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S’il revient au pouvoir, Donald Trump compte bousculer les habitudes dès le premier jour de son mandat. Une mesure économique aux airs de bâton de dynamite pourrait être dégainée.
Que se passerait-il si les États-Unis d’Amérique mettaient en place un droit de douane généralisé de 10 % sur tous les produits importés dans le pays ? Donald Trump est prêt à tenter l’expérience.
Dans le duel Biden/Trump qui agite la politique états-unienne, on parle de tout, sauf des programmes. Quelle importance, puisque les électeurs, qu’ils choisissent l’octogénaire démocrate sénile ou le milliardaire républicain incontrôlable, voteront en réalité surtout contre l’autre candidat. On verra en novembre qui des deux est le moins détesté. Pour l’heure, c’est le Républicain qui est en tête dans les sondages.
Le risque de relancer l’inflation
Une chose est certaine, Donald Trump entend mettre en place un programme économique particulièrement iconoclaste. Un étrange mélange de libéralisme et de protectionnisme. Première mesure particulièrement lourde de conséquence et qui pourrait être prise par décret, dès le premier jour de son retour à la Maison-Blanche : un droit de douane généralisé fixé à 10 %. Donald Trump, qui fut dit-on très marqué par l’invasion des produits japonais sur le marché américain dans les années 1980, entend ainsi mettre un terme au made in China généralisé.
Principal risque d’une telle mesure pour l’économie mondiale : relancer l’inflation, dont on sait qu’elle constitue le principal effet négatif du protectionnisme.
L’Allemagne dans le viseur de Trump
Cela ne sera pas sans conséquence pour l’Europe. Les États-Unis d’Amérique (EUA) constituent le premier excédent commercial de Berlin (+ 60 milliards) notamment grâce à l’automobile et à l’ensemble du secteur industriel rhénan. Trump a indiqué à maintes reprises qu’un tel avantage allemand sur son économie lui paraissait insupportable. On se souvient de la considérable distance qu’il avait affichée avec Angela Merkel, à laquelle il refusa une poignée de main, n’hésitant pas, plus tard, à l’humilier en public. Aujourd’hui, Berlin et son relais naturel, Bruxelles, sont donc dans les transes à l’idée de voir revenir au pouvoir celui qui fut leur pire ennemi. D’autant que Donald Trump a d’ores et déjà annoncé vouloir se désengager de l’Otan. Et que serait l’Allemagne sans le parapluie américain sous lequel elle se love ? Pratiquement plus rien.
Disons-le, la France aurait peut-être beaucoup à gagner d’un retrait de l’Otan, qui lui permettrait finalement de pousser sa vieille idée de « défense européenne » et de retrouver sa voix d’indépendance. Disons-le aussi, un droit de douane généralisé de 10 % nous serait très préjudiciable. « Macron, vous connaissez Macron ? C’est un type très gentil, vraiment très gentil », plaisantait Trump dans un récent meeting.
Macron pourrait-il pâtir d’une présidence Trump II ?
L’homme aux mèches blondes racontait une ancienne discussion avec le président français, lequel imaginait à l’époque mettre en place un « protectionnisme européen » aux contours terriblement flous. On parlait alors beaucoup d’une éventuelle « taxe Gafa », promise à qui mieux mieux par Bruno Le Maire et jamais mise en place.
Trump n’hésita pas à menacer son interlocuteur élyséen, revenant à ses anciennes méthodes de tycoon de la finance : « J’ai entendu dire que vous alliez faire payer 25 % aux entreprises américaines pour qu’elles fassent des affaires au Mexique. Eh bien vous feriez mieux de l’annuler parce que si vous ne l’annulez pas, vous allez payer des droits de douane de 100 % sur tous les vins et champagnes expédiés aux États-Unis à partir de ce soir ».
N’oublions pas que le leader républicain entretient avec Emmanuel Macron une relation étrange… Le FBI retrouva ainsi lors d’une perquisition dans la résidence trumpienne de Mar-a-Lago (Floride) un dossier « top secret » consacré au « president of France ». Pourquoi l’ancien président l’avait-il emporté en cachette en quittant la Maison-Blanche ?
Citons enfin ce mot de Donald Trump, prononcé en décembre 2023 à New York. « J’ai dit que je voulais être un dictateur pendant un jour. Vous savez pourquoi je voulais être un dictateur ? Parce que je veux un mur [à la frontière mexicaine, ndlr] et je veux forer, forer, forer ». Sous-entendu, du pétrole.