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De la transition écologique à l’intégration de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies en passant par l’entrepreneuriat d’utilité sociale et la transition numérique, les grandes tendances sont à l’œuvre partout en France. Dans nos régions, de jeunes et moins jeunes entreprises s’emparent de ces défis. Et montrent la voie.
Bretagne – Glimps, la détection de malware par intelligence artificielle
La cybersécurité s’affirme de plus en plus comme l’un des grands enjeux stratégiques. Le gouvernement français devrait investir un milliard d’euros d’ici à 2025 pour muscler les défenses numériques des entreprises, des administrations et des hôpitaux. Et la start-up rennaise Glimps compte bien se faire une place de choix dans le marché florissant de la cybersécurité. Avec sa solution logicielle de conceptualisation qui rend « la défense plus forte que l’attaque », la jeune entreprise bretonne a déjà parcouru un long chemin depuis sa création fin 2019 par quatre anciens ingénieurs de la Direction générale de l’armement (DGA). Le principe : grâce à une technologie de conceptualisation du code informatique augmentée par de l’intelligence artificielle, les solutions de Glimps vont détecter, caractériser et analyser les menaces de sécurité numériques. Dans un premier temps, Glimps Malware détecte les nouvelles menaces potentielles. Puis, par reverse-engineering, Glimps Audit documente le code du logiciel pour en certifier, ou non, la sécurité. Une troisième solution, Glimps Comply, est en gestation. Elle identifiera les risques liés aux licences juridiques d’un logiciel. Si la start-up compte déjà parmi ses clients des grands groupes et des opérateurs publics en France, son portefeuille devrait s’internationaliser dès 2022
Nouvelle-Aquitaine – ADP Enseignes, la réinvention selon le principe de « l’entreprise libérée »
Les start-up et les jeunes entreprises n’ont pas le monopole de l’innovation et de l’exemple à suivre ! L’innovation est souvent technologique, mais le managérial et l’humain aussi innovent. Un bon exemple, celui de la société bordelaise ADP Enseignes, fondée en 1984. Depuis la reprise de flambeau en 2015 par Cédric Nanglard, un jeune entrepreneur trentenaire, l’entreprise qui produit des enseignes et de la signalétique pour des professionnels a pris un virage à quatre-vingt-dix degrés. En cultivant un management transversal, la nouvelle direction casse la pyramide décisionnelle classique pour partager la stratégie de l’entreprise avec l’ensemble de l’équipe, selon le principe de « l’entreprise libérée ». Ce principe managérial a notamment été théorisé par Isaac Getz et Brian M. Carney, dans Liberté & Cie : Quand la liberté des salarié·es fait le succès des entreprises, paru en 2012. Cette approche sans patron surplombant, qui se construit au jour le jour, a séduit le jury des Prix de l’économie Néo Aquitains 2020, qui a récompensé ADP Enseignes en tant qu’entreprise innovante et « libérée » par sa conception du bonheur au travail. L’entreprise de demain passera également par la réinvention des systèmes de gouvernance des entreprises.
Occitanie – WiSEED, le financement de start-up par equity crowdfunding
La finance participative connaît un essor spectaculaire. Le principe est simple : des porteurs de projets récoltent de l’argent auprès du grand public pour lancer un produit ou réaliser leur idée. De plus en plus de jeunes entreprises y ont recourt pour se propulser. Pour accompagner les porteurs de projets et replacer les investisseurs particuliers au cœur de l’économie réelle, Thierry Merquiol et Nicolas Sérès ont créé WiSEED en 2008 (We Seed, Nous semons). L’entreprise toulousaine se présente comme une plate-forme d’equity crowdfunding, une première à l’époque. En clair, acheter des actions d’une entreprise sur WiSEED consiste à en devenir actionnaire en financement sur la plate-forme, et donc de détenir une partie de son capital. Une façon de participer à une aventure entrepreneuriale, quel que soit son investissement. Lors d’une levée de fonds en crowd-equity, WiSEED créé une holding d’investissement qui représentera les actionnaires, invités par la suite à récupérer leurs fonds avec un rendement en cas de rachat de l’entreprise. Pleinement ancrée dans son territoire, la plate-forme vient d’annoncer fin avril la création, en partenariat avec la région Occitanie, d’une plate-forme associée de financement participatif locale, Epargneoccitanie.fr. Pour flécher l’épargne des Occitan·nes vers l’économie régionale.
