The show will go on !

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Par Christophe Bernagoult, Sophie Clémence, Aurélie Gorge et Karina Séverin, Audencia Executive MBA.
Covid-19 : menace ou opportunité pour les entreprises culturelles ? Quatre acteurs témoignent : David Nouaille, directeur général adjoint du Puy du Fou, Petra Kollner, responsable de coordination exploitation des Machines de l’Île, branche de la société publique du Voyage à Nantes, Olivier Collin, gérant du théâtre Beaulieu de Nantes, Cédric Crémadès, firecteur des associations culturelles, artistiques et sociales Jaspir et Jaspir Prod.

« Quand on a préparé cette saison, jamais on n’aurait imaginé qu’elle devienne ce qu’elle est devenue ! Tout s’est arrêté d’un coup en mars 2020, ce qui a stoppé instantanément notre activité et anéanti toute la stratégie initiale. La nouvelle étape : se battre pour rouvrir et sauver ce qui pouvait l’être », témoigne David Nouaille du Puy du Fou dont le chiffre d’affaires et le nombre de visiteurs ont été divisés par deux. Chez Jaspir, dont les revenus sont basés sur le mécénat et la production musicale, Cédric Crémadès comptait déjà 230 000 euros de pertes rien qu’en avril 2020 avec le report de toutes les tournées : « Un très gros travail pour aller chercher la moindre aide a dû être accompli. On a réussi à compenser la majorité des pertes. Un véritable exploit ! »

Les mesures décidées par l’État ont permis de maintenir la tête hors de l’eau en 2020 : « Très vite s’est dessiné un schéma pour nous aider à tenir et pour payer les charges. L’État nous a beaucoup aidés. J’ai confiance dans leur stratégie. Ils ne vont pas nous lâcher », souligne Olivier Collin du théâtre Beaulieu. Grâce à ces aides, les Machines de l’Île et le théâtre Beaulieu ont pu traverser 2020 sans licenciements. « Jean Blaise, DG du VAN, a décidé de maintenir les salaires lors du chômage partiel et nous avons reporté nos recrutements aux périodes de réouverture », décrit Petra Kollner. Pour Jaspir, qui a dû suspendre son activité de label de production musicale, ces dispositifs ont permis de limiter les licenciements : « En mai 2020, nous avions prévu de “sucrer” cinq postes au vu de nos pertes. Mais avec les aides, on n’a pu supprimer que les deux postes associés au label. En parallèle, on a optimisé avec du temps partiel. »

Penser hors du cadre

La pandémie a aussi produit un fort impact sur l’organisation du travail et le moral des employés. « La première vague, ça nous est tombé dessus. Il y a eu beaucoup de désorganisation. Aujourd’hui, avec la seconde, on sait ce qu’il faut faire. On a mieux organisé le chômage partiel et le télétravail », témoigne Petra Kollner. Au Puy du Fou, explique David Nouaille, « lorsque le confinement a été déclaré, des centaines de personnes n’avaient pas encore signé leur contrat. Pour être prêts à repartir, nous avons fait signer l’ensemble des talents pour être sûrs qu’ils seront disponibles à la reprise. Nous allons surmonter cette épreuve et nous y parviendrons ensemble ! » Pour Jaspir, le constat est différent : « Humainement, l’équipe était totalement abattue. Surtout les quinze premiers jours de confinement. C’était très difficile pour les commerciaux qui ne faisaient qu’annuler et reporter les événements. Ils ne trouvaient plus de sens à leur travail. On a créé des binômes et chacun est allé sur d’autres cœurs de métiers. Aujourd’hui, le moral commence à repartir. Il faut avoir confiance, se repenser, se projeter sur l’année suivante. C’est un élément primordial pour le moral de l’équipe. »

Petra Kollner aboutit au même constat : « Cette crise a obligé tout le monde à se repenser. Elle a fait ressortir notre capacité à “think out of the box”. » Au Puy du Fou, ça s’est traduit par une stratégie de diversification et de renforcement de la présence internationale (nouveau parc en Espagne en 2021). Pour les Machines de l’Île, par une communication accentuée sur l’e-boutique et les réservations en ligne. Pour le théâtre Beaulieu, par une nouvelle offre jeunesse et pour Jaspir par une refonte complète de ses process et l’ouverture de son capital à hauteur de 30 % aux investisseurs privés.

Vive la concurrence !

Tous demeurent optimistes pour l’avenir. Face aux difficultés, un élan de solidarité local est né : « Jamais je n’aurais imaginé avoir de l’aide de mes concurrents ! On a monté ensemble une association. On a commencé à discuter et à s’entraider. Je suis content pour eux quand ils remplissent leur salle. Plus les gens iront au théâtre, plus ça nous sera bénéfique. La concurrence, c’est très sain ! » s’enthousiasme Olivier Collin. « Nous avons décidé de rembourser les cotisations des particuliers, mais 20 % d’entre eux n’ont pas souhaité l’être. Les petits commerces locaux nous sont restés fidèles dans leur mécénat », se félicite Cédric Crémadès. Au Puy du Fou, dont le rayonnement fait vivre 5 000 emplois locaux, David Nouaille précise qu’ils restent solidaires : « Nous espérons qu’à travers les messages que nous avons fait passer lors de la réouverture, on a pu servir le bien commun. C’est le plus important. »

Pour tous, leur plus grande fierté est de pouvoir continuer à nous faire rêver, leur meilleur soutien demeure nos visites.

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