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Sur un an en septembre la hausse des prix à la consommation a tutoyé les 5 % en France. L’inflation frappe de plein fouet les ménages les plus précaires. La hausse du coût des matières premières a bon dos, certaines entreprises tirent profit de la situation.
« Inflation temporaire », lançait le ministre de l’Économie Bruno Le Maire le 17 novembre 2021. Le même qui parlait d’un pic d’inflation « déjà atteint » en juin 2022, la Première ministre Élisabeth Borne renchérissait en août 2023. Les chiffres sont têtus, et l’inflation reste en France à des niveaux inquiétants. À hauteur de 4,9 % en septembre sur un an selon l’Insee, et la hausse des prix à la consommation atteint même 10,5 % sur deux ans (entre août 2021 et août 2023) révèlent nos confrères de L’Humanité. Pas de chance pour les pauvres de France, le temporaire s’éternise.
Plus d’un tiers des habitants du pays affirment ne plus pouvoir se procurer une alimentation saine, lui permettant de faire trois repas par jour, constate le 17e baromètre d’Ipsos et Secours populaire de la pauvreté et de la précarité. Une autre étude qui fait froid dans le dos : l’inflation tue. Outre-Manche, le nombre de décès précoces (moins de 75 ans) pourrait augmenter de près de 6,5 % en raison de la crise du coût de la vie au Royaume-Uni, révèle le « British Medical Journal » (BMJ). Et selon ces mêmes recherches, les ménages les plus défavorisés vont être quatre fois plus frappés que les ménages favorisés.
Le phénomène est d’autant plus révoltant qu’il pourrait être évité ? Car oui, nombre d’entreprises surferaient sur cette vague d’inflation. Sur ce point, le Fonds monétaire international et la France insoumise accordent leurs violons, c’est dire… « L’inflation n’est pas due à des causes naturelles contre lesquelles on ne peut rien faire, […] elle est due pour moitié à l’augmentation des profits des grandes entreprises […] Ce n’est pas acceptable », dénonce le coordinateur de LFI Manuel Bompard. Malgré leurs excès sur nombre de sujets, difficile de ne pas donner raison aux Insoumis, le FMI l’observait aussi quelques mois plus tôt : « En chiffres, depuis 2022, la hausse des profits est responsable de 45 % de l’inflation, contre 40 % pour les coûts d’importation (essentiellement énergie et matière première) et seulement 25 % pour la hausse des salaires. »
Dit autrement, en théorie les entreprises, qui subissent la hausse du coût des matières premières ou des coûts de l’énergie, appliquent cette augmentation sur les prix de ventes des produits. Logique, car elles font tout pour garder leurs marges équivalentes : les coûts augmentent, donc les prix aussi, et le bénéfice reste le même. Problème, dans les faits, cette logique comptable a du plomb dans l’aile. Les entreprises, en remarquant que certains consommateurs maintiennent leur niveau de consommation (et ce malgré une forte hausse des prix), continuent à gonfler leurs prix même lorsque les coûts des matières premières baissent. Ici, le bénéfice n’est donc plus maintenu, il augmente… Inflation pour les uns, profit pour les autres !
Exit donc l’inflation « naturelle », place à une hausse des prix créée par la cupidité, (la greedflation disent les Américains). Sans oublier la « shrinkflation », pratique sournoise mais légale qui consiste à réduire le poids des produits, tout en les vendant au même prix, voir plus cher. Certains ménages n’y voient que du feu.
Dans cette France des chariots vides, où les assos d’aide alimentaire peinent à assurer leur mission de solidarité, les dividendes versés aux actionnaires se sont envolés en France en 2022 : +13 %, ce qui confirme la hausse des profits engrangés par les stars du CAC 40. Un pays à deux vitesses où riches et pauvres vivent côte à côte. Gare à l’explosion des inégalités, souvent à la racine de graves crises sociales.