Déficit public : l’état d’urgence

déficit
Crédits : Shutterstock

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Vers un déficit public à 5,7 % du PIB en 2024 ?

Les finances de la France traversent une phase critique. Le déficit est hors-contrôle. Comment redresser la barre au plus vite ?

Dérapage non contrôlé. Selon le sénateur LR Jean-François Husson, le ministère des Finances envisage un glissage du déficit public à 5,6 % du PIB en 2023, 5,7 % en 2024 et 5,9 % en 2025. Bruno Le Maire dément. Peut-il faire autre chose pour ne pas affoler les marchés financiers ? Jean-François Husson, autorisé par sa fonction de rapporteur du Budget, a pu constater la gravité de l’enjeu en ayant directement accès aux chiffres.

La députée PS Valérie Rabault, également spécialiste des questions budgétaires, estime pour sa part sur Franceinfo que la situation est « surréaliste ». « Un déficit de 5,6 % du PIB pour 2023 contre 4,9 envisagé, c’est vertigineux […] Quand on a 0,7 point de PIB de déficit en plus, on est autour de 18 milliards de plus. C’est quand même quelque chose qui est très important ». Rappelons que les critères de Maastricht fixent le déficit maximal autorisé à 3 % du PIB au titre des critères de convergence…

Une réunion de crise qui ne débouche sur rien

« On doit faire face à un choc économique conjoncturel lié notamment à la géopolitique. On assume et on dit la vérité aux Français », a déclaré Emmanuel Macron mercredi 20 mars, lors d’une réunion en petit comité. Étaient présents les principaux responsables de la majorité, de Le Maire à Darmanin en passant par Bayrou et Vautrin. Il est frappant d’apprendre qu’avant de parler des déficits et de la manière de redresser les finances publiques, ladite réunion traita du sujet… des mauvais sondages de la liste macroniste aux européennes !

Étonnant mélange des genres qui laisse à penser que la politique politicienne passe avant les grands enjeux du pays. Tout cela donne une incroyable image de légèreté. Le Monde révèle d’ailleurs cette phrase de Gérald Darmanin, lancée en petit comité à Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics : « Bon courage, le président n’en a rien à secouer de ton sujet ».

Chaque membre du gouvernement est ainsi invité à proposer des mesures d’économies. Yaël Braun-Pivet, comme souvent assez frondeuse, osa défendre l’idée d’une sous-indexation des retraites vis-à-vis de l’inflation, tabou absolu d’une macronie à l’électorat toujours plus vieillissant. Sylvain Maillard et Jean-Paul Mattei, respectivement présidents des groupes Renaissance et MoDem à l’Assemblée nationale, proposèrent… d’augmenter les impôts. Très original !

Les pistes de la Cour des comptes

Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, était vendredi 22 mars l’invité de RMC. S’alarmant d’une « montagne de dettes » – il ne fut pourtant pas le dernier à la creuser lorsqu’il était lui-même ministre de l’Économie et des Finances – le mandarin estime la situation « très préoccupante », rappelant ensuite que « la France n’est pas en faillite ». Il rappelle ensuite les trois moyens possibles pour réduire les déficits. « La croissance, qui permet de générer plus de recettes », « les impôts, la fiscalité […] le débat fiscal n’est pas tabou », et, seulement citée en troisième, « la maîtrise des dépenses publiques ».

De son côté, Marine Le Pen a beau jeu de fustiger le gouvernement en place, comme récemment sur France Inter : « Je trouve honteux l’incompétence de ce gouvernement dans le domaine financier où pourtant, on leur avait fait une réputation de Mozart. Ils étaient des gens extraordinaires, ils allaient nous sauver… Jamais on a eu des chiffres aussi épouvantables, il faut quand même le dire ».

La France reste la lanterne rouge de la zone euro en matière de déficits publics, faisant pire que la Grèce et l’Italie. Il est difficile d’agiter comme excuses la pandémie ou la guerre d’Ukraine, puisqu’aux dernières nouvelles, les pays qui nous entourent subissent également cette même conjoncture… Et s’en sortent mieux. Une chose est certaine : il est très probable que les classes moyennes puissent s’assoir sur « les deux milliards d’euros de baisse d’impôts » promis par l’exécutif depuis 2022.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.