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Forces françaises de l’industrie, club d’entrepreneurs avec mission

Décidément, ce n’est pas un club d’affaires comme les autres. Les Forces françaises de l’industrie déploient un réseautage digne d’une certaine Résistance revendiquée : volonté de participer, de façon pratique, à la réindustrialisation de la France et la montée du made in France. Premier résultat : un accélérateur pour PME industrielles en France.

Les Forces françaises de l’industrie est un club jeune, puisque fondé en 2019 (nous fûmes l’un des premiers à l’annoncer), et qui a choisi – à la fois par goût, par affinité, et par conviction – de se concentrer sur un thème bien spécifique : la réindustrialisation de la France. Les trois fondateurs de FFI (qui assument l’allusion) s’entendent comme larrons en foire malgré leurs très différents profils… complémentaires : Emmanuel Deleau avait l’expérience en matière d’organisation de clubs, Gilles Attaf celle du réseau industriel et la légitimité autour du thème du made in France, Laurent Moisson venait du monde des accélérateurs, surtout les numériques. « Nous sommes, tous les trois, des entrepreneurs, souligne Laurent Moisson. Nous avions chacun, de façon un peu informelle, travaillé notre réseau. La première ambition que nous avions pour le club était d’en faire un club de copains, pour passer un bon moment, partager les joies et les peines. Car être un entrepreneur, c’est compliqué… Certaines choses ne se partagent pas avec la famille ou les collaborateurs, mais seulement entre pairs. » Autre partage, une passion commune pour l’industrie et le made in France.

Réindustrialiser, une démarche vitale

« Pour de multiples raisons – désintérêt global de la population, les politiques menées depuis 40 ans… –, la France s’est désindustrialisée. Et depuis les années 1980, des voix s’élèvent pour signaler l’impasse, mais elles ne sont pas écoutées… », embraie le même Laurent Moisson. Chez les FFI, on ne fait pas la morale, on ne s’indigne pas, on agit : « Il faut faire des propositions de lois ou de mesures, car il faut le faire en France, mais il faut également ne pas appeler tout le temps l’État pour régler les problèmes, continue le porte-parole du trio. Il faut fédérer les entrepreneurs et les particuliers. » Par exemple, les particuliers préfèrent placer leur bas de laine dans une épargne, plutôt que de l’orienter vers des investissements. La spirale serait pourtant vertueuse : les PME industrielles pourraient grandir plus vite, embaucher mieux, ce qui crée des emplois, réduit la dette extérieure et aiderait à améliorer notre performance écologique (en réduisant le coût financier et environnemental de l’acheminement)…

Accélérateur et fonds de financement

En pratique – le mot est presque le slogan du club –, cette volonté d’aider à la réindustrialisation se retrouve dans toutes les actions. Parmi les nombreux coups de pouce et aides que le club propose, le partage d’expertise et de connaissance est essentiel, assuré à la fois par l’accès à des experts de tout poil et par la FFI Académie, qui dispense des cours gratuits sous forme de vidéos. Mieux encore, l’année dernière, les FFI ont lancé le premier système d’accélération pour les PME industrielles, inspiré de ceux qui existent pour les start-up. « Il n’y a pas que l’argent : il faut entourer les patrons, souligne Emmanuel Deleau. On a des gens, déjà dans l’écosystème, qui sont prêts à vous aider. » Aujourd’hui, une dizaine d’entreprises – toutes industrielles – bénéficient de ce service.

Enfin, sur les quasi 200 membres du réseau, 35 se sont réunis pour créer un véhicule d’investissement, le French Touch Fund. « Si on dit qu’il faut que les Français·es investissent plus dans l’industrie, alors, on le fait », sourit Laurent Moisson. Ce qui en fait l’une des rares structures dédiées à l’investissement dans les PME industrielles. « Nous avons, en France, des grands groupes, et on commence à avoir beaucoup de PME, souligne Laurent Moisson. Mais nous connaissons un déficit d’ETI. Ce sont elles qui embauchent, qui forment leurs salarié·es… Nous identifions des PME prêtes à passer à l’échelon supérieur, et nous les aidons. »

Pousser le made in France

La même approche pragmatique prévaut pour pousser le made in France chez FFI. « Nous ne cherchons pas le 100 % à tout prix. Nous visons des progrès », résume Emmanuel Deleau. Grâce à son réseau, FFI est en mesure de trouver les contacts nécessaires – un producteur de textile recyclable, par exemple – pour aider un entrepreneur à rendre un peu plus française sa production. Mais ce carnet d’adresses sert aussi, par exemple, à trouver un repreneur pour des entreprises qui ferment.

Un carnet d’autant plus efficace que le club grandit. La grande majorité des membres arrivent par parrainage. Avant la pandémie, FFI organisait des dîners mensuels, remplacés depuis par des cafés virtuels hebdomadaires, et une expansion de la FFI Académie. Et comme plus de la moitié des membres vivent dans des régions autres que l’Île-de-France, FFI veut, en 2021, lancer des antennes régionales : Lille, Lyon, Aix-Marseille, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand et Troyes. « L’idée est de déployer le même système, mais à une échelle locale, tout offrant le bénéfice d’une communication nationale : par exemple, on peut aider une PME à Brest à trouver un client à Marseille. » Les « fifis », même combat.

Mean-Marie Benoist

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