Véhicule d’entreprise : 2021, année électrique !

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1 – Passage aux flottes hybrides impératif

Une synthèse menée par Jean-Pierre Lagarde

La crise sanitaire et le recul de l’activité économique ont donné l’an passé un coup de frein aux achats de véhicules de la part des entreprises. Les flottes en ont profité pour s’ouvrir aux voitures électriques et hybrides. Un passage obligé qui bouleverse tout l’écosystème des flottes automobiles.

Fluctuat nec mergitur, la locution latine propre à Paris s’accorde plutôt bien avec l’état des achats de véhicules réalisés par les flottes en 2020. Plus vigoureux et moins attentiste sans doute que les ménages, le marché des entreprises, avec 755 200 immatriculations de voitures particulières et de véhicules utilitaires, n’a reculé que de 16,5 % l’an passé. Soit quelque 149 000 acquisitions de véhicules de moins que l’année précédente, laquelle faisait figure d’année record. Cette chute des ventes de flottes doit donc se relativiser, notamment au regard du marché automobile global, lequel s’est effondré de 24 %. Un écart qui souligne combien les entreprises ont besoin de l’automobile pour faire croître le volume de leurs activités.

Les flottes passent au « vert »

Autre tendance issue de l’examen des ventes de 2020 : les flottes préparent l’avenir. Exit donc les modèles diesel de l’univers des entreprises, des administrations et de la location longue durée. Ils n’ont représenté que 227 400 immatriculations sur le marché btob l’an passé. Soit une baisse de 26 %. Plus inattendu, les voitures carburant à l’essence ont régressé de 31 % l’année dernière. Mais dans le même temps, ce sont 13,5 % de véhicules électrifiés qui ont rejoint le parc des sociétés, soit 102 164 véhicules « propres » dont 32 500 modèles hybrides rechargeables (+ 276 %) et 29 780 véhicules 100 % électriques (+ 43 %).

Dans les flottes d’entreprises, cet intérêt pour des véhicules à faibles émissions de CO2 répond à la mise en place progressive de plusieurs contraintes réglementaires. La première, qui est également la plus radicale, touche les constructeurs qui ont désormais obligation de se soumettre aux normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) édictées par la Commission européenne. C’est-à-dire réduire à 95 g par km les émissions moyennes de CO2 de leurs gammes de modèles commercialisés dans l’année. Un taux moyen qui passera à 81 g/km en 2025 et 59 g/km en 2030. C’est dire si, pour les marques automobiles, priorité a été donnée l’an passé à la vente de véhicules électriques ou hybrides à faibles émissions.

Les villes se ferment aux voitures

Pour les entreprises, de multiples contraintes s’opposent également au maintien de véhicules thermiques dans leurs parcs automobiles. Il en va ainsi de l’instauration des zones à faible émission (ZFE). Après Paris et Grenoble, c’est la métropole du Grand Paris ainsi que sept nouvelles villes qui vont fermer les portes de leurs centres-villes aux véhicules les plus polluants (Aix, Marseille, Montpellier, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse).

Autres obligations récemment entrées en vigueur, celles issues de la loi d’orientation sur les mobilités. La LOM prévoit la fin de la vente de véhicules thermiques en 2040, mais aussi l’obligation, d’ici là, pour les entreprises, de « verdir » leur parc. Lors du renouvellement annuel de leur flotte, toutes les sociétés disposant d’un parc de plus de 100 voitures particulières devront intégrer une part minimale de 10 % de véhicules à faibles émissions à partir du 1er janvier 2022. Cette part montera à 20 % en 2024, 35 % en 2027 puis 50 % en 2030.

