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Elle serra sa main un peu plus fort, et je me tournai vers elle en souriant. Sa petite moue attendrissante me donnait toujours le sourire, même aujourd’hui.
« Allons-y, il nous attend », lui dis-je simplement.
Nous marchions quelques instants. Le parc était resplendissant. Le soleil traversait les feuilles des platanes et donnait une couleur ocre au petit chemin pavé que nous empruntions. L’atmosphère qui se détachait de cet endroit était vraiment spéciale. Tout était pour ainsi dire parfait. Chaque arbre était grand et fort, les immenses bosquets de fleurs resplendissaient de leurs couleurs chatoyantes. La brise était douce et réconfortante. Nos sens se laissaient aller au fil de notre marche, et nous aurions presque pu oublier pourquoi nous étions là. Mon cœur se serra, et j’eus du mal à retenir quelques larmes.
Sa petite main tira ma jupe. Je me ressaisis vite, balayant chacun de mes doutes. Je prenais la petite fille dans mes bras, et la regardais tendrement avant de déposer un baiser sur sa joue. Puis ses yeux se figèrent et un grand sourire illumina son visage de bambin. Je me retournai et je le vis.
Il n’avait pas changé depuis trois ans, son costume était le même. En même temps, comment aurait-il pu ? Il s’avança et regarda notre fille avec tendresse.
« Maya, voici ton papa », chuchotais-je, la voix nouée par l’émotion.
Après de longs échanges, une voix me siffla la fin de la rencontre. Je me réveillais avec ma fille, les assistantes nous retirant tour à tour le petit patch « MEMORYS » de nos nuques. Maya, trois ans, venait de rencontrer son père pour la première fois, tombé au combat quelques mois avant sa naissance.
Pauline Drouilly
Master 1 à l’ISC Business School Paris
Avis d’expert : Pierre Barreaud, directeur des entreprises étudiantes à l’ISC Business School
« Apprendre aux étudiants à écrire leur propre histoire »
Le concours de micro-nouvelles se base sur la créativité. Comment l’encouragez-vous au sein de votre école ?
J’encadre 18 entreprises ou associations qui réalisent plus de 180 projets par an dans plusieurs univers : sport et industries créatives, consulting et concours, entreprises internationales, entrepreneuriat social, multimédias et mode, soit 700 étudiants qui sont impliqués dans une vraie logique entrepreneuriale. La valeur n’attend pas le nombre des années. Notre infrastructure via le « learning by doing » laisse s’exprimer la créativité des étudiants dans son sens large. Cela représente une infrastructure en dur de 1600 mètre carrés et un budget de 400000 euros par an. Cela s’inscrit aussi dans l’ADN de l’école : nous libérons une demi-journée chaque jour qui est alors consacrée aux associations étudiantes. Et le jeudi y est totalement dédié.
Comment faites-vous grandir vos étudiants pour qu’ils deviennent entrepreneurs ?
Ils gagnent en expérience professionnelle chaque jour et mettent en œuvre ce qu’il ont appris le matin. Pour tous les « deuxième année », on a un track dédié pour les membres de bureau ou dirigeants d’association. Pauline Drouilly (la lauréate de ce mois, NDLR), a été pendant un an présidente du bureau des arts. Cela permet un renforcement des « hard skills » mais consiste également en un formidable laboratoire d’expérimentations pour les étudiants et les professeurs en matière de « soft skills », sur le jugement et la prise et de décision, sur comment cultiver l’intelligence émotionnelle, etc. Entre autres, ISP Network, agence d’intérim pour les étudiants réalise 400000 euros de CA avec des dirigeants de 21 ans en moyenne. Ces différents projets sont de vrais accélérateurs de maturité.
Si beaucoup se disent qu’être entrepreneur c’est tentant avant d’y participer, la plupart des étudiants dans cet environnement sécurisé, qui possède un historique de 50 ans, y prennent goût concrètement.
Univers sécurisé versus notion de risque : comment conciliez-vous ces deux notions contradictoires ?
Cette expérience décuple l’employabilité et donne un niveau de confiance dans la capacité des étudiants à faire et à aller vers l’inconnu. Nous renforçons aussi cet esprit d’initiatives via des Boot Camps. Cet écosystème leur permet de concrétiser l’engagement entrepreneurial qui entraîne toujours des droits et des devoirs. On permet cette prise de conscience. Et quand ils arriveront un an plus tard sur le marché de l’emploi, ils auront déjà vécu une expérience de management, de leadership, voire même de risque personnel. Cela reste un exercice difficile même si l’univers est maîtrisé. Pour renforcer leur bagage, nous les formons à des « business cases » réels d’associations étudiantes. Puis, nous apportons du conseil à la demande en trésorerie, comptabilité, stratégie, etc. Notre but est d’aider les étudiants à écrire leur propre histoire. D’autant que ces entreprises étudiantes jouent le rôle de passerelle et de pré-incubateur vers Route 66, notre dispositif d’incubation.
Propos recueillis par G.F