Reprise, mais quelle région s’en sort le moins mal ?

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Les régions aussi ont « morflé » ! Du rouge au vert, du confinement à la deuxième vague, les territoires sur lesquels compte tant le Premier ministre Castex se sont rangés en ordre de bataille dans un contexte sanitaire et économique inédit. D’autant plus en cette dernière année du mandat régional 2016-2021. Entre progression notable et retard accumulé, les dynamiques régionales sont disparates.

Pays de la Loire, dynamique supérieure

Les régions métropolitaines sont sur la voie de la reprise, la région nantaise est, elle, en très bonne voie. Son activité industrielle est aujourd’hui estimée à 91 % par rapport à l’avant crise, selon la note de conjoncture de la Banque de France, elle dépasse la moyenne nationale de 89 %. Sur le mois de septembre, les chef·fes d’entreprise de la région anticipent un degré d’activité qui se stabilise légèrement en deçà de la moyenne nationale. Les services marchands des Pays de la Loire dépassent les attentes. Sur le mois d’août, leur degré d’activité (99 %) dépasse largement la moyenne nationale (88 %) et place la région en tête des dynamiques du secteur. Il s’agit d’une des seules régions dont les services marchands retrouvent quasiment leur pleine activité d’avant crise. Si la demande intérieure est le moteur de cette reprise soutenue, la demande extérieure continue de s’essouffler comme partout en France. Une conséquence de la crise que subissent moins les Pays de la Loire, région qui ne compte que 4 % d’entreprises exportatrices. La dynamique positive de la région nantaise, huitième territoire en termes de PIB, et son activité industrielle et économique dépassent les moyennes nationales. Elles font des Pays de la Loire un des champions métropolitains de la reprise.

Nouvelle-Aquitaine, dans la moyenne

La plus grande région métropolitaine, qui connaît en cette rentrée 2020 une nouvelle vague de contaminations au virus scrutée de près par les pouvoirs publics, voit un redressement de son économie semblable à la dynamique nationale. Le secteur industriel néoaquitain évalue à 93 % son degré d’activité, au-delà des 89 % de moyenne nationale. Pour les services marchands, même constat, la Nouvelle-Aquitaine dépasse légèrement le national : 89 % contre 88 %. Sur le mois de septembre, ces dynamiques devraient se poursuivre, selon les prévisions de la Banque de France. Une enquête menée par le club ETI de Nouvelle-Aquitaine rappelle toutefois que les temps sont durs : seules 15 % des PME et ETI de la région s’attendent à un chiffre d’affaires comparable à celui de 2019 et 27 % déclarent que la survie de leur activité est en jeu. Reste que, preuve d’une confiance intacte, 92 % des dirigeants conservent un « bon » moral. D’un côté, la reprise économique avance bien et s’inscrit dans la même dynamique que la moyenne nationale, de l’autre la crise sanitaire gagne encore du terrain. La recrudescence inquiétante de l’épidémie dans la région bordelaise, si elle n’est contenue, pourrait mettre à mal la (fragile) reprise économique actuelle.

Occitanie, l’aéronautique lui a coupé les ailes

Le constat se confirme, l’Occitanie est l’une des régions les plus impactées par la crise sanitaire et son contrecoup économique. La région toulousaine, berceau et centre névralgique de l’aéronautique française et européenne, subit comme un crash aérien la crise sans précédent du secteur. Conséquence : une chute jamais vue de l’activité industrielle régionale. Selon les estimations, le CA de l’industrie occitane va reculer de 20,3 % sur l’ensemble de l’année 2020. L’aéronautique, en perdition, subit une chute d’activité de 34,2 %. Au global sur le mois d’août, l’activité industrielle occitane est évaluée par ses chef·fes d’entreprise à 79 % des capacités d’avant crise, loin des 89 % de la moyenne nationale et parmi les plus faibles de métropole. Pour ce qui est des services marchands, si le secteur du transport et de la réparation automobile est parmi les plus dynamiques (104 % d’activité par rapport à l’avant crise), le secteur information et communication est très en retard (71 % d’activité contre 90 % sur le plan national). Au global, les services marchands occitans connaissent une dynamique comparable à la moyenne nationale (86 % contre 88 %). En somme, l’Occitanie, qui compte en « temps normal » parmi les champions régionaux en termes d’activité économique, se retrouve aujourd’hui en queue du peloton, plombé par une filière aéronautique à l’arrêt.

