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Après une longue attente et de nombreuses spéculations, le verdict est enfin tombé pour Atos.
Le groupe informatique français, lourdement endetté, a annoncé mardi qu’il acceptait l’offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, écartant ainsi la proposition de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky.
« Atos travaillera avec le consortium Onepoint (emmené par David Layani) pour parvenir à un accord définitif de restructuration financière qui sera ensuite mis en œuvre par le biais d’une procédure accélérée dédiée d’ici à juillet 2024 », a indiqué Atos dans un communiqué. L’offre de Onepoint, qui bénéficie du soutien de nombreux créanciers financiers d’Atos, assure ainsi une plus grande certitude quant à la conclusion de cet accord.
Une crise financière prolongée
Embourbé dans une crise financière depuis près de trois ans, Atos a vu sa valorisation boursière chuter à des niveaux inédits, descendant sous le seuil des 2 euros. En février, l’entreprise avait alors initié une procédure de restructuration sous la direction de l’experte en redressement Hélène Bourbouloux, notamment connue pour son travail sur les dossiers Casino et Orpéa.
Pour maintenir son activité, Atos avait alors déclaré avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour la période 2024-2025 et visait à réduire sa dette brute de 3,2 milliards d’euros, contre actuellement à 4,8 milliards d’euros. C’est donc dans ce contexte que de nombreuses offres ont vu le jour.
Une bataille acharnée
Pourtant, l’offre de Onepoint, en concurrence avec celle de Daniel Kretinsky, allié au fonds Attestor, est celle qui a finalement été retenue. David Layani, patron de Onepoint, associé à l’homme d’affaires Walter Butler, à la société Econocom et à plusieurs créanciers, a ainsi mené une intense bataille en coulisses afin d’avoir le dernier mot. Notons d’ailleurs que cette rivalité a retardé à plusieurs reprises le calendrier fixé par la direction d’Atos.
L’offre de Onepoint prévoit un effacement de la dette à hauteur de 2,9 milliards d’euros, convertis en fonds propres. En outre, elle inclut un apport de 1,5 milliard d’euros sous forme de dette et une augmentation de capital de 250 millions d’euros. Cela aboutira à une nouvelle répartition du capital avec 21 % pour le consortium mené par Onepoint et 9 % pour les titulaires d’obligations.
De nombreuses tentatives
Kretinsky, après de longues discussions et deux révisions de son offre, n’a pas réussi à convaincre les créanciers d’Atos. Ce revers marque un rare échec dans la trajectoire ascendante de l’homme d’affaires tchèque, qui poursuit toutefois ses acquisitions, notamment l’opérateur postal britannique Royal Mail pour 4,2 milliards d’euros, 20 % des activités sidérurgiques de Thyssenkrupp et le contrôle du distributeur français Casino.
David Layani, de son côté, après avoir échoué à racheter les activités stratégiques d’Atos en 2022 et être devenu le premier actionnaire avec 9,9 % puis 11,4 % du capital fin 2023, réussit enfin son pari. Onepoint, avec ses 3 300 employés et un chiffre d’affaires revendiqué de 500 millions d’euros, s’est imposé face à Daniel Kretinsky, dont l’empire s’étend sur les secteurs de l’énergie, de la distribution et des médias.
L’intervention de l’État français
En parallèle de cette restructuration financière, l’État français a réaffirmé son intention d’acquérir les activités jugées stratégiques d’Atos. Ces activités incluent alors les supercalculateurs pour la dissuasion nucléaire, des contrats avec l’armée française et également des produits de cybersécurité. Ainsi, une offre pour acquérir ces branches, valorisées entre 700 millions et 1 milliard d’euros, est attendue pour mi-juin.
De plus, rappelons que le ministère de l’Économie a accordé un prêt de 50 millions d’euros à Atos et acquis une action de préférence pour mettre son veto à certaines opérations de Bull, la filiale spécialisée dans les supercalculateurs.
Un rôle crucial pour les JOP-2024
Enfin, partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos jouera un rôle clé lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 de cet été. Le groupe sera responsable de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats et de la cybersécurité, confirmant son importance dans le secteur technologique.
Ainsi, avec l’acceptation de l’offre de Onepoint, Atos espère tourner la page de sa crise financière et assurer sa pérennité. Cette décision marque donc un tournant pour l’entreprise, qui devra maintenant mettre en œuvre les mesures nécessaires pour redresser sa situation et continuer à jouer un rôle clé dans le secteur technologique mondial.