Jean-Marc Barki : le cavalier du rebond

Temps de lecture estimé : 3 minutes

À la tête de la PME industrielle SeaLock, il saute un à un les obstacles en promouvant la solidarité.

Est-ce son expérience en tant qu’ancien cavalier de concours complet amateur qui explique cette posture ? Ou les obstacles que, très jeune, il a eu à surmonter ? Quoi qu’il en soit, Jean-Marc Barki applique un principe tiré des compétitions de concours complet et de saut d’obstacles : ne jamais se retourner quand votre cheval touche ou fait tomber une barre. Ce qui compte, c’est de continuer et de franchir l’obstacle suivant. Et de rebondir.

Dirigeant cofondateur de SeaLock depuis 1996, une entreprise franco-britannique indépendante spécialisée dans les colles industrielles, Jean-Marc Barki n’a pourtant pas toujours connu le succès, loin de là. À l’école déjà, c’était compliqué. Parce qu’il était précoce et gaucher, deux particularités qui, méconnues dans ces années-là, étaient alors vues comme des handicaps. Il a échoué deux fois au bac, puis au BTS en informatique dans lequel il avait pu s’inscrire…

Ça ne l’a pas arrêté. Son parcours entrepreneurial d’autodidacte vaut largement les histoires américaines et démontre que, même en partant avec des points de pénalité, le rebond crée de la valeur.

De vendeur à entrepreneur

Le premier rebond qui a marqué Jean-Marc Barki, c’est quand sa route a croisé par hasard celle des Britanniques de SeaLock LTD (grâce à son frère Pierre), qui cherchaient un partenaire français pour produire et distribuer leurs produits sur le continent. Jean-Marc travaillait alors dans l’entreprise familiale de papier, Barki Agency, où il avait été embauché en tant que vendeur. L’aventure ne serait jamais arrivée si son frère n’avait pas répondu à une annonce mal traduite qui, au lieu de l’envoyer vers un fabricant de papier adhésif, l’a fait arriver – quiproquo de traduction lors de la lecture de l’appel d’offres – chez un fabricant de… colles industrielles ! Peu importe : entre Pierre B. et John Young, le courant passe et le contrat d’agent sera signé. Lors du rendez-vous qui s’est tenu au salon Pakex à Birmingham, Pierre échange avec le propriétaire de SeaLock Ltd. Il comprend qu’il est prêt à lui confier la commercialisation de ses produits pour le marché français.

Jean-Marc saute sur l’occasion, d’autant plus qu’il songe sérieusement à quitter l’entreprise. Il commence en tant qu’agent commercial chargé d’écouler les colles britanniques en Europe. En 3 mois, il en vend 10 tonnes… En 1996, création avec Barki Agency et Sealock Ltd de SeaLock SARL à Sallaumines dans le Pas-de-Calais pour produire et commercialiser en France ce qui était fabriqué en Angleterre. Plus de 20 ans après, et après deux augmentations de capital et la sortie des Anglais en juillet 2020, l’entreprise est devenue une référence internationale et exporte dans une vingtaine de pays – dont la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Roumanie ou encore les États-Unis et l’Afrique du Sud.

Quand il a risqué de tout perdre au profit de ses actionnaires

Second rebond dont Jean-Marc est particulièrement fier, parce qu’il a été éprouvant : celui d’avoir acheté 100 % de son entreprise en 2019, alors que ses actionnaires britanniques avaient vendu leurs parts un an auparavant à des Allemands, sans rien lui dire. Pas question pour lui que ces nouveaux actionnaires mettent la main sur SeaLock. Alors Jean-Marc se bat… En 2019, arrive à récupérer l’intégralité du capital, négocie le rachat des 33 % des parts de Sealock Ltd par une réduction de capital. De quoi contrôler 80 % des actions (20 % restent à son frère Pierre).

Aujourd’hui seul maître à bord, il met tout en œuvre pour assurer la pérennité de la société qui fait vivre directement environ 25 familles – et indirectement beaucoup plus. Alors il reste à l’écoute de tout potentiel signal faible – il se souvient que c’est ce qui lui a permis de s’en sortir lors de la crise financière de 2008. Il soutient ses équipes et essaie de ne pas fléchir face à des réactions souvent irrationnelles. Une posture très engageante car il lui faut à la fois rassurer ses collaborateurs, se conformer à la complexité de protocoles sanitaires qui changent régulièrement, démontrer à ses partenaires et clients qu’il tient bon, continuer d’instiller de l’énergie et d’embarquer dans son projet, etc.

La revanche des études

Jean-Marc Barki se souvient d’un troisième de ses rebonds : le jour où, en 2007, il décroche un master en management et en stratégie à l’Institut français de gestion, lui qui n’avait jamais réussi à obtenir le bac mais qui n’avait pas renoncé aux études pour autant.

Pour autant, il continue à raconter son histoire d’autodidacte. Il a appris à assumer les aléas de son parcours scolaire et il n’hésite plus les raconter. Le voilà en 2018 devant les spectateurs de la première édition des ReStart Awards réunis au Grand Rex pour lesquels il est nommé. L’expérience lui a d’ailleurs montré qu’assumer était gagnant. Alors qu’au début de sa carrière professionnelle, il se présentait en tant « ingénieur papetier qui a suivi une formation à Grenoble », il s’est retrouvé face à une personne réellement diplômée de cette formation qui lui a demandé de quelle promotion il était, ce qui l’a couvert de honte. Depuis, il raconte sa vraie histoire et en a fait une force.

Un entrepreneur engagé, renforcé par ses rebonds

Riche de ce qu’il a bâti, porté par ses convictions et sa volonté d’encourager les solidarités entre acteurs économiques, Jean-Marc Barki s’engage. Président de la Feica et de l’Aficam, ambassadeur de la French Fab, membre du bureau de la commission fiscale du Medef, ancien vice-président du bureau de la commission Europe du Medef, membre du comité directeur de Croissance Plus, conseiller du Commerce extérieur de la France et sherpa de la délégation du G20 YEA en 2015 et 2016, mais également ancien auditeur de l’Institut du Sénat (promotion Gaston Monerville) et ambassadeur de l’Alternance auprès de Martin Hirsh, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Est-ce tout ? Ah non, son adhésion aux Rebondisseurs Français dès la création de l’association en 2018.

Il s’engage aussi pour les jeunes, pour leur faire aimer l’industrie mais aussi pour qu’ils osent croire à leur potentiel, ne craignent plus de se tromper et avancent. Un ambassadeur et un porte-drapeau du rebond à la française ! 

Claire Flin

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