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Si monter « sa boîte » peut faire peur, reprendre une entreprise est une alternative pour concrétiser un projet entrepreneurial, quand on est un « quadra » souhaitant valoriser ses 15 à 20 années d’expérience, faire fructifier son apport en capital estimé entre 50 et 300 Keuros et sortir du carcan d’une « grosse structure » pour retrouver du sens. Alors on se lance ? Décryptage avec des entrepreneurs et acteurs de la reprise : Catherine Deborde, Bruno Delage, Laurent Drouard, Éric Fischmeister, Jean-Louis Marulaz, Nicolas Ruelle et Frédéric Siedlis.
« L’année 2020, un ascenseur émotionnel »
Si « 2020 a été rock ’n’roll », comme l’exprime Catherine Deborde, directrice de Réseau Entreprendre Atlantique, les entrepreneurs ont su faire preuve d’agilité pour innover et s’adapter !
« Un jeu d’équilibre permanent, une année compliquée qui a été un accélérateur d’échanges et d’entraide puisque ce fut l’occasion de rencontrer des confrères », déclare Laurent Drouard, directeur de Lecarpentier, qui a vu sa feuille de route de l’année « voler en éclats ».
Quels que soient leurs domaines d’activités, la force du collectif, l’entraide interne et externe et la résilience des dirigeants ont permis de consolider et d’aller de l’avant. Cette période a favorisé l’exploration de nouvelles pistes inenvisageables « quand on a la tête dans le guidon », parfois jusqu’à faire pivoter leur business model.
Ils sont unanimes : « Il n’y pas de bon ou de mauvais moment pour entreprendre »
Nos interviews confirment que cette crise reste conjoncturelle, à la différence de la crise structurelle de 2008. Cette crise repense le modèle de croissance en valorisant la création de valeurs extra-financières (croissance durable et responsable).
Alors la reprise, en s’appuyant sur une structure déjà existante (une équipe, des compétences techniques, des carnets de clients et de fournisseurs, sans oublier une histoire) réduit la prise de risque inhérente à tout projet entrepreneurial et rassure les financeurs.
Les conditions d’une reprise réussie
Le « candidat-repreneur » entendra de nombreuses mises en garde : les crises, les risques, la famille, un apport insuffisant limitant la recherche, sa liberté de décision, etc. Nos repreneurs ont insisté sur la nécessité de bien préparer son projet.
L’analyse approfondie des multiples dimensions de l’entreprise (comptable, sociale, etc.) est incontournable et doit être menée par des regards croisés d’experts-comptables.
Catherine Deborde conseille de dissocier les échanges relatifs à la valorisation de la société des autres échanges, afin de se concentrer sur la relation avec le cédant.
L’exercice du business plan va définir la stratégie et les projections financières. Frédéric Siedlis, cofondateur d’Ives, start-up nantaise, insiste : « En période de crise, le marché sur lequel nous devons travailler est celui de demain. Nous devons l’imaginer ! »
Quant au financement de l’acquisition, si les banques avouent différer aujourd’hui leurs décisions d’accompagnement en attendant d’y voir plus clair, il existe bien d’autres solutions !
L’importance de la dimension humaine
Pour le cédant, souvent fondateur de l’entreprise, la cession est d’abord une transmission. Laurent Drouard souligne l’importance d’embarquer les équipes dans le projet et Nicolas Ruelle rappelle qu’une mauvaise relation avec le repreneur risque de conduire à l’échec à court ou moyen terme.
Qu’en est-il de la reprise à plusieurs ?
Si certains préféreront entreprendre seuls, s’associer comporte de nombreux avantages. Outre un apport augmenté et le risque partagé, l’intelligence collective portée par la diversité et la complémentarité des compétences permet de trouver des solutions pertinentes.
L’association à plusieurs ne s’improvise pas. Nos experts insistent sur l’importance de valider la complémentarité des repreneurs, définir leurs périmètres d’action, les processus de prise de décision et les conditions de séparation au travers du pacte d’associés.
Certes le contexte est anxiogène, avec une visibilité limitée. Mais rappelons-nous cette pensée de Sénèque : « La vie n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie. »
La petite boîte à outils plébiscitée par les acteurs de la reprise
En amont, de nombreux acteurs permettent d’identifier des sociétés cibles : les experts-comptables, cabinets de cession spécialisés, Fusacq, les CCI et le CRA (Cédants et repreneurs d’affaires). Implanté sur tout le territoire, le CRA propose une formation à la reprise et met en relation avec les cédants.
Une fois le projet concrétisé par la signature d’une lettre d’intention (Letter Of Interest-LOI), le repreneur construira son dossier de financement avec la BPI, les banques d’affaires, les fonds d’investissement. Réseau Entreprendre offre alors une prestation complémentaire, sous forme d’accompagnement individuel et collectif durant deux ans par des chefs d’entreprise.