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Le Nouveau Monde des Canuts
Et si la France avait muté ? Quoi, les jeunes ne rêvent plus en priorité de travailler dans la fonction publique ? Et l’entrepreneuriat, jugé plus émancipateur, monte indéniablement en puissance ? Et l’avis des dirigeants de TPE-PME n’a jamais autant pesé dans cette présidentielle qui s’annonce. A tel point que certains d’entre eux s’investissent dans la « res publica », comme relaté dans le Grand Angle. L’image des manifestations contre la loi El Khomri aurait donné une fausse impression d’immuabilité. En témoignent les annonces de François Fillon sur le temps de travail ou la réduction de fonctionnaires qui ne l’ont pas pénalisé. Le débat sur la remise en cause des 35 heures est réapparu comme expliqué en Hexagone, ou encore sur une éventuelle légalisation du cannabis, analysée en Prospective. Le pays ne semble pas tanguer à gauche ou à droite, il change en profondeur. La crise, le renouvellement des générations, la plus grande attention portée à ce qui se passe à l’étranger, font leur effet sur une population plus encline à prendre son destin en main, consciente que l’Etat n’est plus ce père tutélaire d’antan, comme ce numéro tend à le démontrer. Une bonne nouvelle ? Assurément, synonyme de citoyens plus à même de résoudre par eux-mêmes des problématiques de tous les jours, d’appliquer plus scrupuleusement la démocratie (cf. les civic techs décrites en Enquête), d’apprendre et se former (cf. les educ techs en Décryptage ou l’Ecole 42 dans le En Immersion). Conscients que les technologies leur donnent plus de pouvoir individuellement, ils découvrent aussi que le contexte semble plus propice pour tenter l’entrepreneuriat, comme notre Business Guides Se lancer en 2017 ou notre nouvelle page Manager Autrement le prouvent. Ce sont désormais ces initiatives qui doivent être soutenues, et les politiques de développement économiques doivent en prendre conscience, comme le précise l’économiste Philippe Nikonoff : « Le tissu est désormais constitué à 8% de PME, ETI et grands groupes et à 92% d’entreprises de moins de dix salariés. Les deux tiers sont des affaires individuelles et microentreprises. 15-20% sont des professions libérales ». Internet et uberisation de l’économie viennent renforcer la tendance. Les gens conçoivent, fabriquent chez eux puis envoient leur production, comme les Canuts qui livraient un patron au XIXème siècle. Vente et conseil se font en ligne. Quiconque peut faire le chauffeur, pratiquer la cuisine, proposer des cours de gym à domicile… sans local d’activité. « Ce sont des métiers nouveaux, hors sol, sans visibilité physique, mais avec une grosse visibilité sur la Toile. Le développement économique local ne peut plus être centré uniquement sur les gros, sur les entreprises de plus de 50 salariés, qui ont certes un effet d’entraînement, mais qui ne sont plus qu’une partie de l’économie », ajoute l’économiste. Le pays et ceux qui le font avancer ont changé. Les pouvoirs publics doivent le prendre en compte, vite.