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Et les millenials, qu’en disent-ils ? Toute une génération de transition, élevée par des parents de l’âge inégalitaire, vont affronter une société sans doute engagée dans la parité coûte que coûte. Entre détermination à faire évoluer les mentalités et confrontation aux discriminations genrées, ils s’apprêtent à se confronter à leur futur professionnel.
Donc, le ministère du Travail et le secrétariat chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes se sont fixés un objectif ambitieux : supprimer cet écart de 9 % à poste égal entre hommes et femmes au terme du quinquennat Macron. Le combat continue et les jeunes en sont (18-30 ans). Cette nouvelle génération, en pleines études ou récemment insérée sur le marché du travail, pourrait incarner celle de la conquête de l’équité réelle entre les « travailleurs », qu’importe leur sexe.
Comment cette jeune garde appréhende-t-elle son futur et quelles visions se forge-t-elle des inégalités que doivent subir les femmes ? Nous nous sommes livrés à un « micro-amphi », certes sans portée statistique, au sein d’une école de commerce et de communication. Quelques étudiantes et étudiants, âgés de 22 à 29 ans, nous livrent leurs perceptions. Aucune surprise : pas le moindre écho provocateur face à nos questions, tous et toutes estiment cette fameuse égalité au travail indispensable.
Les reflets d’une société patriarcale
92 % des 18-30 ans estiment que le sexisme est une question sociétale et 78 % disent le combattre (sondage Opinion Way). Les étudiants interrogés par nos soins ne dérogent pas à la règle. Unanimement, ils dénoncent les différences de traitement et les inégalités que les femmes doivent subir dans leur espace professionnel. Scarlett, 29 ans, distingue trois points de discrimination : « Une inégalité des salaires injuste et injustifiable, la quasi-inexistence de femmes à des postes de direction et enfin le harcèlement moral voire sexuel qu’elles peuvent subir. » Si certains notent des évolutions positives récentes, la différenciation selon le sexe demeure pour tous une préoccupation et une source de grief. « Entre la différence de salaire, la différence de représentation et le harcèlement quotidien, honnêtement je me dis que j’aurais mieux fait de naître homme », lâche même Jade, étudiante de 22 ans.
Les écarts de rémunération, à moyens ou à responsabilités équivalentes, découlent, d’après Alan, 22 ans, « d’une vision patriarcale encore trop présente dans notre société et dans les mentalités ». Un patriarcat qui a trop duré aux yeux de nos jeunes étudiants et limite leur pleine émancipation. Beaucoup dénoncent la surreprésentation masculine au sein des classes dirigeantes et les efforts supplémentaires que doivent consentir les femmes pour décrocher des postes et des salaires, plus facilement accessibles pour les hommes, malgré des compétences équivalentes. « À expérience égale ou similaire, niveau d’étude égal ou similaire, un homme et une femme devraient toucher un salaire égale ou similaire », résume Pauline, 25 ans. Ça paraît simple et c’est si compliqué.
La route est longue
Pourquoi donc l’égale rémunération n’est-elle pas respectée par les entreprises ? La loi sur l’égalité salariale remonte pourtant à 1972. Inscrite dans le Code du travail, elle dispose : « Tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes. » Toujours le même écueil. Entre loi, application et mentalité, les liens sont ténus… « Plus de quarante ans après le vote de la loi à travail égal, salaire égal, elle n’est toujours pas respectée », rappelle Jade. En cause, aux yeux des étudiants interrogés, un manque de contraintes et de sanctions à l’encontre des entreprises qui transgressent les principes d’équité. En somme, sans renversement des mentalités, les mesures de l’État seront insuffisantes aux yeux de notre génération Y.
La grande majorité des étudiantes interrogées montrent une inquiétude pour leur future carrière. Pour Scarlett, « le monde du travail est plus dur avec les femmes, des murs sont à franchir, ceux des rapports humains en premier lieu. » Malgré tout, la volonté de s’opposer aux différentiations est intacte, à l’instar d’Alice, 21 ans : « Si je suis freinée en raison de mon sexe ou si j’ai un patron sexiste, je partirai sans hésitation, en claquant la porte. »
D’une même voix, toutes/tous l’affirment : la non-différenciation au travail entre femmes et hommes est essentielle et les efforts doivent perdurer. Un état d’esprit résumé par Alan : « L’égalitarisme doit être l’objectif de chacun, que ce soit sur les salaires, les traitements, les droits ou tout autre sujet. » Seule certitude, le chemin est encore long, comme l’exprime Pauline, non sans ironie : « En France nous avançons certes, mais bien doucement. Je pense donc que l’égalité parfaite entre les hommes et les femmes sera atteinte en l’an… 2387 ! » Et optimiste par-dessus le marché !
Adam Belghiti Alaoui
Au Sommaire du dossier
1. Inégalité hommes-femmes en entreprise, le grand défi