Temps de lecture estimé : 2 minutes
Le président de la République a choisi de faire entrer, le 9 octobre 2025, Robert Badinter au Panthéon. C’est un choix éminemment respectable, s’agissant d’un avocat qui porta haut le combat pour l’abolition de la peine de mort dans notre législation.
Après François-Denis Tronchet – avocat, rédacteur du Code civil –, Jean-Étienne-Marie Portalis – avocat, autre « père » du Code civil –, Léon Gambetta – avocat et homme d’État –, et Jean Zay – avocat et ministre du Front populaire, panthéonisé en 2015 –, il sera le cinquième avocat à rejoindre les voûtes froides construites par Soufflot.
Mais ce qui est proprement incroyable, c’est que sur les 83 personnalités panthéonisées, il n’y a toujours aucun industriel, aucun entrepreneur. Comme si l’économie, l’innovation et la production restaient étrangères au sacré républicain. Ce vide constitue un signe patent du désaveu de la nation envers ceux qui, par leur travail et leur audace, ont bâti la puissance industrielle de la France.
Pourtant, les noms ne manquent pas : Louis Vicat, François Michelin, Joseph Monier, Armand Peugeot, Marcel Dassault ou encore Marcel Mérieux.
Emmanuel Macron, qui a déjà fait entrer sept personnalités au Panthéon, pourrait utilement combler cette lacune en acceptant la demande de la famille d’André Citroën, qui plaide à juste titre pour cette reconnaissance d’un génie de l’industrie française conquérante.
André Citroën fut l’un des plus grands industriels français du XXᵉ siècle. Ingénieur formé à Polytechnique, il fonde au début du siècle son entreprise d’engrenages à chevrons, dont le logo deviendra l’emblème de sa marque. Pendant la Grande Guerre, il bâtit en un temps record une usine d’armement sur le quai de Javel, démontrant une capacité d’organisation hors norme.
Après 1919, il se lance dans l’automobile et bouleverse le marché en introduisant la production en grande série à l’américaine, adaptée au génie français. Visionnaire, il démocratise l’automobile, invente le service après-vente, les crédits à l’achat, et comprend avant tous l’importance du marketing, allant jusqu’à illuminer la Tour Eiffel au nom de Citroën.
Audacieux jusqu’à la témérité, il lance en 1934 la Traction Avant, une révolution technique qui précipite sa ruine mais consacre son génie. Mort en 1935, à 57 ans, il laisse derrière lui une marque mythique et une empreinte indélébile dans l’histoire industrielle française.
Sans héros reconnus, l’économie de production française ne retrouvera pas pleinement son rayonnement. Les jeunes générations ont besoin de figures incarnées pour se projeter et s’engager, et non de rester dans l’anonymat. En l’espèce, les symboles comptent.































