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Daniel Kretinsky espère mettre la main sur la Royal Mail.
Énergies, grande distribution, médias, édition, sports et demain secteur postal… Quel est le secret de l’industriel tchèque ?
Dès qu’il y a quelque chose à acheter quelque part, il est là. On exagère à peine. M6 ? Le Monde ? Casino ? Editis ? Atos ? Fnac Darty ? TF1 ? Pêle-mêle, voilà une liste non-exhaustive des actifs auxquels il s’est intéressé, parfois dans la durée, parfois non. Exemple avec ses parts dans le groupe Le Monde, qu’il revendit à Xavier Niel en 2023, après avoir un temps espéré en devenir l’actionnaire principal. Il se séparera bientôt de Marianne, son premier fleuron acquis dans la presse française, qu’il va revendre à Pierre-Édouard Stérin, président-fondateur d’Otium capital. Un jour, il envisage aussi de racheter 10 % du capital de TF1, rencontre Martin Bouygues qui l’en dissuade… Le magnat de Bohême se contentera de 5 %. Moins hostile. Et puis l’homme contrôle aussi Editis et Fnac Darty, devenant ainsi incontournable dans le monde de l’édition.
Des projets en veux-tu en voilà
Depuis quelques jours, on sait aussi que Kretinsky est candidat à la reprise d’un canal de la TNT. Le projet reste pour l’instant inconnu. Il s’intéresse désormais surtout à M6, qu’il espère toujours pouvoir racheter au groupe luxembourgeois Bertelsmann. Kretinsky devra affronter l’autre figure montante des médias français, Rodolphe Saadé, également sur le coup. Ah oui et tant qu’il y était, Kretinsky a également consenti à accorder un prêt de 14 millions d’euros à Libération.
Le carburant de son groupe demeure le charbon, pilier principal de sa fortune. EPH, sa société historique, est la clef-de-voûte du secteur énergétique à l’Est de l’Europe. Il y a encore quelques jours, on apprenait qu’il s’emparait de ThyssenKrupp, géant de l’acier allemand. Kretinsky aime aussi le sport, il est en possession de 27 % des parts de West Ham et de 40 % du Sparta Prague. Il investit par ailleurs dans FootLocker (12 %). La grande distribution l’intéresse également : le stratège a pris le contrôle majoritaire de Casino et possède déjà 40 % des parts de Metro, 10 % du britannique Sainsbury’s et 40 % du leader tchèque de la grande distribution, Mall Group.
Kretinsky rêve de la Royal Mail, joyau de la Couronne
Voilà un bouquet d’activités qui ne craint pas le manque de diversification. Mais ce panel déjà très large, à cheval sur tout un continent, ne semble guère suffire à ce grand discret qui goûte assez peu les sunlights. Sa prochaine grande affaire est une promesse : la Royal Mail, rien de moins que… la poste britannique ! Précisons que cette société a été privatisée dans les années 2010. Le gouvernement britannique continua d’en posséder 30 % des parts jusqu’en 2015, date à laquelle il décida de vendre ses participations.
S’il veut s’emparer de cette entreprise mythique, Kretinsky devra respecter un cahier des charges très scrupuleux. Maintien du siège social au Royaume-Uni, tournée six jours sur sept, sauvegarde des emplois des 150 000 postiers, dialogue avec les syndicats… International Distributions Services (IDS), maison-mère de la société, étudiera son offre de 3,5 milliards de livres (4,1 milliards d’euros) avec une scrupuleuse attention. Mais IDS ne ménage guère le suspense, annonçant déjà qu’elle comptait « recommander » Kretinsky auprès de ses actionnaires. Le Pragois possède déjà 25 % des parts et envisage d’en détenir demain jusqu’à 100 %.
Sans surprise outre-Manche, le grand quotidien de gauche, The Guardian, s’indigne d’une proposition « problématique sous tous les angles ». Même The Times, pourtant plus conservateur, estime qu’il faudra opposer à ce projet « une attention minutieuse ». Pourtant, le « sphinx tchèque », comme le surnomme désormais la presse anglaise, montre plutôt de bons résultats dans ses acquisitions passées. Pourquoi s’inquiéter ?