IAE, jeu égal avec les business schools ?

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Business schools publiques ?

Répartis sur tout le territoire, les Instituts d’administration des entreprises (IAE) jouent sur le même terrain que les business schools, à moindres frais. Étudiants et recruteurs les voient-ils de la même façon ?

Alain Bompard… Son nom apparaît régulièrement dans la presse économique. PDG de la FNAC, il a quelque 170000 salariés sous sa houlette. Moins médiatique, Olivier Nys pilote la métropole du Grand Lyon. David Lacroix est aux manettes, depuis deux ans, des maisons Berval, implantées en Île-de-France depuis 1932, avec 25 collaborateurs à la clé. Il est vice-président des Constructeurs et Aménageurs de la Fédération française du bâtiment. Dernier nom : Gérard Lopez occupe le fauteuil de président du directoire d’une entreprise qui ne chôme pas en période électorale : BVA, société d’études et de sondages.

Le point commun entre ces quatre trajectoires variées, couronnées de succès ? Le point de départ : un Institut d’administration des entreprises (IAE), en début ou fin de parcours d’études supérieures, d’une année ou plus. Mais, si les HEC, ESSEC ou autres Edhec, le gratin des écoles de management, médiatisent les promotions de leurs alumni – un terme plus chic pour parler des anciens –, rien de tel au sein des IAE.

Le succès modeste ?

La communication n’est pas le fort de ces écoles de management internes aux universités, nées au milieu des années 50 pour promouvoir la double compétence, technique et commerciale. D’ailleurs, avez-vous entendu parler des 60 ans de ces écoles publiques de management ? Le top départ des festivités a été donné le 13 janvier dernier. Et cela va s’étaler sur six mois. Où l’a-t-on lu ? Même à cette occasion, aucun bénéfice n’a été tiré de ces anciens diplômés capés. L’animation du réseau des anciens ? Un levier abandonné.

Ascenseur social évident

Or, les IAE ont tout d’une grande… école, pour paraphraser un vieux slogan publicitaire – une trentaine de spécialités qui ressemblent à celles dispensées en école de commerce (marketing, ressources humaines, finance, management général, comptabilité-contrôle-audit…), des stages obligatoires, un niveau de langues étrangères à décrocher… Mais pas les tarifs prohibitifs. « Un master dans une business school ? Grosso modo, la fourchette oscille en 10000 et 12000 euros, souligne Nadine Tournois, à la tête de l’IAE de Nice. A la louche, à l’université, le droit d’entrée est de 350 euros. Ce n’est pas sans rappeler la distinction entre l’hôpital public et les cliniques privées, sauf qu’ici il n’y a pas de carte Vitale, mais une carte d’étudiant. » L’IAE Gustave Eiffel des universités Paris-Est Créteil (UPEC) et Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM) annonce déjà la couleur pour la rentrée 2017-2018 avec 261,10 euros pour une année de master, 189,10 euros pour une licence.

Avant son master, Fabiola Thoreau s’est interrogée : école ou pas, IAE ou pas ? « Ce n’est pas une formation au rabais. Les cours sont identiques, explique cette étudiante en master 2 marketing des services à La Rochelle. 500 euros, sécurité sociale comprise, contre 8000 à 13000 euros pour les masters que j’avais fléchés, cela fait cher le réseau des anciens. »

L’ascenseur social ? L’expression revient en boucle dans le discours des directeurs de ces écoles de management universitaires. « Un élément clé du réseau, selon Eric Lamarque, à la tête de l’IAE de Paris depuis la rentrée 2016. Avec une telle politique tarifaire, le réseau remplit une vraie mission de service public. Ici, les jeunes n’achètent pas leur diplôme. Les IAE donnent une chance à tous. »

Pourtant, dans l’étude pour le soixantième anniversaire, pas un mot, pas une statistique sur le profil social des étudiants. Assurément, une faute. « Pour comprendre la différence entre les deux modèles, souligne, rieuse, Virginie de Barnier aux commandes de l’IAE d’Aix-Marseille depuis quatre ans, il n’y a qu’à regarder le parking de nos établissements, vieilles guimbardes cabossées contre derniers modèles. » Mais, gare à ceux qui utilisent l’expression « business school low cost ». Elle a un pouvoir urticant sur les patrons des IAE. Moins élitistes, ces écoles universitaires accueillent sur leurs bancs 30% en moyenne de boursiers d’Etat – 28% à Lyon 3. A l’Edhec ? Ils sont 10% pour un tarif de master établi à 29500 euros, pour les deux années, à payer en une seule fois, d’entrée de jeu. Des données qui ont d’ailleurs défrayé la chronique il y a plus d’un an.

Retour sur investissement inégalé

D’après la dernière livraison de la Conférence des grandes écoles (CGE) de juin 2016, le salaire moyen à l’issue d’une école de commerce avoisine les 35000 euros. Autant dire que les IAE sont largement distancés : seuls 29% de leurs diplômés ont une rémunération comprise entre 31000 et 40000 euros. Mais, ces statistiques cachent des disparités selon les filières (cf. encadré).

Et pas de quoi miner Virginie de Barnier. Son master en management a été salué en 2016 par le Financial Times. Le retour sur investissement est le meilleur des business schools françaises, n°1 en France et le 10ème dans le monde, avec une moyenne des salaires débutants située à 42000 euros (et 50000 après trois ans). Mais, celle qui arrivera à la fin de mandat en 2018 réclame une tarification moins cadrée, moins contrainte… quitte à entamer un peu son ROI.

Murielle Wolski

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