Faire carrière dans le conseil : Comment la gestion de carrière des consultants va-t-elle évoluer avec l’arrivée de nouvelles technologies ?

Temps de lecture estimé : 3 minutes

À quoi la profession de consultant ressemblera-t-elle dans 10 ans, 20 ans, voire plus ? Nous nous posons aujourd’hui cette question légitime avec un certain optimisme, mais, aussi et surtout, avec beaucoup d’incertitude (un état d’esprit bien français, à n’en pas douter). En effet, dans ce monde en mutation permanente et en perpétuelle évolution, de nombreux doutes germent dans l’esprit des futurs diplômés prêts à entrer sur le marché du travail.

Dans un monde professionnel qui subit de nombreux changements, souvent liés à l’accélération technologique, l’une des questions qui revient souvent concerne l’avenir de l’emploi et la possibilité ou non de faire carrière dans un domaine particulier. Il n’est pas rare d’entendre que des professions telles que caissier, employé de banque ou même comptable seront affectées par la révolution technologique et qu’il semble difficile d’envisager un parcours dans ces domaines.

Quid d’une carrière dans le conseil ? Considérée comme essentielle aujourd’hui par les entreprises en pleine mutation, cette profession serait-elle également menacée ? Comment le conseil va-t-il évoluer et comment les acteurs de ce domaine imaginent-ils leur carrière dans un avenir proche ?

Pour répondre à ces nombreuses questions, nous avons échangé avec M. Marc Boulay, consultant en ressources humaines depuis plus de 13 ans chez Willis Towers Watson (une multinationale connue pour ses activités de gestion des risques, de courtage d’assurance et de conseil).

Pour commencer, nous avons souhaité discuter avec lui des tendances actuelles du secteur. M. Boulay a souligné que le conseil demeure un domaine qui attire de nombreux jeunes diplômés. Soucieux de développer leur réseau, le conseil leur permet d’obtenir des missions diversifiées auprès de différents clients et de développer leurs compétences pour leur future carrière.

Lors de notre entretien, M. Boulay a particulièrement insisté sur deux points qui auront un impact sur les métiers du conseil à l’avenir : la maîtrise des nouveaux outils numériques qui accompagneront les futurs consultants tout au long de leur carrière et la nécessité de développer des compétences commerciales et comportementales afin de s’adapter aux changements.

Lorsque nous avons évoqué avec lui l’impact de ces nouvelles technologies, sa réponse a été sans détour : « Bien sûr que les nouvelles technologies ont changé notre vie quotidienne. Nous avons un accès plus rapide aux informations et aux ressources disponibles, nous pouvons également communiquer et partager nos connaissances beaucoup plus vite. »

Pour l’aider dans les différentes tâches qu’il aura à effectuer au cours de sa carrière, un consultant utilise de nombreux outils à des fins d’analyse et de recommandations, mais aussi pour lui permettre d’évoluer au sein de l’entreprise. La dématérialisation, comme l’a évoqué M. Boulay, a déjà joué un rôle important à cet égard pour les consultants. En effet, pour lui, « celle-ci a permis aux employés d’activer instantanément un réseau mondial » : pour savoir, par exemple, si un projet sur lequel il est susceptible de travailler a déjà été réalisé ailleurs.

D’après M. Boulay, les nouvelles technologies ont complètement changé la façon de travailler des consultants, avec l’avènement de la communication instantanée à l’échelle mondiale et les outils collaboratifs permettant d’augmenter la réactivité des employés. Cela a radicalement modifié le travail des consultants, qui doivent désormais répondre aux attentes immédiates des clients et satisfaire une demande d’instantanéité. En conséquence, il s’avère que les nouvelles technologies, notamment les big data et l’intelligence artificielle, aident les consultants dans leur analyse des besoins de leurs clients. M. Boulay l’illustre à l’aide d’une étude qu’il a menée sur l’absentéisme où les outils d’analyse des données ont permis à son équipe d’établir des liens entre des données complexes et d’autres données qui semblaient au départ décorréllées.

Des outils tels que l’IA, mais aussi plus simplement les logiciels mis à disposition des consultants, allègent leur routine quotidienne en accomplissant pour eux les tâches les plus répétitives, leur permettant ainsi de consacrer plus de temps à l’analyse et à créer du lien, ce qui représente une évolution importante du métier de consultant.

Évoquons à présent la question de l’évolution des outils au sein du département des ressources humaines, qui a un impact direct sur la carrière des consultants.

Aujourd’hui, une grande partie du processus de recrutement s’effectue de manière numérique et parfois même de façon automatisée, notamment en ce qui concerne la lecture et le tri des CV. De la même façon, les évaluations et le suivi des compétences sont traités par des outils informatiques de plus en plus automatisés, ce qui permet aux consultants de faire évoluer leur carrière en fixant des objectifs mesurables. Toutefois, ce support est pour le moment commun à tous les employés, et ne peut pas encore être personnalisé. C’est sans doute la prochaine étape de l’évolution des outils visant à aider chaque employé à booster sa carrière. En intégrant l’IA au plus près de l’évolution des employés, il sera possible d’obtenir de meilleurs résultats, tant sur le plan économique qu’humain.

Mais à cette fin, M. Boulay insiste sur un point : pour faire face à l’évolution permanente des outils mis à sa disposition pour l’accompagner dans son travail et, surtout, dans sa carrière, il doit se montrer agile et capable de s’adapter rapidement à de nouveaux outils, tout en restant performant.

Lorsque nous lui avons demandé : « Décrivez en 3 mots le consultant du futur », M. Boulay n’a pas hésité : « Polyvalence, résilience et agilité ». Polyvalence, car il ne pourra pas toujours évoluer dans un seul domaine d’expertise. Son employeur souhaitera le voir en action dans plusieurs domaines. Résilience, parce qu’il devra accumuler une masse considérable de connaissances et d’informations dans un temps limité. Et enfin, agilité, car il lui faudra sortir des sentiers battus et (ré)apprendre constamment des outils ou des techniques. M. Boulay a particulièrement insisté sur ce dernier terme lors de notre entretien, pour une raison bien précise : « Ce que j’ai appris il y a 6 mois sur un outil est déjà dépassé, et je dois être conscient de la manière dont il a évolué ». Il résume parfaitement la situation en une phrase : « Le consultant de demain devra avoir la capacité d’apprendre et d’oublier ». Avant d’ajouter : « Nous devrons nous adapter en permanence à des évènements que nous ne pouvons pas prévoir ». Si cette phrase peut sembler au premier abord assez pessimiste, elle laisse également entrevoir de grandes opportunités pour l’avenir, notamment grâce aux nouvelles technologies qui jouent déjà un rôle de premier plan dans la carrière des consultants.

Cinthiya CHANEMOUGAME, Sébastien CACHEUX et Augustin du BESSET,
Étudiants Audencia Business School

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