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Le signal faible n’est pas en lui-même et par lui seul un outil d’anticipation. Mais, obligé d’être partagé par celui qui l’a acquis, il permet de mobiliser des savoirs, il oblige à être analysé et, alors, il permet de lire l’avenir.
L’utilisation prospective des signaux faibles est délicate. Nous avons vu (cf. nos deux chroniques précédentes) que leur acquisition passe autant par les oreilles ou le stylo que les émotions du récepteur. Impossible de partager cette intimité avec le reste de l’entreprise. Les signaux faibles resteraient-ils bloqués dans le cerveau de l’acquéreur ?
Non. Car ces signes d’imprévus déclenchent des préoccupations dans son esprit. Comme un « coup de projecteur » nouveau sur un dossier, comme un processus rétrospectif qui appelle l’expérience en renfort pour explorer d’autres possibilités. Le signal faible provoque un choc dans le système informationnel du récepteur. Il joue un rôle libérateur pour son esprit, un déclencheur de construction de sens qui mobilise pour analyser ce qui pourrait se passer demain, pour construire une stratégie dans le futur. Tant l’anticipation est consubstantielle à tout être vivant, comme l’a montré Alain Berthoz, professeur au Collège de France.
Mais ce moment ne peut être solitaire. Le récepteur, dans un premier temps, n’a peut-être pas conscience du signal faible acquis. Il est gêné par sa présence, dans une sensation proche de celle d’un minuscule caillou dans son soulier. Il va alors tenter d’en parler pour se débarrasser de cette gêne. Notamment à des proches, comme nous l’avons montré à propos des dirigeants de grandes entreprises. C’est dans ce dialogue que se construit l’information. Celle-ci est, par définition, une construction par l’individu, à travers un processus mental structuré d’interprétation de signes et de messages. Le récepteur du signal évoquera ce « coup de projecteur », ces hypothèses. Alors se construira l’information pour demain.
Mais ce dialogue, ce partage dans toute sa complexité, exige au préalable, pour donner toute sa mesure, un « travail sur soi », comme l’ont entamé pour cette raison de nombreux dirigeants de petites et de grandes entreprises. Alors l’indicible peut être dit. Les émotions verbalisées. Il convient également de mettre en place des processus de management permettant de diffuser cette information dans l’entreprise, afin qu’elle permette efficacement de préparer demain.