Le casse-tête de la fiscalité 2021

Mais pour les entreprises, la principale incitation à la transformation de leur parc résulte de la fiscalité automobile. Une fiscalité particulièrement délicate à interpréter cette année en raison des multiples échéances d’application prévues. Comme l’explique le think thank Arval Mobility Observatory, « la fiscalité constitue cette année un véritable casse-tête pour les décideurs d’entreprises. La loi de Finances 2021 prévoit en effet des mesures qui entrent en vigueur au 1er janvier, d’autres qui ne s’appliqueront qu’au 1er juillet, les dernières enfin qui perdureront jusqu’au 30 juin ». Dans tous les cas, pas de surprise : en 2021, seuls les véhicules électriques ou hybrides bénéficieront d’un bonus tandis que les seuils de malus, à nouveau abaissés, obligeront les flottes, lors du renouvellement de leur parc, à se tourner vers des modèles dotés de niveaux d’émissions de CO2 encore plus bas.

2 – Bonus, malus, taxes sur les véhicules de société, poids

La fiscalité accélère le changement

Un seuil de malus qui encourage l’achat de petits modèles de voitures, une valeur de bonus assurée essentiellement aux véhicules électriques : à elle seule, la fiscalité accélère la transition énergétique dans l’automobile.

C’est au 1er janvier 2022 que le nouveau malus au poids s’appliquera aux véhicules. Ceux qui pèsent plus de 1 800 kg seront taxés à hauteur de 10 euros par kg supplémentaire. Déjà plombées par le malus écologique, les grosses cylindrées risquent dès l’année prochaine de devoir rester au garage. Sauf à adopter une motorisation hybride rechargeable, jusqu’ici épargnée par la fiscalité automobile.

En attendant, les nouveaux seuils de bonus et de malus vont continuer à redessiner progressivement le paysage automobile en France. Côté bonus, cette année, les aides iront en priorité aux véhicules électriques et hybrides rechargeables, mais en deux temps. Les mesures d’aides financières décidées durant l’été 2020 sont prolongées jusqu’au 30 juin 2021. Mais à partir du 1er juillet, un autre régime d’aides sera appliqué :

• Pour tous les véhicules électriques dont le coût d’acquisition est inférieur à 45 000 euros, le bonus pour les flottes est fixé jusqu’au 30 juin prochain à 5 000 euros pour les véhicules particuliers et les véhicules utilitaires légers. Dès le 1er juillet 2021, il passera à 4 000 euros.

• Pour les véhicules électriques dont le coût d’acquisition est compris entre 45 000 et 60 000 euros, le bonus atteint actuellement 3 000 euros. Au 1er juillet, il sera réduit à 2 000.

• Pour les véhicules électriques dont le coût d’acquisition est supérieur à 60 000 euros, il n’y a pas de bonus à l’achat (à l’exception des véhicules utilitaires légers et des véhicules à hydrogène). Aucun changement n’est prévu dans cette catégorie.

• Un bonus de 2 000 euros est en outre consenti pour l’achat de véhicules hybrides rechargeables. Deux conditions à remplir : ces véhicules doivent présenter une autonomie supérieure à 50 km et un coût d’acquisition inférieur ou égal à 50 000 euros. Qui passera à 1 000 euros au 1er juillet 2021.

Enfin, à partir du 1er janvier 2022, ces montants de bonus connaîtront une nouvelle baisse de 1 000 euros. Autant dire que cette orientation fiscale devrait sans doute pousser les flottes à accélérer dans ces prochains mois leurs commandes de véhicules électriques et hybrides.

Côté malus, il s’applique cette année à tous les véhicules dont les émissions de CO2 débutent à 133 g/km, soit 5 grammes de moins qu’en 2020. Ce seuil de déclenchement du malus passera à 128 g/km de CO2 en 2022, et à 123 g/km de CO2 en 2023.

3 – L’écosystème de la voiture électrique se met en place

Le « monde d’après » s’ouvre aux flottes.

Transition énergétique oblige, l’heure est à l’introduction de véhicules électriques dans les parcs mais aussi à la recomposition de tout l’écosystème du véhicule d’entreprise.

