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Ah, les mots ! Ces petites créatures volatiles qui, si elles sont mal utilisées, peuvent transformer un simple discours de dirigeant en véritable fiasco. Imaginons un dirigeant d’entreprise, bien décidé à enthousiasmer son équipe avec une grande allocution. Malheureusement, certains mots démagogiques s’invitent à la fête, et là, cela part en cacophonie.
Commençons avec « révolutionner ». Quoi, encore une révolution ? Est-ce qu’on parle de changer le café de la machine ? Je vous assure, lorsqu’un CEO annonce une « révolution », les employés se demandent si leurs bureaux vont être remplacés par des hamacs et s’ils devront ouvrir des discussions avec ChatGPT pour les remplacer. « Révolutionner le marché » paraît séduisant, mais quand les seules révolutions qu’ils connaissent sont celles de leur chaise pivotante, ça coince ! Attention à la surpromesse. Elle n’est plus trop dans l’air du temps …
Puis arrive le célèbre « synergie ». Oh, la synergie ! Ce mot qui évoque l’idée de faire danser les équipes comme dans un ballet bien huilé. Mais quand on l’entend trop souvent, il véhicule plutôt l’idée d’une économie de moyens par la mutualisation de ces derniers. Bref 1+1 = 3
Ensuite, attention au « leader visionnaire ». Un peu trop de pop-corn et on se retrouve avec un dirigeant qui voit dans l’avenir, mais pas dans ses tableaux de bord. Il pourrait tout aussi bien prétendre avoir prévu la fin du monde et vouloir y répondre par des snacks bio. « Visionnaire », dites-vous ?
Je préfère l’appellation « lucide » ou « clairvoyant », qui paraît moins dangereuse. N’oublions pas le grand classique : « le changement est inévitable ». C’est vrai, sauf quand le changement consiste à remplacer l’imprimante cassée depuis des semaines. Là, le changement n’est plus vraiment au programme !
Enfin, terminons par le fameux mot « engagement ».
Quand le dirigeant l’utilise, tout le monde lève la main pour dire qu’il est « engagé », le désinvestissement n’étant pas une option. Mais une fois la réunion du vendredi matin terminée, la seule chose à laquelle on peut s’engager, c’est à ne pas répondre aux emails jusqu’à lundi !
En somme, un dirigeant devrait se méfier de ces mots constitutifs d’un langage démagogique. L’art du discours repose sur la simplicité, l’emphase étant désormais un archaïsme.
Parce qu’entre nous, qui n’a jamais rêvé de commencer une réunion par : « Bienvenue à tous, on va éviter la révolution, la transformation, ou encore les concepts visionnaires, en commençant par juste un café, et en espérant trouver ensemble de bonnes idées ! » ?
Ça fait déjà plus de sens, non ?





























