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Chasse au trésor(erie)
La préservation du cash et son optimisation sont un enjeu majeur des entreprises, qui sollicitent de plus en plus des sociétés spécialisées pour recouvrer leurs factures, gérer leur poste clients et financer leurs matériels.
2016 a été marquée par une réduction sensible des délais de paiement : les informations apportées par l’Observatoire des délais de paiement montrent en effet qu’au troisième trimestre 2016, le retard de paiement moyen est passé en dessous de 12 jours (à 11,6 jours), alors qu’il atteignait 13,6 jours début 2015. Pour autant, pas de quoi pavoiser. « Un certain nombre d’entreprises continuent de payer en retard, révèle Valérie Kligerman, directrice commerciale de DSOgroup. Pour les justifier, elles invoquent notamment des «litiges techniques», comme la non-conformité de la facture avec leurs process. » Un constat partagé par BNP Paribas Factor. Selon un baromètre réalisé en mars dernier par le cabinet INIT pour le compte de la société d’affacturage, 22% des entreprises ne respecteraient pas les échéances, et ce, malgré la loi LME (Loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008). Ces retards de paiement seraient constatés de manière plus importante de la part des grandes entreprises : 37% d’entre elles ne respecteraient pas les délais de paiement contre 13% des TPE. Dans ce contexte, de plus en plus de sociétés font évoluer leurs pratiques
Une gestion optimisée du poste clients
« Les entreprises ont compris l’importance de l’actif client pour financer l’innovation, mener des opérations de fusions-acquisitions ou encore se développer », souligne Valérie Kligerman. A cette fin, elles entendent notamment gagner en efficacité pour accélérer leurs rentrées de cash, ce qui les incite de plus en plus à externaliser la gestion du poste clients. » Cet intérêt croissant des DAF pour l’optimisation du poste clients s’explique également par la montée en puissance de l’offre. Ces dernières années, les sociétés spécialisées dans le recouvrement de créances comme le Cabinet Arc ou DSOgroup ont modernisé leurs solutions et inventé de nouveaux services. DSOgroup a par exemple mis en place une plateforme de gestion du poste clients plus « collaborative » qui permet de croiser et de consolider les informations (comportements de paiement, score de risque, etc.) provenant des différents partenaires de gestion du poste clients des entreprises. « Accessible à l’ensemble des personnes concernées par la chaîne de facturation, elle favorise la mise en place d’actions pour accélérer les rentrées de cash, en ajustant de manière dynamique une procédure de recouvrement de créances en fonction de l’évolution de l’encours client, de la couverture assurance-crédit ou de son comportement de paiement », explique Valérie Kligerman.
L’affacturage : un levier de croissance
Dans un contexte économique complexe, la bonne gestion du bas de bilan est essentielle. Dès lors, de plus en plus d’entreprises investissent dans la maîtrise de la gestion de leur poste clients via l’affacturage. « Le marché de l’affacturage reste très dynamique en France (+8% en 2016). Il est notamment porté par les opérations de taille significative et l’export, mais aussi par la clientèle des professionnels et PME qui a de plus en plus recours à l’affacturage, se félicite Eugénie Aurange, directrice du développement des marchés et de la communication au sein de Crédit Agricole Leasing & Factoring. En 2017, la croissance semble vouloir se maintenir. Les besoins de trésorerie et de couverture contre les impayés restent importants en France. L’amélioration de la conjoncture économique et le contexte de taux bas soutiennent aussi le marché. » Pour aider à financer la croissance de sa société de conseil en informatique et technologie, Néo-Soft, Laurent Florentin a, dès 2008, choisi l’affacturage. Son délai moyen de paiement est passé de 65 à 53 jours. Fin 2016, et notamment grâce à l’affacturage, l’entreprise avait recruté, depuis, plus de 280 collaborateurs et obtenu un chiffre d’affaires de 58 millions d’euros, en croissance de 15%. « Quand on est en recherche de croissance, il faut se concentrer sur son métier. La priorité est d’aller chercher de nouveaux clients et de mettre son énergie sur ce qui ramène du business. Mieux vaut déléguer la gestion du poste clients ; une tâche qui, pour être efficace, doit être faite à grande échelle par des spécialistes », assure le dirigeant. Pour Bozana Douriez, directrice générale déléguée de BNP Paribas Factor, le succès croissant de l’affacturage s’explique également par le changement de mentalité des dirigeants d’entreprise : « Il y a quelques dizaines d’années, l’affacturage était réservé aux entreprises en difficulté. Aujourd’hui, il s’est largement répandu en tant qu’outil de développement pour toutes les entreprises. C’est même devenu la première source de financement court terme ».
Pour préserver leur cash, les entreprises privilégient enfin de plus en plus le « leasing » (crédit-bail mobilier, immobilier et location avec option d’achat). Les acteurs de ce segment ont vu leur production progresser de 11% en 2016. Le crédit-bail se développe parce qu’il cumule plusieurs avantages. En premier lieu, cela offre la possibilité de disposer d’un matériel performant, neuf ou d’occasion, et facilement renouvelable. Cette solution est également recherchée pour sa souplesse : « Il est possible de moduler la saisonnalité des loyers, la durée du contrat, le montant du premier loyer et l’option d’achat », souligne Maha Sefrioui, responsable marketing de Crédit Agricole Leasing & Factoring. Autre atout du crédit-bail, il préserve la capacité d’emprunt dans la mesure où les matériels financés n’entrent pas dans les immobilisations inscrites au bilan, ce qui réduit l’endettement apparent. « Les montants des loyers leasing sont déclarés dans les charges, ce qui permet de les déduire du résultat imposable et donc d’amortir plus rapidement l’investissement », détaille Maha Sefrioui. Cette solution, très utilisée par les entreprises de toute nature pour financer leur flotte automobile, recueille un succès croissant auprès des secteurs de l’industrie et de la construction. « Nous acquérons essentiellement des véhicules utilitaires mais également du matériel informatique et bureautique, du matériel agro-alimentaire et des machines-outils », conclut Maha Sefrioui.
Pierre-Jean Lepagnot