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L’occasion fait le larron
Plus de 5 000 salariés issus de 400 entreprises de près de 50 nationalités différentes s’affrontant dans 25 disciplines… Le succès de la seconde édition des Jeux mondiaux du sport d’entreprise, qui se sont tenus à La Baule en mai dernier, témoigne de l’intérêt croissant pour l’activité physique et sportive en entreprise. Source de bien-être et de productivité accrue, elle sert également des stratégies de ressources humaines, voire de RSE ou de networking.
Organisés du 23 au 27 mai dernier à La Baule (en Loire-Atlantique), après une première édition en 2016 à Palma de Majorque en Espagne, les Jeux mondiaux du sport d’entreprise, où l’on a pu apercevoir la ministre des Sports, Laura Flessel, ont fait office de célébration du sport dans tous ses états pour les salariés athlètes et les collaborateurs sportifs. Mais la manifestation sonnait également comme un rappel : alors que les bénéfices, pour les entreprises, de l’activité physique et sportive sont désormais mesurés, peu d’initiatives sont développées en France pour inciter les salariés à quitter quelques instants leur siège de bureau. En effet, selon une enquête de novembre 2017 du ministère des Sports, du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et du Medef, si 87 % des 265 dirigeants interrogés se disent convaincus des « effets positifs » de la pratique sportive sur la compétitivité de leur entreprise, 82 % d’entre eux n’ont toujours pas pris d’initiative pour la favoriser. 34 % estiment que leurs locaux ne sont pas adaptés, 16 % mettent en cause le contexte économique et 19 % précisent manquer des ressources humaines nécessaires pour engager des actions dans le domaine du sport.
Un outil RH important
Bien être, cohésion sociale, diversité, performance… Les bienfaits de telles pratiques sont pourtant connus. Selon une étude de 2015, réalisée par le Medef et le CNOSF, avec le soutien d’AG2R La Mondiale, une personne sédentaire qui se met à pratiquer une activité physique ou sportive en entreprise améliore sa productivité de 6 % à 9 %. La rentabilité nette de l’entreprise progresse de 1 % à 14 % selon le type d’entreprise, la nature de ce qui est proposé aux salariés, l’intensité du sport pratiqué et le nombre de salariés engagés. « Offrir ce type d’opportunité aux collaborateurs a un impact sur leur santé, leur bien-être et leur stress. Cela favorise un meilleur équilibre avec la vie de famille. C’est également un plus dans les relations de travail », liste Eliane Silvi, déléguée générale sport et culture de Generali, qui a créé une cellule dédiée en interne il y a déjà une quinzaine d’années.
« On assiste à une prise de conscience que le sport en entreprise répond à plusieurs enjeux. Une pratique à plusieurs est source de cohésion et de motivation. Cela améliore le bien-être et la productivité. Et cela permet également de réduire les barrières socio-professionnelles. C’est un élément RH important », assure Didier Besseyre, président de la Fédération mondiale du sport d’entreprise, structure organisatrice des deux éditions des Jeux mondiaux. « C’est une manière de voir les gens différemment. Tout le monde est en tenue sportive et il n’y a alors plus de managers et de subordonnés. Les relations prennent une nouvelle forme », témoigne Muriel Rohaut, technicien opérations assurance chez Generali et participante aux Jeux mondiaux en foot en 2016 et en cyclisme en 2018.
Une expérience internationale
Cet enjeu est bien compris des multinationales participantes aux Jeux mondiaux, qui intègrent l’évènement dans leurs stratégies de ressources humaines, de communication, mais aussi, plus récemment, de RSE et de diversité. « Véolia et ses 200 salariés-athlètes, par exemple, est très attentif sur sa sélection aussi bien pour une question de niveau que par rapport à la mixité des territoires », indique Didier Besseyre, rappelant que nombre d’entreprises participent également aux Jeux européens, créés en 1977. « Les grandes entreprises, organisées depuis plus longtemps, sont plus visibles pendant les Jeux européens ou mondiaux, car elles disposent des délégations les plus importantes et récoltent plus de récompenses. Pour autant, elles ne sont pas les seules à concourir », poursuit le président de Fédération mondiale. En effet, parmi les participants aux Jeux mondiaux de La Baule, 50 % étaient issus d’une grande entreprise, 40 % d’une PME et 10 % d’institutions publiques. « Ceux qui viennent du plus loin sont des fonctionnaires de collectivités du Népal », s’amuse l’organisateur. Pour autant, si 50 nationalités étaient représentées, 75 % des participants étaient des Européens. « Ce différentiel correspond à la variété des pratiques et des expériences, explique Didier Besseyre. La Fédération chinoise et ses 400 millions d’adhérents, par exemple, est d’une autre dimension. En Afrique, ce sont les multinationales implantées sur le continent qui organisent la pratique. Sur le continent américain, le Canada se révèle très engagé, tout comme le Mexique. Dans les pays de l’ex-bloc soviétique, les entreprises ont une tradition de financement des clubs sportifs. Cela fait partie de l’ADN social des entreprises. »
Pour les participants, l’expérience reste unique. « Cela fait penser à un mariage : c’est un an de préparation pour un évènement riche en émotion ! C’est une fête que l’on peine à quitter, qui laisse de très bons souvenirs et dont on parle longtemps après », raconte Fabienne Bihan-Arrouet, salariée de la CCI Nantes-Saint-Nazaire et médaillée en course à pied lors des derniers Jeux mondiaux à La Baule. « On rencontre beaucoup de monde sur place, dans un cadre décontracté. Je dialogue encore avec des gens rencontrés là-bas. Et au retour, on suscite beaucoup d’intérêt et de questions ! », se souvient Muriel Ruhaut, qui pense déjà à sa participation aux prochains Jeux dans deux ans à Athènes. Les organisateurs entendent amplifier cette dimension de partage et de réseautage. « On prend conscience depuis deux ou trois ans de l’importance que peut revêtir l’évènement en termes de networking. Si cela ne débouche pas sur la signature de contrats, cela permet de nouer des contacts. Il est toujours plus aisé, après coup, d’entrer en relation avec une entreprise quand on a une connexion en interne. Des réceptions sont déjà organisées en ce sens pendant les Jeux, mais on compte aller plus loin pour les prochaines éditions », assure Didier Besseyre. A bon entendeur.
Elsa Bellanger