs d’entreprise de pouvoir changer facilement de matériel au gré des progrès technologiques, sans avoir à gérer l’épineuse question de la revente de leur matériel usagé. Les cycles d’utilisation des matériels sont donc optimisés, et l’entrepreneur peut compter sur des actifs qui restent au sommet de ce que le marché peut leur offrir ». Dans ce cadre, le crédit-bail mobilier permet de couvrir ce risque d’obsolescence. Au terme du contrat d’une durée moyenne de quatre ans et demi, l’entreprise a la possibilité de rendre au crédit-bailleur les biens mobiliers pour les remplacer par de nouveaux, plus performants. En revanche, si les biens concernés sont encore compétitifs, il suffira de les racheter à leur valeur résiduelle, représentant en général de 2 à 5 % de leur prix initial.

Une conjoncture favorable

L’autre raison susceptible d’expliquer l’engouement des entreprises pour ce financement alternatif au crédit bancaire est conjoncturel : la faiblesse des taux d’intérêt. « Le très bas niveau des taux d’intérêt a homogénéisé les offres des différents types de financement. Le financement en crédit-bail a pour avantage de permettre une réduction du montant des mensualités d’une entreprise, par le biais du mécanisme de la valeur de reprise (VR). En résumé, le crédit-bailleur accepte que son client ne fasse des remboursements que sur une partie de la valeur d’achat. C’est une aubaine pour les entreprises qui peuvent ainsi réduire significativement leurs échéances mensuelles… et un risque métier à maîtriser pour les groupes comme les nôtres », explique Arnaud Collomb. Pour lui, le crédit-bail mobilier est une solution de financement tout aussi compétitive que le crédit bancaire. A cet égard, est-ce juste d’opposer le crédit-bail ou crédit bancaire classique ? C’est une erreur, répond Olivier Ortin, président de MidCap Conseil, un cabinet de conseil financier opérationnel qui a régulièrement recours au crédit-bail mobilier. En premier lieu, explique-t-il, « ce mode de financement est souvent recommandé par la banque qui souhaite diversifier ses risques en faisant financer les actifs mobiliers de ses clients par sa filiale spécialisée sous forme de loyers ». Par ailleurs ajoute l’expert, « en optant pour le crédit-bail, le chef d’entreprise connaît sa charge fixe et préserve sa capacité d’endettement. Il conserve ainsi plus aisément son accès à l’emprunt bancaire pour financer sa croissance externe, ou plus simplement, son BFR ». Ainsi, d’un point de vue bilanciel, le crédit-bail n’accroît pas l’actif immobilisé et ne pèse pas sur la trésorerie. En revanche, du côté du compte de résultats, les loyers impactent le résultat d’exploitation et donc le résultat imposable… mais aussi les ratios de performance opérationnelle de la société. « Tout dépend donc de ce que recherche l’entreprise », résume Olivier Ortin.

Tous les secteurs sont concernés

Le crédit-bail mobilier n’est plus l’apanage des sociétés de logistique et du secteur agricole. Certes, le matériel roulant (camions, véhicules légers, tracteurs, véhicules de manutention, etc.) représente une part significative du marché avec le secteur médical et le BTP, mais de plus en plus de sociétés de services et de grande distribution privilégient cette option dans le sillage de la révolution numérique. « Les entreprises françaises ont désormais intégré opérationnellement le fait que la digitalisation de l’économie représentait pour elles une opportunité. Ainsi, à côté des traditionnels machines-outils ou camions, nous finançons de plus en plus d’outils technologiques de type tablettes, qui ont été complètement intégrés aux process de vente des commerciaux de nos clients », assure Arnaud Collomb.

Le sale and leaseback, une solution alternative

Si le crédit-bail mobilier est rentré dans les mœurs, un autre moyen de financement, encore assez méconnu, mérite l’intérêt : le sale and leaseback. Cette opération, qui consiste à céder son bien mobilier à usage professionnel à une société de crédit-bail, permet en effet de renflouer sa trésorerie tout en permettant à l’entreprise propriétaire de continuer à jouir de son bien. « Face à la réticence des banques à octroyer des crédits à long terme, des solutions alternatives, telles que le sale and leaseback (ou cession-bail) permettent aux PME et ETI de financer leurs investissements à partir de leur outil de production », confirme Jean-Baptiste Magnen, président de ChetWode, un spécialiste du financement de l’industrie. En mars dernier, ChetWode accompagné par SQN (bailleur de renommée internationale, spécialisé dans le financement d’équipements), a accordé un financement en sale and leaseback à l’équipementier automobile MBF Aluminium, portant sur des presses hydrauliques, des robots et des fours. « Cette opération de sale and leaseback contribue à financer l’adaptation et la modernisation de notre process pour les nouvelles productions, ainsi que l’acquisition de nouveaux équipements industriels ultra-performants pour répondre de façon optimale aux demandes d’un marché automobile de plus en plus exigeant », explique Manuel Martins, directeur général de MBF Aluminium. Contrairement aux apparences, ce procédé n’est en effet pas exclusivement réservé aux entreprises en difficulté ou privées de financement bancaire. Il permet en effet à l’entreprise de transformer son outil industriel en un véritable levier de croissance, par la génération de liquidités immédiatement disponibles.

Pierre-Jean Lepagnot

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