Club de Business Angels

Le BA, un ami qui vous veut du bien ?
Le BA, un ami qui vous veut du bien ?

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Des anges au bon fond(s) ?

Ils ont investi près de 500M€ depuis quinze ans pour un effet de levier estimé à trois. Regroupés en réseau, les Business Angels cherchent à se renouveler.

Des idées, des entrepreneurs, d’autres entrepreneurs plus expérimentés devenus investisseurs… Sur le « giant poster » de l’investissement en France, des chiffres d’abord : 4500 Business Angels regroupés au sein de 72 réseaux, 415 opérations de financement en 2016, pour 43M€ investis dans l’économie réelle dont plus d’un tiers de refinancement. « Autant de paris sur l’avenir dans la mesure où la durée moyenne de présence dans les projets est aujourd’hui de sept ans (soit deux de plus que l’obligation légale définie par la loi Tepa de 2007 qui permet aux Business Angels de défiscaliser jusqu’à 50% de leurs investissements, NDLR) », explique Benjamin Bréhin, délégué général de France Angels, la fédération, créée en 2001, qui regroupe ces réseaux dont elle a elle-même impulsé huit sur les dix existants. « Nous estimons à 8000 en tout le nombre de Business Angels en France, et nous avons d’ailleurs ouvert la Fédération aux individuels. Le dossier type aujourd’hui se situe autour de 300K€ pour des réseaux organisés géographiquement, par secteurs ou encore ceux des grandes écoles, des Arts et Métiers, d’EM Lyon, d’Harvard… Partout, une constante, un investissement en capital mais aussi personnel, en compétences. »

Les limites des financements traditionnels

Jean-Jacques Fuan, ingénieur et ancien patron de Giffard, une entreprise de fabrication de masques de protection, a fondé Armor Angels en 2007. Il en a assuré la présidence durant sept ans et insiste également sur cette dimension d’accompagnement. « Nous ne sommes pas des philanthropes, nous espérons évidemment un retour sur investissement. Mais le sens premier de l’engagement en tant que Business Angel, c’est une volonté de créer de l’emploi sur des territoires qui souffrent de la désindustrialisation. Une volonté de maintenir une dynamique économique qui s’accompagne d’une prise de risques. Nous avons bu la tasse dans six projets pour 500K€ ici… Mais c’est ce même risque qui m’a convaincu il y a dix ans, alors que j’étais vice président du Réseau Entreprendre, et que je constatais les limites des prêts d’honneur et celles de l’engagement des banques. » En dix ans, 25 levées de fond sur 19 projets pour 6M€ d’investissement. Mais aussi, un accompagnement sur le long terme. C’est un investissement, la possibilité de bénéficier d’un dispositif fiscal, mais il ne peut se faire en s’affranchissant d’un certain esprit et d’une éthique. Clairement, si vous voulez du risque et un retour rapide d’argent, prenez des actions en Bourse, il y a autant de risque mais l’esprit est différent. Dans les Côtes d’Armor comme souvent ailleurs sur le territoire, ces « BA », dont on peut faire partie moyennant un parrainage et une cotisation annuelle de quelques dizaines d’euros, sont paradoxalement confrontés à une insuffisance de projets susceptibles de les séduire.

Co-investir face au manque de projets

En Nouvelle-Aquitaine, la coordination régionale s’organise. Elle prendra notamment la forme d’une plateforme numérique dès ce mois de juin pour que les Girondins de Finaqi, Synergence pour la Charente et les réseaux du Périgord, de l’Adour et du Limousin.

Patricia Rivalier a lancé le dernier il y a dix ans avec une dizaine de chefs d’entreprise dont Jean Pierre Verspieren, figure du groupe Legrand. Elle en est aujourd’hui l’animatrice. « Nous sommes désormais une cinquantaine de membres. Nous avons aidé 60 entreprises pour 10M€ depuis 2007 pour quelques belles réussites comme Ceradrop (Impression 3D, 2,6 M€ de CA en 2015, NDLR). Le financement moyen est de 135000€, avec une fourchette de 50 à 300000€. Mais le Limousin, ce sont seulement trois départements, assez pauvres sur le plan économique puisque nous représentons seulement 1% du PIB national. » Il n’existe donc pas de typologie de projet déterminée. « Nous finançons 30% des projets présentés, contre 3% à Paris, et nous sommes très impliqués dans le refinancement, parfois à trois ou quatre reprises. Il faut des poches profondes ! C’est donc aussi pour cela que la notion de co-investissement, avec les autres réseaux de la région ou les réseaux nationaux (BA des grandes écoles, Femmes Business Angels…) a du sens. C’est aussi pour cela que nous avons signé une convention avec l’agglomération de Saint-Brieuc et avec Investessor à Paris afin d’avoir accès aux dossiers qu’il reçoivent et d’attirer les porteurs de projet dans les Côtes d’Armor », poursuit Patricia Rivalier. Des projets structurants qui devraient bénéficier d’un contexte politique favorable. L’épée de Damoclès au-dessus de la tête concernant les avantages fiscaux, qui avait créé beaucoup d’incertitude en 2012, aurait été délicatement posée au sol avec l’investiture d’Emmanuel Macron.

Olivier Remy

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