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Le 13 avril 2020, devant près de 40 millions de téléspectateurs, le Président de la République faisait aux Français·es confiné·es depuis un mois une promesse, celle précisément que les révolutionnaires de 1789 avaient déjà faite avant lui au tiers-état : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Ces mots, les Français·es les ont écrits il y a plus de 200 ans. Nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. » C’est le projet du livre de Denis Maillard : Indispensables mais invisibles, reconnaître les travailleurs en première ligne (éd. de l’Aube). Dans ce petit texte incisif, l’auteur décrit ce qu’il appelle « le back-office de la société de services », c’est-à-dire tous les travailleurs modestes, du livreur à la caissière en passant par l’aide-soignante ou le manutentionnaire, qui ont fait tenir le pays il y a un an.
Quelles sont leurs conditions de travail et surtout quelles sont les raisons qui les rendent socialement invisibles alors même que la crise a prouvé leur utilité ? C’est tout l’intérêt de l’ouvrage : réduire la pénibilité pour rendre ses travailleurs à leur dignité, ouvrir le chantier des compétences réelles pour affermir leur utilité et organiser leur représentation pour leur offrir une nouvelle visibilité, tels sont les trois chantiers sociaux mais aussi politiques que l’auteur nous invite à ouvrir d’urgence.
L’après crise sanitaire a déjà commencé et nous serions tous bien inspirés de le lire pour agir.