L’arrivée des voitures électriques et hybrides dans les flottes d’entreprises modifie radicalement l’activité des multiples prestataires de services qui interviennent sur cette chaîne de valeurs. Le meilleur exemple en est celui des pétroliers confrontés au « syndrome de Kodak ». Face à la menace d’un assèchement progressif de ses activités de distribution de carburant, Total a modifié son offre. Selon ce pétrolier, « les automobilistes s’orientent de plus en plus vers le mix énergétique et commencent à intégrer des véhicules électriques, notamment pour leurs déplacements de courte distance. Toutefois, le manque d’infrastructures empêche aujourd’hui l’utilisation de véhicules électriques sur des trajets plus longs ». Total a ainsi l’ambition d’installer 150 000 points de charge en Europe d’ici à 2025, avec, notamment, des bornes de recharges ultrarapides HPC de 175 kW placées sur autoroute tous les 150 km pour donner le moyen à ses clients de parcourir de plus longues distances dans leur véhicule à batterie. Soit 300 stations en Europe et 189 en France. Et pour compléter la mise en place de son réseau, Total Mobility propose aux flottes une offre packagée avec bornes et services de recharge dans l’entreprise, au domicile des conducteurs et en voirie, toutes accessibles avec la carte Total.

Au rendez-vous de la transition énergétique

Du côté des loueurs longue durée, il s’agit d’être au rendez-vous de la transition énergétique dans le parc automobile de leurs clients. Dans son plan stratégique 2020/2025, le loueur Arval entend détenir d’ici à 2025 un parc de quelque deux millions de véhicules dont 500 000 véhicules électriques, ce qui correspondra à la réduction de 30 % des émissions de CO2 du groupe par rapport à 2020.

Même tendance pour le loueur ALD Automotive. Au programme du plan Move 2025, la place de leader de la location longue durée dans le monde et un objectif de 2,3 millions de contrats de location à l’horizon 2025. Autre objectif, la montée en régime des véhicules électrifiés dans les livraisons réalisées par cette filiale de Société Générale. Ils devront atteindre un taux de 30 % à cette échéance puis 50 % en 2030.

Autre démarche adoptée par Athlon (groupe Daimler) : ce loueur vient de dévoiler sa nouvelle offre pour les entreprises, bâtie en collaboration avec NewMotion, laquelle combine la location de voitures électriques et hybrides rechargeables, le financement et l’installation de bornes de recharge privées ainsi que l’accès simplifié à un réseau de plus de 165 000 points de recharge publics en Europe. Comme l’explique Bruno Morizur, président d’Athlon France, « avec cette nouvelle offre, les entreprises pourront lever les contraintes d’autonomie qui restreignent l’usage d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable par leurs salariés grâce à l’interopérabilité des systèmes de recharge privés et publics et à une gestion intuitive de ces nouvelles voitures et infrastructures ».

La gestion des données « électriques »

Enfin, dans le domaine du suivi télématique des véhicules, de nouvelles offres se mettent également en place pour répondre aux besoins des flottes. Le fournisseur de services télématiques Webfleet propose désormais une nouvelle solution de gestion de flottes basée sur les données des véhicules électriques. Les gestionnaires de flottes obtiennent à distance des données en temps réel sur les niveaux de batterie, l’autonomie et le temps de charge restant.

Une tendance suivie également par Kuantic dont les boîtiers télématiques équipent depuis plusieurs années l’ensemble des modèles des groupes PSA et Renault en première monte. Comme l’explique Samuel Vals, son directeur commercial et marketing, « nous sommes déjà au point sur les données fournies au gestionnaire de parc concernant la charge des véhicules, notamment lorsqu’ils sont à l’arrêt et qu’ils demandent une charge maximale ». Kuantic propose la même démarche pour les véhicules hybrides qui réclament deux niveaux de données : celles relatives à la charge des batteries et celles qui ont trait à la consommation du moteur thermique. « Il est crucial pour les gestionnaires de parcs d’être certains que ces modèles hybrides disposent bien de leur capacité électrique, sinon les coûts de carburant risquent d’“exploser” sur ces modèles. »

Quelques exemples qui montrent l’impact des changements qui s’annoncent dans la gestion des flottes électriques.

