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Le syndrome du clocher
Les Anglais ont toujours excellé dans le marketing et le storytelling à outrance, en témoigne encore le battage médiatique autour de Leicester City, qui a remporté le championnat de football outre-Manche. L’équipe, en damant le pion aux grosses écuries, aurait mis à mal le « foot business » ? Que nenni, n’en déplaise aux scribouillards buveurs de thé. De petit Poucet, il n’en est nulle question. Le club de cette « petite ville ouvrière des Midlands » a quand même dépensé 50 millions d’euros en indemnités de transferts, autant que Lyon et Marseille réunis. Sur les deux dernières saisons, Leicester pointe à la huitième place des clubs anglais les plus dépensiers, avec un propriétaire milliardaire thaïlandais qui encourage les Foxes dans les tribunes de son King Power Stadium – selon la technique du naming de stade – et qui repart en hélicoptère. La ficelle était grosse, mais quelques nostalgiques du football de clocher, aussi naïfs que les chevaliers français chargeant sous les flèches des archers gallois lors de la bataille d’Azincourt, y ont cru mordicus. L’organisation de l’Euro 2016 en France et l’anniversaire des 40 ans de l’épopée des Verts de Saint-Etienne donnent de la voix aux tenants d’un prétendu âge d’or du football, moins mondialisé, à l’abri de l’arrêt Bosman, plus local et artisanal. Dans tous les secteurs se trouvent ces adeptes du passé qui courent après une chimère et sont les plus rétifs au changement. C’est cet état d’esprit qu’EcoRéseau Business tente de combattre, en leur démontrant que nombre de dysfonctionnements sont résolus par l’innovation. Salaires colossaux décorellés de la productivité ? Le Football Club Lorient a mis au point une nouvelle manière de rémunérer les joueurs, comme Pierre Rondeau, économiste auteur de « Coût… Franc » le présente dans Prospective. Clubs surendettés et trop dépendants de la vente de joueurs ? Les sources de revenus sont diversifiées dans certains clubs et le capital immatériel est optimisé, comme expliqué dans le Grand Angle. Dans A la Une, le journal met l’accent sur ces start-up qui les aident : Footovision – qui aide les staffs techniques à décortiquer les scènes de jeu, fournit des data de position des joueurs pour analyser les schémas de jeu –, My Coach Football qui numérise le travail de l’entraîneur, Natural Grass qui met au point des pelouses microfibres synthétiques, Tech’4’Team qui permet de réaliser du yield management pour les billetteries… Certains se lamentent, d’autres cherchent des solutions, dans le football ou ailleurs. L’Electron Libre Alexandre Jardin avec son mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre, ou le philosophe Bernard Stiegler qui explique dans le Regard Digital ses expérimentations pour un autre avenir numérique en sont des exemples. Le tout est d’essayer et d’être agile, comme Sébastien Forest en Culture du Rebond, qui a fondé Alloresto, a échoué puis a su réinventer avec succès le service de livraison de plats à domicile. Tous ont oublié de s’insurger stérilement ou de manifester violemment. Ils tentent. Dans le football ils ne se contentent pas de regretter nonchalamment une époque, regardant aussi le clocher avec envie… pour en inventer un mécanisme plus performant. Bonne lecture et bon Euro !
Jean-Baptiste Leprince
Fondateur & directeur de la publication
Julien Tarby
Rédacteur en chef