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Passer le Smic à 1600 euros, c’est le projet du Nouveau Front Populaire qui parie sur une relance par la consommation ; le problème est que 90 % de ce qui est consommé n’est plus fabriqué en France. La France des usines, des ateliers et des fermes est en danger de mort depuis des lustres. Le déficit permanent de notre balance commerciale est le thermomètre de cette funeste réalité. Les politiques publiques de réindustrialisation ont certes freiné la chute de notre économie productive, mais sans pour autant inverser de manière significative la tendance constatée depuis un demi-siècle.
Une France sans usine était le rêve d’une partie du patronat, persuadé de l’intérêt des délocalisations et fondé sur l’idée d’une planète devenue un village. La crise Covid a permis à l’opinion de toucher du doigt la réalité industrielle d’un pays qui ne savait plus fabriquer ni masques, ni respirateurs, ni gel hydroalcoolique.
Chaque jour nous amène son lot de mauvaises surprises : fermeture de la dernière usine française d’eau de javel, mort programmée d’un site producteur d’électronique en Normandie, etc. Ce sont des pertes souvent irréparables de savoir-faire et bien sûr de souveraineté qui nous rend dépendant des autres pour nous approvisionner.
Augmenter le Smic dans de telles proportions a donc un double effet. Mettre en grande difficulté bien des PME et ETI déjà fragiles qui ne pourront pas faire face à cette brutale explosion de leurs charges. Mais cette mesure fera aussi et surtout tourner les usines chinoises qui empocheront les bénéfices de ce surplus de consommation.
Ce qui peut apparaître comme généreux pour les salariés ne fera en réalité qu’accroître notre désindustrialisation.