Hauts-de-France, vers l’élan national et au-delà

La région du Nord, territoire le plus touché par le chômage (9,6 % au sens du Bureau international du travail, contre 7,6 % au national), n’est pas en retard pour la reprise. Plus que de se situer dans la moyenne nationale, elle démontre même une dynamique légèrement supérieure. Si, comme pour toutes ses homologues, le redressement de l’activité économique de la région lilloise a été plus modéré en août que lors des semaines qui ont suivi le déconfinement, son industrie et ses services marchands progressent bien. Le secteur industriel des Hauts-de-France atteint un niveau d’activité de 91 % par rapport au degré d’avant crise, il dépasse légèrement la moyenne nationale (91 %). Pour le mois de septembre, les prévisions tablent sur une stabilisation de cette dynamique. Les services marchands de la région connaissent eux aussi une activité légèrement supérieure à la moyenne nationale (89 % contre 88 %), mais cet écart devrait s’accentuer en faveur des Hauts-de-France. La région du Nord, qui pèse 7,3 % du PIB national, présente donc une dynamique globale positive. Reste qu’à court terme, les industriels anticipent un recul de la production, ce que confirme le scénario d’une reprise nationale « en aile d’oiseau », observé par la Banque de France.

Île-de-France, un retour à la « normale » poussif

La première région économique française (31 % du PIB métropolitain, 23 % des emplois, 4,6 % du PIB de l’Union européenne) se relève petit à petit du choc des deux premiers trimestres. Si l’été a vu une progression soutenue de l’économie francilienne, elle marque le pas en cette rentrée. Sur le plan industriel, les chef·fes d’entreprise interrogé·es par la Banque de France pour son enquête de conjoncture mensuelle évaluent à 86 % leur niveau d’activité, par rapport à celui d’avant crise. Un constat qui place l’Île-de-France en dessous de la moyenne nationale (89 %). Pour les services marchands, même son de cloche : le niveau francilien (83 %) est en deçà du niveau national (89 %) : l’Île-de-France est bien la région la plus impactée. En somme, tant dans l’industrie que dans les services marchands, le retour à la « normale » s’annonce plus long et progressif que dans d’autres régions. Mais l’optimisme est permis, les dirigeants d’entreprise anticipent un léger regain de l’activité globale sur le mois de septembre, encore inférieur au sursaut national mais qui s’en rapproche de plus en plus. Sans surprise, le cœur économique français, qui compte plus d’1,1 million d’entreprises et 6,4 millions d’emplois et qui a subi de plein fouet l’effondrement du tourisme et des activités industrielles durant le confinement, a beaucoup de chemin à rattraper.

Auvergne-Rhône-Alpes, redressement soutenu

Lyon et sa région, qui comptent parmi les territoires les plus dynamiques du pays, ont durement subi la crise (78 % des TPE-PME ont vu leur CA baisser au premier trimestre), mais Lyon et sa région sont déjà sur de bons rails pour la reprise. Le redressement de l’activité s’est poursuivi durant l’été, à un rythme légèrement plus élevé qu’attendu. Dans l’industrie, selon la Banque de France, le niveau d’activité se situe à 88 % des capacités d’avant crise, très proche du chiffre national (89 %). Un constat très encourageant, pour la première région industrielle française. Dans les services marchands, la dynamique de l’Auvergne-Rhône-Alpes dépasse même la dynamique nationale, 91 % d’activité contre 88 %. Sur le mois de septembre, le courant d’affaire global devrait se maintenir, pour le troisième mois de suite, et confirmer la bonne dynamique régionale. Néanmoins, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) aurhalpine reste mesurée sur la sortie de la crise. Elle révèle notamment que près de la moitié des TPE-PME anticipent un CA encore en retrait au deuxième semestre, de quoi nuire aux perspectives d’investissement. Reste que 25 % des TPE-PME se disent sorties d’affaire ou ne pas avoir été impactées par la crise. Autre preuve de la dynamique de reprise des entreprises de la région : 25 % d’entre elles ont lancé de nouveaux produits ou prestations à la suite de la crise.

Adam Belghiti Alaoui

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