Hauts-de-France – Exotec, la technologie robotique au service de la logistique
Durant la crise sanitaire, le secteur de la logistique et de la préparation de commande a été et reste particulièrement sollicité et en essor. Pour suivre les besoins et fluidifier la chaîne de commande, des solutions technologiques s’imposent. Une PME lilloise, Exotec, a développé le système Skypod, une solution de préparation et d’automatisation de commandes au détail. Le principe : des robots compacts se déplacent en trois dimensions et transportent des petites charges. Une façon de fluidifier et de programmer la gestion d’un stock et la ligne logistique. Les technologies robotique d’Exotec, qui ont fait passer l’entreprise de start-up à PME industrielle en l’espace de cinq ans, séduisent des grands groupes comme Leclerc, Cdiscount ou Carrefour. Dernier gros client en date, Decathlon. Le leader des équipements sportifs s’attache les services d’Exotec pour renforcer ses performances dans l’e-commerce et améliorer sa supply chain en automatisant ses entrepôts. Pour commencer, Exotec va équiper l’entrepôt de Decathlon de Ferrières-en-Brie (77) de plus de 6 000 m² avec ses Skypod. La nouvelle technologie double deep des robots assure leur accès à des rangées de bacs. Le partenariat Decathlon-Exotec s’étendra sur plusieurs années. De quoi prévoir le déploiement des technologies de la pépite lilloise à l’échelle européenne.
Île-de-France – Powder, une application de partage de clips vidéo pour gamers
La popularité des jeux vidéo et de leur version compétitive – l’eSport – n’est plus à démontrer. Longtemps maladroitement pointé du doigt, le secteur affirme sa légitimité et ouvre de nouveaux marchés. C’est certain, il y a des places à prendre pour les entreprises innovantes. C’est le cas de Powder, une start-up francilienne lancée en 2018 par Christian Navelot, Yannis Mangematin, Stanislas Coppin et Barthélémy Kiss. Leur concept : une solution clés en main par laquelle les gamers enregistrent leurs parties sur n’importe quelle plate-forme (PC, Xbox, Playstation…), histoire d’en partager les meilleurs moments sur les réseaux sociaux (Snapchat, Tiktok, Instagram, Twitter…). La technologie de Powder se cale sur l’intelligence artificielle pour sélectionner automatiquement les meilleurs moments d’une partie. Les utilisateur·rices en tirent des montages rapides directement sur leur smartphone. De quoi faciliter la création et l’entretien d’une communauté. L’application éponyme, disponible depuis avril 2020, compte déjà 1,5 million d’utilisateur·rices. Et l’année 2021 commence sur les chapeaux de roue pour Powder, avec une levée de fonds de 14 millions de dollars. La « caméra des mondes virtuels » a de beaux jours devant elle.
Auvergne-Rhône-Alpes – BeFC, des piles à biocarburants écologiques
Les technologies de batteries et d’alimentation énergétiques sont au cœur de nos industries, de nos quotidiens et de nos besoins. Urgence climatique oblige, il faut désormais développer des sources d’énergies durables pour mettre un frein aux pollutions causées par nos piles actuelles. C’est ce à quoi s’attelle la start-up grenobloise BeFC. Elle développe un nouveau type de piles à biocarburants écologiques. Le défi paraît insensé : créer des piles à base de papier et d’enzyme. Il aura fallu plusieurs années de recherche à l’équipe de Bioenzymatic Fuel Cells (BeFC) pour réussir cet exploit. La solution énergétique durable et écoresponsable, baptisée « cellule bio enzymatique », se compose de plusieurs couches de papiers carbones et cellulose. Et la démarche séduit les investisseurs. Après une première levée de fonds de 3 millions d’euros en juin 2020, la jeune pousse iséroise a participé au CES virtuel de Las Vegas du 11 au 14 janvier, la Mecque de l’innovation technologique. La start-up a de plus été lauréate des CES 2021 Innovation Awards. Avec ses six brevets déposés, BeFC vise la production de 80 000 unités par jour en 2022. Et développe un produit révolutionnaire à plus d’un titre.
Adam Belghiti Alaoui