Stress au travail, Franciliens vs Aquitains : 0-1

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La qualité de vie au travail est l’une des questions du marché de l’emploi qui ont le vent en poupe. Tout compte fait, les Franciliens ne seraient pas si mal lotis. Un focus qui devrait faire causer.

On en apprend tous les jours ! Mais les a priori – ou les images d’Épinal – prennent parfois du plomb dans l’aile. Et c’est le cas avec cette enquête signée ADP (Automatic Data Processing), pionnier et leader mondial des solutions de gestion du capital humain. Sa dernière livraison, The workforce view in Europe 2019, balaie tous les enjeux du marché de l’emploi : l’égalité salariale homme et femme, le pouvoir d’attraction – ou pas – du statut d’indépendant, les nouvelles organisations du travail, les envies d’évoluer en dehors des frontières… Et dans ce bric-à-brac managérial fourni de 32 pages, figure aussi la qualité de vie au travail. Un sujet plus que jamais d’actualité en France où la 16e édition de la semaine de la QVT – bien sûr Qualité de vie au travail – s’est tenue du 17 au 21 juin. Seize éditions pour passer du stade de la « cerise sur le gâteau » à une démarche banale, quotidienne. Le message a été relayé mieux que jamais en 2019, mais il y a encore du boulot !

Heureux comme Dieu chez les Néerlandais !

Naguère, Dieu était heureux en France, comme disaient les Allemands. C’est aux Pays-Bas que la divinité jouit désormais des meilleures conditions de travail. 10 585 salariés ont été sondés à cette occasion en Europe, dont 1 410 en France. Et leurs réponses bousculent les schémas établis. L’Allemagne, souvent citée en parangon de vertu économique, voit son image écornée. L’hexagone se place ainsi à la 3e place des pays européens où les salariés se sentent stressés au quotidien, derrière donc l’Allemagne (20 %) et la Pologne (25 %). 31 % des Français pensent que leur employeur ne s’intéresse pas du tout à leur bien-être psychologique et 41 % affirment que leur intérêt n’est que superficiel. Dans l’un et l’autre cas, le taux est largement supérieur à la moyenne européenne. Une avalanche de statistiques peu réjouissantes. Mais, à quelques kilomètres, nos voisins néerlandais sont, eux, 22 % à confier ne jamais subir de stress. Heureux Bataves ! Voilà pour les enseignements macro-économiques.

La province en tête du stress

Le RER A bondé, la ligne B en perpétuels travaux, les « conf call » à 18 h 30, le charme de l’open space ou du flex office – comprenez « sans bureau fixe » –, propre aux grosses entreprises ou aux sièges sociaux de Neuilly-sur-Seine, La Défense ou maintenant Saint-Ouen… tout cela pèserait bien peu, finalement. Que dit l’étude ? En France, contrairement aux idées reçues, les Franciliens ne sont pas les plus stressés au travail : ce sont tout d’abord les habitants du Sud-Ouest (24 %) puis de la région Centre (22 %) qui critiquent le plus leurs conditions de travail, avant l’Île–de–France (20 %). En comparaison, le mal-être au travail semble moins important dans l’Ouest et le Nord de la France, avec 16 % des interrogés à se déclarer quotidiennement stressés au travail. So what? « Ça s’explique, indique Delphine Douetteau, manager talent management chez ADP. Les grandes entreprises disposent de ressources pour prendre en main le stress au quotidien en proposant des aménagements pour combattre le mal-être. Elles mettent en place des améliorations. Si, en région, le stress va paraître moindre a priori, un salarié risque de se sentir “coincé” face à un manager qui n’est pas bienveillant, par exemple. La situation devient alors plus lourde à gérer. » Mais Delphine Douetteau n’en reste pas au constat négatif. Elle affiche même un certain optimisme pour l’avenir. « Les écoles se sont emparées de la thématique des risques pour la santé mentale, physique et sociale, affirme-t-elle. Certaines business schools en ont fait l’objet de chaire académique – ndlr, c’est le cas à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Grenoble. On peut ainsi espérer que les jeunes poussent les entreprises à bouger en ce sens. Il le faut. Mais l’on doit s’interroger sur la racine du stress. »

D’après – toujours – l’étude The work force view in Europe 2019, le stress varie selon le secteur d’activité choisi. Les salariés les plus exposés exercent dans les services et la finance (26 %), les arts et la culture (23 %) ainsi que l’éducation (22 %). Des secteurs aux images de marque très différentes. Le point commun ? Le manager. Le mauvais manager. Pour Delphine Douetteau, « c’est la clé du stress, et donc de la non-performance en entreprise ». Les managers franciliens seraient-ils plus vertueux ?

Murielle Wolski

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