4 – Les 10 voitures électriques qui vont séduire les entreprises

Jamais l’offre de modèles électriques et hybrides n’a été aussi importante et les constructeurs ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. État des forces en présence et des nouveaux modèles à venir dans les prochaines semaines.

EQA, le SUV compact électrique de Mercedes
Avec l’EQA, Mercedes ajoute une variante 100 % électrique dans sa gamme de SUV compacts. L’EQA, qui reprend la même robe que la Mercedes GLA, dispose d’une puissance de 190 ch et d’une autonomie de 420 km issue de ses batteries de 66,5 kWh.

Renault : la nouvelle Mégane 100 % électrique
C’est sous la forme d’un crossover de 4,21 m de long, 100 % électrique et pourvu d’un bel espace habitable que la nouvelle Renault Mégane sera commercialisée en fin d’année. Qualité perçue en hausse, montée en gamme et autonomie de 450 km caractérisent ce nouveau modèle.

ë-C4 : Citroën passe à l’électrique
Mi-crossover, mi-berline, la nouvelle Citroën ë-C4 100 % électrique dispose d’une puissance de 136 ch et d’une autonomie de 350 km. Ce nouveau modèle circule selon trois modes de variation de la puissance du moteur entre 82 et 136 ch, une façon d’accroître sensiblement l’autonomie du véhicule (lire sa prise en main p. 97).

Ford Mach-E : la Mustang électrique
Ce SUV coupé 4 portes qui reprend la ligne et l’esprit de la mythique Ford Mustang sera proposé en deux ou quatre roues motrices avec trois niveaux de puissance et deux capacités de batterie. La puissance s’étale selon les versions entre 258 ch et 337 ch pour des autonomies de 420 à 600 km.

ID4: Le SUV électrique de VW
Après l’ID 3, VW ajoute un modèle électrique à sa gamme. SUV 100 % électrique, l’ID4 sera commercialisé cette année dans une version disposant d’un moteur de 204 ch alimenté par une batterie de 77 kWh. Elle disposera d’une autonomie de 520 km et pourra retrouver 320 km de charge en 30 minutes.

DS9 e-Tense : le grand luxe à la française
Première grande berline premium française dévoilée depuis plus d’un demi-siècle, la DS 9 entend incarner « l’excellence à la française ». Ce modèle de 4,93 m de long à l’empattement démesuré sera proposé en version essence mais surtout en trois variantes hybrides rechargeables de 225, 250 et 360 ch.

BMW iX3 : L’électrique premium selon BMW
Équivalent électrique du BMW X3, l’iX3, commercialisé en mars 2021, il dispose d’une propulsion électrique de 286 ch alimentée par une batterie de plus 80 kWh pour une autonomie électrique de l’ordre de 460 km. Avec sa technologie, iX3 peut retrouver 80 % de la charge de sa batterie en 34 minutes.

Peugeot 508 PSE, l’hybride version sport
La Peugeot 508 est proposée dans cette version PSE avec des arguments sportifs inattendus chez une marque française. Cette 508 PSE aligne une motorisation hybride rechargeable de 360 ch et sera dotée d’une transmission intégrale… rien à voir donc avec l’actuelle 508 hybride, laquelle développe 225 ch.

Toyota Mirai : l’hydrogène pour les flottes
Cette seconde génération de la Toyota Mirai adopte un design plus apaisé mais carbure toujours à l’hydrogène. Cette grande berline à pile à combustible dispose d’une autonomie de 650 km et va être adoptée par une flotte de 600 véhicules au sein de la compagnie de taxis Hype.

Volvo, le XC40 Recharge en version électrique
Le SUV compact Volvo XC40, déjà proposé en version hybride rechargeable, est désormais disponible dans une version 100 % électrique dotée d’une puissance de 408 ch avec deux moteurs électriques. Associé à une batterie de 78 kWh, cet ensemble offre une autonomie de 400 km.

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