Femmes, victimes climatiques !

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Qui sont les premières victimes de la dérégulation climatique ? Les femmes. Et c’est pourquoi nous devons agir.

« Il m’est apparu progressivement évident, au fil de ma longue expérience des combats écologiques et de ceux portés pour le respect des femmes, qu’il y a, entre les violences faites aux femmes et les violences faites à la nature, une vraie ressemblance », écrivait Ségolène Royal en 2019 dans une tribune destinée au Figaro.

Selon un rapport récent de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Unjust Climate (Le Climat est injuste), les vagues de chaleur et les inondations atteignent différemment les femmes et les hommes. Les graves conséquences du changement climatique sont sans commune mesure sur les revenus des femmes rurales et des personnes pauvres, car leur capacité de réagir et de s’adapter aux événements météorologiques extrêmes n’est pas égale à celle des autres catégories sociales.

L’incidence encore mal comprise

L’organisation onusienne a analysé les données socioéconomiques de plus de 100 000 foyers ruraux, représentant plus de 950 millions de personnes, dans 24 pays. En croisant ces informations avec les données pluviométriques et thermiques quotidiennes sur 70 ans, elle a mis en évidence l’impact du stress climatique sur les revenus et les stratégies d’adaptation des personnes. Ces données révèlent que les effets diffèrent non seulement en fonction du sexe mais aussi de la condition économique.

Le changement climatique contraint les paysans à recourir à des stratégies d’adaptation qui se soldent souvent par une baisse de leurs revenus, le bradage de têtes de bétail et une conversion des dépenses nécessaires à l’exploitation agricole.

Ainsi chaque année, les femmes paysannes subissent des préjudices financiers plus importants que leurs homologues hommes. La perte de revenus annuels est supérieure dans ces foyers de 8 % à celle des ménages dirigés par un homme. Pour M. QU Dongyu, directeur général de la FAO, « Les différences sociales que créent la situation géographique, le niveau de ressource, le sexe et l’âge ont une forte incidence, encore mal comprise, sur la vulnérabilité des populations rurales aux effets de la crise climatique ».

Une vulnérabilité bien particulière

Le rapport constate que cette vulnérabilité des populations rurales face au climat est à peine mentionnée dans les plans climatiques nationaux. Dans les plans d’adaptation des 24 pays analysés, seuls 6 % des 4 164 propositions d’action pour le climat mentionnent les femmes, et moins de 1 % invoquent les pauvres.

Donc, il est temps que la communauté internationale s’engage dans la mise en place de politiques publiques prenant en compte les multiples enjeux de l’adaptation des populations rurales face aux conséquences des événements météorologiques  extrêmes. Des interventions ciblées sont nécessaires, pour doter ces différentes populations des moyens pour affronter la crise climatique. Rappelons que celle-ci n’aggrave pas seulement les inégalités entre les sexes, entre les catégories sociales et entre les générations mais provoque des réductions de la productivité agricole qui se répercutent sur les systèmes agroalimentaires et menacent la sécurité alimentaire mondiale.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.