Maturité féminine, par Thierry Saussez

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l’événement

C’est l’étude d’EY (Baromètre de l’attractivité de la France) qui, une fois de plus, place la France au premier rang des investissements étrangers en Europe. Elle montre en creux à quel point cette polémique à l’encontre d’Emmanuel Macron, prétendument impliqué dans le scandale imaginaire des « Uberfiles », ressort du ridicule. N’est-ce pas le job d’un ministre de l’Économie que de faciliter provisoirement l’installation d’une entreprise étrangère créatrice de milliers d’emplois (dont le statut précaire va changer). L’effet fut de sortir les taxis parisiens de leur exécrable attitude. Il a réveillé cette profession qui sous l’effet de cette concurrence salutaire a enfin amélioré ses services. Favoriser Uber conduisit à une relocalisation d’activité. Dans la santé, l’énergie, les biotechs où la France prend sa part, le coup de pouce des investissements étrangers sera un plus.

Un autre événement, lié aux femmes dont je parle plus loin, c’est le Pacte parité pour l’égalité des femmes et des hommes dans la frenchtech, lié à la Mission Frenchtech. Le constat est que les femmes sont largement sous-représentées dans les directions de start-up, qu’elles lèvent 4 fois moins de fonds que les hommes. Le monde de demain doit remédier à ce décalage.

 

deux livres

Un des principaux spécialistes français de la psychologie positive, Christophe André, vient de publier un ouvrage un peu long – mais Christophe André est ainsi, il a besoin de temps pour installer ses Consolations, l’ouvrage paru chez L’iconoclaste. Comme président de la Ligue des Optimistes de France, j’ai apprécié la différence qu’il établit entre réconfort et consolation. Si je tombe, on me réconforte, attention utile pour les petites choses, mais pas pour les crises sérieuses. La consolation, plus profonde, exige de l’affection, de l’attention, ce qui nous console nous détourne de la peine, elle ouvre sur l’action commune et partagée et enfin elle exige l’acceptation.

Gérer une crise, accepter une difficulté, c’est reconnaître qu’elle a eu lieu, c’est tourner autour et passer à l’action. L’autre livre que j’ai beaucoup aimé est celui d’Annick Cojean, grande reportrice au Monde. Elle a dressé le portrait de 34 femmes très différentes en partant du fil conducteur « nous ne serions pas arrivées là, si… ». Elle nous propose d’aller à la rencontre de ces femmes toutes plus singulières et passionnantes les unes que les autres. Le livre, Nous ne serions pas arrivées là si… n’en finit pas de s’enrichir depuis sa première parution en 2018, le recueil de ses interviews. Par quel hasard, volonté ou révolte leurs vies se sont construites.

Annick Cojean ajoute à ces femmes singulières Isabelle Autissier, Yasmina Reza, Isabella Rossellini, Mona Ozouf, Laure Adler, Gisèle Halimi, Christine & the Queens, Céline Sciamma, Nancy Huston, Françoise Hardy, Caroline Fourest, Gloria Steinem, Isabelle Carré, Barbara Hendricks, Clémentine Autain, Agnès Jaoui, Anne Sylvestre, Maryse Condé, Marjane Satrapi, Cécile de France, Élisabeth de Fontenay, Rossy de Palma, Melody Gardot, Simone Schwarz- Bart, Line Renaud, Clara Luciani, Leymah Gbowee, Karine Lacombe, Roxana Maracineanu, Djaïli Am. Passionnant, souvent, et parfois bouleversant. Toutes ces leçons nous parlent. Pourquoi et comment les femmes dans une société machiste ont « fait leur trou » et réussi leurs vies.

 

une personnalité

Élisabeth Borne me semble assez révélatrice du regard que l’on commence à porter sur elle. Elle est une femme aux responsabilités essentielles à laquelle on prête peu de charisme et que l’on affecte de croire un peu ennuyeuse. En réalité, on s’aperçoit qu’elle peut tout à fait dans des conditions de crise être la femme dont le pays a besoin au bon endroit et au bon moment. Les jeunes filles, constate-t-on, sont en avance sur les garçons, et ce décalage est censé s’annihiler plus tard. Je me le demande. N’est-ce pas le cas spectaculaire du temps des femmes ?

Elles qui déploient des qualités positives comme la tempérance, une valeur clé de l’optimisme, qui consiste à ne jamais se laisser emporter par ses émotions négatives ou positives, essayer de trouver une voie. Élisabeth Borne ne manque pas de courage dans ce monde résolument machiste où les Mélenchon, les Garrido, les Panot, les Le Pen multiplient les attaques qu’il et elles n’ont jamais proférées à l’encontre d’un Premier ministre. Élisabeth Borne pourrait nous faire la surprise d’instituer un leadership féminin, mais avec ce rien d’humilité qui manque à d’autres…

 

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